La veuve de Pravin Kanakiah a été entendue comme témoin dans le cadre de l’enquête judiciaire initiée sur le décès de son époux. L’ex-fonctionnaire avait perdu la vie dans des circonstances douteuses. Son cadavre avait été retrouvé le 11 décembre 2020 à Gris-Gris. Ce vendredi, Reshmee Appadoo Kanakiah (RK)a remis en question une déposition qu’elle a consignée à la police, portant sa signature. Elle répondait aux interrogations du représentant du bureau du DPP, Me Damodar Bissessur (DB).
DB : Après avoir effectué l’identification du cadavre de votre mari, vous aviez donné une déclaration à la police au poste de police à 14:45. Dans cette déclaration, vous dites que vous êtes d’accord qu’il s’agit bien de Pravin Kanakiah. Vous pourriez vérifier la signature ?
(Elle constate de visu le document et affirme qu’il s’agit bien de la sienne)
Le représentant du DPP poursuit : Vous dîtes : Mwa mo panse ki personn pann fer li mesanste e li finn met fin a so lavi akoz presion ki li pe sibir dan so travay.
La veuve de Pravind Kanakiah répond brusquement : Zame mo’nn dir sa !
Damodar Bissessur poursuit : Souvan de fwa, mo misie inn dir ki li pa anvi transfer
RK : Zame monn dir sa!
DB : Reconnaissez-vous votre signature ?
RK : Oui. Mais pas ces propos. D’ailleurs, mon frère se trouvait à mes côtés au moment des faits et je me souviens que la police mettait l’emphase sur l’état de santé de mon mari
DB : Quand le policier a écrit la déposition, vous l’aviez lu ?
RK : À ce moment, je venais de procéder à l’identification de son cadavre. Je ne me souviens pas de ce qui s’était passé. Mais, je sais que je n’ai jamais tenu de tels propos. Mon frère se trouvait à mes côtés à ce moment et le policier mettait l’emphase sur l’état de santé de mon mari.
DB : Votre frère aussi a consigné une déclaration au poste de police. Il a dit : Mo pa panse ki dimounn fi’nn kapav fer li mesanste parski li ti touzour an bon term ar fami ek dimounn dan landrwa. Vous êtes d’accord ?
RK : Je ne me souviens pas de ce qu’a dit mon frère parce qu’après avoir consigné ma déclaration, je suis allée rejoindre ma sœur et mon beau-frère.
La magistrate Ameerah Dhunoo devait alors intervenir en demandant : ces deux déclarations, ont-elles été enregistrées par le même policier ?
DB : Oui. Le Sergent de police Kisoondoyal
Par ailleurs, la veille de la disparition de son époux, Reshmee Appadoo Kanakiah a expliqué qu’il a reçu un appel « depi enn gran madam ».
Ne voulant pas s’appesantir sur le sujet, il a changé de conversation, a-t-elle expliqué tout en ajoutant qu’il ne souhaitait plus travailler là-bas à cause des malversations sur l’achat des masques.
DB : Vous dîtes qu’il subissait des pressions. Mais de qui ?
RK : Il travaillait au head office, mais était aussi affecté à Réduit. Et c’était difficile de gérer, car il devait faire deux travails à la fois. Et il subissait des pressions du Head Office et de la GAD parce qu’il s’occupait des acquisitions et de gérer l’entrepôt.
DB : Concernant cette affaire, vous avez consigné plusieurs déclarations, soient à la MCIT ou encore au poste de police de Souillac. Pourquoi ne pas avoir mentionné cet appel reçu depuis « gran madam » le 9 décembre 2020 ?
RK : J’en avais parlé à Me Valayden. Et il a affirmé que la façon dont la police nous traite, lorsque je vois aussi comment il y a eu un cover-up dans l’affaire Kistnen, je suis encore jeune et j’ai un bébé, j’ai attendu un peu et j’ai préféré ne rien dénoncer pour le moment.
Reshmee Appadoo Kanakiah a également affirmé qu’elle a subi des intimidations de la part de la police. D’abord, elle a expliqué qu’un policier a refusé de prendre sa déposition pour une demande de contre-autopsie. Ensuite, elle dit avoir été emmenée dans un véhicule de police « pou al pran inpe ler ». Mais après avoir insisté, ils l’ont ramené à la morgue. Cet incident a alors été rapporté à la MCIT le même jour (le 12 décembre 2020). Le témoin dit avoir également rapporté le cas au Station Manager du poste de police de Plaine Magnien qui lui a assuré qu’elle pourrait aller de l’avant.
La prochaine séance est fixée à lundi après-midi.