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MEURTRE DE STACEY HENRISSON: Le quitte ou double de Béatrice Sookur

Quatre semaines après le meurtre de sang-froid de Stacey Henrisson, 16 ans, par son beau-père, Jayraj Sookur, 49 ans, Master Healer de Bonne-Mère, Flacq, le mobile du crime a été établi Beyond Reasonable Doubt. Deux suspects principaux, le dénommé Jayraj Sookur et son complice Ramdassen Tany, appréhendés et placés en détention provisoire. Cinq autres suspects, dont la notaire Farzannah Boolakee, épinglés par le CID de la Western Division pour le délit de Possession of Stolen Property (recel) vu que des meubles et autres outils ont été récupérés à leur domicile. Toutefois la zone d’ombre qui attend d’être élucidée de manière formelle concerne l’épouse du meurtrier présumé et mère de la victime, Béatrice Rouillon-Sookur.
Tout semble indiquer que la mère de Stacey Henrisson ne pourra échapper à un interrogatoire serré dans les prochains jours après le rendez-vous reporté de vendredi matin aux Police Headquarters de Rose-Hill. A hier matin, aucune indication n’avait encore filtré quant au programme de travail du chef enquêteur, l’assistant-surintendant de police Daniel Monvoisin, et de ses deux plus proches collaborateurs, les inspecteurs Quenette et Boilu.
Il n’est pas à écarter que ce rendez-vous capital soit fixé definitivement après les prochaines funérailles de Stacey Henrisson. Une décision pourrait être entérinée mardi, lors d’une audition devant le juge Benjamin Joseph siégeant en référé en Cour suprême. Après cette étape, il faudra s’attendre à voir les limiers de la police mettre les bouchées doubles pour compléter cette enquête qui a démarré il y a trois semaines avec la découverte de la dépouille à un stade avancé de décomposition de Stacey Henrisson, à une dizaine de mètres de profondeur, dans un ravin à Plaine-Champagne.
« Nous n’avons aucune idée quand interviendra cette nouvelle séance d’interrogatoire. Ma cliente, Béatrice Sookur, est très affectée avec ces événements dramatiques. Il ne faut pas oublier que c’est une mère qui a perdu sa fille dans des circonstances inimaginables. Elle n’a jamais su ce qui se passait. Elle était complètement dans le noir », a déclaré, hier matin, à Week-End, Me Germain Wong Yuen Kook, dont les services ont été retenus conjointement avec Me Nadeem Hyderkhan par la mère de Stacey Henrisson.
Les recoupements d’informations effectués par Week-End de sources concordantes indiquent que les prochaines séances d’interrogatoire risquent de ne pas être de tout repos pour Béatrice Rouillon-Sookur. Celle-ci sera confrontée à une série de contradictions majeures, dont les éléments de réponses détermineront l’issue de l’enquête en ce qui la concerne. Le chef-enquêteur de la police a déjà établi une ligne de communications avec le Director’s of Public Prosecution’s Office en vue de « clear any legal impediment » susceptible de faire gêner la progression de l’exercice.
Au cas où les limiers du CID de la Western Division, dans un souci de confondre Béatrice Rouillon-Sookur, décident de s’attaquer au vif du sujet, soit les raisons et le déroulement du voyage effectué en Inde du 2 avril au 3 mai en compagnie de Stacey Henrisson et de Jayraj Sookur, la partie risque d’être extrêmement compromettante pour la principale intéressée.
L’une des premières contradictions susceptibles de remonter à la surface traite de la raison de ce déplacement. Jusqu’ici, Béatrice Rouillon-Sookur affirme qu’elle s’est rendue en Inde en vue de se faire soigner. D’ailleurs, c’est l’une des raisons avancées pour justifier le prolongement du séjour de la mère de Stacey Henrisson au-delà du 3 mai dernier quand Jayraj Sookur esr rentrée à Maurice en compagnie de la victime.
Toutefois, dans un affidavit juré le 25 mai, Margaret Rouillon, née Waterstone, âgée de 59 ans, avance une autre version. Au paragraphe 17 de ce document déposé devant le juge Benjamin Joseph, la grand-mère de Stacey Henrisson soutient que « she met Béatrice Rouillon on the day she departed to India to inform her that she was taking Stacey to India to cure her from an evil curse. She further avers that she tried to convince Béatrice Rouillon-Sookur not to take Stacey for such a reason, but in vain ».
Si les hommes de l’ASP Monvoisin accréditent la thèse de Margaret Rouillon, l’épouse de Jayraj Sookur devra se retrouver en mauvaise posture d’autant plus que ces mêmes enquêteurs l’attendent de pied ferme sur tous les détails des déplacements et des endroits visités en Inde entre le 2 avril et le 3 mai. La nature de la maladie de la mère et les traitements prodigués sont également d’intérêt majeur pour l’enquête. Ils sont déjà en présence de détails fournis en partie par Jayraj Sookur en personne ou encore obtenus par d’autres moyens.
Un autre volet du voyage concerne le financement de ce voyage en Inde pour au moins deux adultes et deux adolescentes, âgées de 16 et 13 ans, et d’un enfant de 6 ans. Les premières informations disponibles tendent à confirmer qu’un budget de Rs 700,000 avait été consacré à cet effet. Les sources financières seront passées au crible lors de cet interrogatoire d’autant plus qu’une somme de l’ordre de Rs 400,000 aurait été retirée des comptes bancaires de Stacey Henrisson à son insu. Les enquêteurs comptent obtenir des relevés des comptes bancaires concernés en suivant les procédures établies par le Banking Act.
Le hic dans ce volet traitant des affaires financières de Stacey Henrisson est que Béatrice Sookur-Henrisson, qui était divorcée de son premier époux, Wills Henrisson, avait joué à l’ignorante innocente. D’ailleurs, dans un affidavit déposé devant le Senior Puisne Judge, Keshoe Prasand Matadeen, elle avait souvenu que « I have reasons to believe that the late James Wills Henrisson had various bank accounts with the Mauritius Commercial Bank Ltd, the Barclays Bank Ltd, the State Bank of Mauritius Ltd, the Banque des Mascareignes, but I am not aware of the details of these bank accounts. I have also reason to believe that there are substantial amount in these bank accounts. He has also a joint account with Bhavic Ramful and late Mrs Phoebe Donze with one of the banks mentioned ».
L’enquête policière devra déterminer à quel moment entre le début de novembre 2011 et la date à laquelle ces retraits bancaires ont été effectués pour financer le voyage en Inde, Béatrice Rouillon-Sookur a été informée de l’existence de tous les comptes bancaires, du montant de chacun et par qui elle a été « briefed » complètement sur l’héritage de sa fille de son premier mariage.
Des informations en possession de la police confirment le fait que depuis le début de cette année, les pressions exercées par Jayraj Sookur en présence de Béatrice Rouillon-Sookur sur la jeune Stacey Henrisson étaient devenues insoutenables. Malgré le fait que la jeune fille avait objecté à leurs demandes en affirmant contre vents et marées que « jamais je ne signerai quoi que ce soit pour vendre ma maison », ils étaient revenus à la charge par le truchement de contacts établis avec des agences immobilières dans le Nord pour la vente du complexe commercial et résidentiel de Pointe-aux-Canonniers.
D’ailleurs, en janvier, sur les conseils de certaines personnes de confiance, Stacey Henrisson était partie consigner une déposition au sujet de ces menaces et actes d’intimidation au poste de police de Flacq. Depuis, la jeune fille, fréquantant le Lycée des Mascareignes, vivait dans la peur de représailles de la part de son beau-père. Cette séquence d’événements fait que la mère devra changer son fusil d’épaule en ce qui concerne l’ignorance de la maltraitance systématique dont sa fille faisait l’objet depuis la mort de son père, le 18 octobre 2011.
Un autre épisode de cette affaire, qui pourrait être retenu à charge contre la mère de Stacey Henrisson, relève du pillage systématique du patrimoine familial des Henrisson. Le 4 novembre 2011, par le truchement de Me Raouf Jaddoo, avocat, et de S. B. Jaddoo, avouée, elle avait obtenu, suite à un ordre de magistrat, que des scellés soient apposés sur les portes d’accès de tout le complexe de Pointe-aux-Canonniers. Tout semble indiquer que ces scellés étaient un paravent pour des abus planifiés.
De son vivant, Stacey Henrisson avait dénoncé son beau-père dans cette affaire de faux scellés. Un soir, Jayraj Sookur était rentré à Bonne-Mère en ramenant une photo de Wills Henrisson pour la jeune fille. En principe, cette photo se trouvait placée sur un des grands miroirs se trouvant à Pointe-aux-Canonniers et personne ne pouvait y avoir accès en raison de l’ordre du tribunal de Pamplemousses.
« Comment as-tu pu ramener cette photo alors qu’il y a des scellés sur la maison? », avait demandé Stacey Henrisson avec justesse en présence d’autres membres de la famille. Mais le pire était que le complexe résidentiel et commercial de Pointe-aux-Canonniers avait été pris en charge par le tandem Jayraj Sookur et Ramdassen Tany, surtout celui-ci se comportant en tant que priopriétaire. Ils disposaient des meubles, des équipements électroménagers et des outils sophistiqués de l’atelier comme bon leur semblait.
Le chef enquêteur Monvoisin et des membres de son escouade, qui se trouvaient à Pointe-aux-Canonniers en fin de semaine, ont obtenu confirmation de cette prise de contrôle effective. « Le bras de Jayraj Sookur, le dénommé Ramdassen Tany, était souvent accompagné de gros bras de la région quand il descendait sur la propriété. Pour prouver qu’il était bien le propriétaire, il assurait la paie du gardien. Pendant plusieurs nuits, Ramdassen Tany, le beau-frère de Jayraj Sookur, Gyan Kudawoo, étaient venus à Pointe-aux-Canonniers pour dévaliser la maison et pour embarquer des meubles et autres choses », ont fait comprendre des voisins à la police, vendredi.
En tout cas, Béatrice Rouillon-Sookur devra jouer son va-tout pour convaincre les limiers du CID de la Western Division que « I, as the mother and legal administratrix of the said Jessica Winny Stacey Henrisson, will look after and give her all the care and attention she requires. In fact, she needs my constant care and affection ».
Cette phrase, extraite de l’affidavit rédigé par Mme S. B. Jaddoo (avouée) et juré par Béatrice Rouillon-Sookur à peine huit jours après la mort de Wills Henrission, pèsera très lourd quand elle sera confrontée au fait que du samedi 5 mai jusqu’au vendredi 18 mai, elle était restée sans nouvelle des wherabouts de sa fille, portée manquante et jetée dans un ravin  alors qu’elle voulait « protect the interests of the minor child and safeguard her rights and the business of late James Wills Henrisson ».
 

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