Le sourire chaleureux de Mantee Seerauj, 62 ans, les mains expertes de Purnima Jugessur, 42 ans, et le cœur généreux de Sunita Hosany, 50 ans, comme décrites par leurs proches, étaient prêtes à accueillir les pèlerins de Maha Shivaratree. Mardi dernier, sur l’aire de stationnement du supermarché Family à D’Epinay, ces trois bénévoles d’une même famille se tenaient sous une tente, quand leur destin a basculé en quelques secondes.
Une voiture, lancée à une vitesse folle, a surgi, fauchant ces trois femmes avant de se renverser sur le parking du supermarché. Mantee, Purnima et Sunita, trois piliers d’une même famille, gisent désormais sur des lits d’hôpital, leurs vies suspendues à un fil.
Vishal Jugessur, le mari de Purnima et le frère de Sunita, peine à contenir sa tristesse. Sa voix, brisée par l’émotion, raconte le calvaire de ses proches. Purnima, son épouse, a subi une opération de la cheville, son corps portant les stigmates de multiples fractures. Une nouvelle intervention chirurgicale est prévue pour son bras, mais la souffrance ne la quitte pas. Sunita, sa sœur, lutte également contre de graves blessures, son poumon ayant été touché. À hier, les deux femmes étaient toujours admises à l’unité des soins intensifs de l’hôpital de Pamplemousses. Mantee, sa tante, a été opérée des mains, son corps portant les traces de l’impact violent, a quant à elle déjà été transférée en salle.
« Mo madam ankor dan soufrans, li ena boukou fraktir lor so lekor », confie Vishal, sa propre main portant les séquelles de l’accident. Le quadragénaire s’est fracturé un doigt en portant secours à ses proches. « Mo madam, mo ser, mo Morsi, tou dan lopital li na pa fasil ditou. » Les mots se bousculent, les souvenirs affluent. Vishal se rappelle cet instant où il s’est absenté pour chercher du lait pour préparer du alouda, laissant ses proches sous la tente. « Mo trouv loto-la pase ek vites. Mo garson ousi inn trouve. Li fons dan nou prela. Mo madam, mo ser, mo morsi nek anvole », sanglote-t-il, revivant l’horreur de la scène.
Aujourd’hui, Vishal se retrouve seul, démuni, face à un avenir incertain. Son usine a fermé depuis le début de l’année, son épouse était le pilier financier de la famille, et son fils étudie à l’université. Comment subvenir à leurs besoins ? L’injustice le ronge, la colère gronde. Comment un conducteur sans permis, un récidiviste connu des services de police, a-t-il pu causer tant de mal ? s’interroge-t-il. « Dimoun ki’nn donn li loto-la ousi bisin pey pou sa », clame-t-il, exigeant que justice soit faite.
Dans ce tumulte de douleur et d’incertitude, Vishal salue l’initiative du Premier ministre, Navin Ramgoolam qui, dans une déclaration à la presse, a annoncé que les véhicules dont les conducteurs sont pris en possession de drogue ou sous l’influence de l’alcool seront désormais saisis. Malgré sa souffrance, Vishal espère que ce drame servira de leçon et que plus jamais une famille ne sera brisée par un acte d’irresponsabilité.
L’enquête a révélé que le conducteur, Dhumeshwar Sarmah Ramnarain, était un récidiviste, déjà connu des services de police pour vol et possession de cannabis. De plus, il conduisait sans permis, celui-ci ayant été révoqué en 2017. La fouille de son véhicule a permis la découverte de substances illicites, ajoutant à la gravité de ses actes. L’alcootest pratiqué sur ce dernier s’est néanmoins révélé négatif.