Après 25 mois d’auditions, la commission d’enquête sur la drogue, présidée par l’ancien juge de la Cour suprême Paul Lam Shang Leen, avec pour assesseurs l’ancien ministre Sam Lauthan et le directeur des Services de Santé, Ravin Domun, entame en cette fin d’année sa dernière ligne droite. Les indications disponibles à ce jour sont que le rapport de la commission d’enquête contenant les findings aussi bien que les recommandations pourrait être soumis à la présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim, en février prochain. Mais d’autres sources, préférant jouer la prudence, avancent que cette étape décisive pourrait être franchie avant le 12 mars, marquant le 50 e anniversaire de l’accession du pays à l’indépendance.
À l’Assemblée nationale vendredi après-midi, le leader de l’opposition, Xavier- Luc Duval, a tenté en vain d’obtenir du Premier ministre, Pravind Jugnauth, la moindre indication au sujet du calendrier de travail de la commission. Mais avant d’en arriver là, l’ancien juge Lam Shang Leen et ses deux assesseurs devront conclure la série des auditions, avec notamment le come-back à visage découvert du Témwin Sok Samachar, aussi connu sous le nom de George, pour la confi rmation de ses révélations accablantes qui avaient provoqué un « appel anonyme trafi qué des Police Headquarters » au 148 en vue d’une perquisition à son domicile vers le 13 octobre dernier.
Du côté de l’Independent Commission against Corruption (ICAC), une escouade de limiers est en stand-by en vue d’initier une enquête au terme des fi ndings de la commission d’enquête contre l’ancien Chairman de la Gambling Regulatory Authority, Me Raouf Gulbul. Ce développement ne sera prévu qu’après le retour à l’Offi ce of the Director of Public Prosecutions du dossier à charge contre Me Rex Stephen dans l’affaire des honoraires de Rs 1,5 million venant du parrain des parrains, Peroumal Veeren.
En vue de solliciter un rendezvous à la State House entre février de l’année prochaine mais avant le 12 mars 2018, la commission devra se pencher en cette fi n d’année sur du unfi – nished business. Néanmoins, à ce stade, le démantèlement de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU) dans sa forme actuelle est donné comme une quasicertitude. À la place pourrait être nommé un Drug Tsar en la personne d’un ancien juge de la Cour suprême. Parmi les autres suggestions probables, la formule de juges d’instruction pour des enquêtes relevant de la Dangerous Drugs Act, la mise siur pied d’une Special Drugs Court au sein de la Cour suprême pour le déroulement des procès ou encore une révision des règlements pour l’achat des sim cards de cellulaires. Il va de soi que la commission d’enquête devra saisir d’autres institutions comme l’Offi ce of the Director of Public Prosecutions, l’Assets Recovery Unit ou l’ICAC pour des referrals.
Dans l’immédiat, la fin de la série des auditions monopolise l’attention. L’un des témoins qui pourraient être entendus avant le break pour la Noël et le Nouvel An n’est nul autre que le Témwin Sok Samachar de la séance du mercredi 11 octobre dernier. Tout semble indiquer qu’après un premier screening et monitoring des révélations et des faits accablants au sujet des VVIP, qui pourraient être dénoncés, la commission Lam Shang Leen devrait se sentir à l’aise avec une audition à visage découvert de ce témoin aussi connu sous le sobriquet de George. Cette audition devra également faire remonter à la surface cet « appel trafi qué au 148 de l’ADSU » à partir d’un numéro de téléphone attribué aux Police Headquarters des Casernes centrales pour déclencher une opération de déstabilisation de ce témoin clé. La commission avisera de la convocation subséquente de hauts gradés de la police pour les éclaircissements.
« Ground breaking exercise »
La commission Lam Shang Leen est dans l’obligation au sujet d’un complément d’enquête à obtenir au sujet du big black bag contenant des « affi ches à l’effigie de sir Gaëtan Duval » pour un montant de Rs 9,7 millions lors du rendez-vous mystérieux du 24 novembre 2014 à Saint- Pierre. La version du chauffeur de Samad Goolmally devra mettre les parties d’accord sur cette sinistre affaire en marge de la campagne électorale pour les législatives d’il y a trois ans, jour pour jour, avec au coeur le candidat battu du MSM à Port- Louis Maritime/Port-Luis est (N°3), Raouf Gulbul. Il y aura encore en janvier prochain le rendez-vous du recordman des unsollicited visits à la prison, Me Kailash Trilochun.
En parallèle, d’autres institutions engagées dans la lutte contre les crimes en col blanc dont le blanchiment ou des délits de trafi c d’infl uence, comme l’ICAC, se tiennent prêtes à prendre le relais une fois le rapport Lam Shang Leen est rendu public. C’est le cas de l’ICAC dans le volet consacré au Legal Adviser du Premier ministre, Me Raouf Gulbul. Au terme d’un accord tacite passé, l’ICAC ne compte nullement initier d’enquête aussi longtemps que les travaux de la commission Lam Shang Leen se déroulent. Mais cela n’empêche nullement qu’un ground breaking exercise préliminaire soit entrepris.
Il existe également la possibilité que l’ancien juge Lam Shang Leen décide de demander à des institutions de rouvrir des enquêtes, comme dans les cas des allégations de Devir Lanket venant de Parwiza Jeeva ou de Bottesoie, sans oublier le big black bag de Saint-Pierre. Étant donné que dans les deux précédents cas la police s’en était déjà mêlée, la commission pourrait trouver en l’ICAC un partenaire de choix pour le follow-up. Il faudra attendre confi rmation, même si dans un cas de confl it d’intérêts impliquant des membres du barreau, l’enquête de l’ICAC a atteint un stade avancé, avec un Top Guy dans de beaux draps bientôt.
D’autre part, un autre dossier qui a fait le va-et-vient entre l’ICAC, la police, les services du Directeur des Poursuites publiques et la commission, en l’occurrence les honoraires de Rs 1,5 million payés à Me Rex Stephen pour des « future cases », entre autres, devra connaître son épilogue au début de l’année prochaine. Plus de sept mois après l’interrogatoire under warning de ce Senior Member at the Bar, l’ICAC a complété l’exercice de complementary evidence réclamé par le DPP. Dès la rentrée 2018, le dossier à charge comprenant Me Stephen et une dizaine d’autres prévenus devra atterrir sur la table du DPP « for further action », car le commissaire de police, Karl Mario Nobin, a refusé de procéder à l’arrestation et à l’inculpation provisoire de cet homme de loi comme réclamé par l’ICAC depuis le vendredi 5 mai dernier.