Vimen Sabapati, en détention policière depuis le 3 mai, jette un pavé dans la mare avec un Tell-All Affidavit à l’encontre de l’ASP Jagai de la PHQ Special Striking Team
Molnupiravir Saga : l’ICAC acculée par la magistrate Azna Bholah devant « a subsequent vain attempt to disconnect » l’ex-SCE de la Santé, Dalida Allagapen, et consorts de la charge provisoire
Affaire Valayden : sévère rappel à l’ordre du DPP au CP Dip au sujet du recours gratuit à des charges provisoires sans consultations
L’Independent Commission Against Corruption (ICAC) et la police ont essuyé de sévères contrecoups dans des high profile probes dominant l’actualité au cours de la semaine. D’abord, tout avait commencé par ce sévère rappel à l’ordre émanant de l’Office of the Director of Public Prosecutions (DPP) au commissaire de police, Anil Kumar Dip, par rapport au recours gratuit à des charges provisoires left, right and centre sans des consultations préalables avec les autorités compétentes et surtout dans des cas impliquant des protagonistes engagés sur le front politique. Ces remarques ont été consignées dans des court records au tribunal de Port-Louis, avec la radiation des charges logées contre Me Rama Valayden dans le scandale de drug planting.
L’ICAC, qui se vante de mener ses enquêtes dans la lutte contre la fraude et la corruption sous le sceau de “Pa Figir”, a été déboutée dans la Molnupiravir Saga à Rs 79.92 la dose, avec des critiques accablantes sous la plume de la magistrate du tribunal de Port-Louis Bibi Azna Bholah. En rayant la charge provisoire contre le Principal Pharmacist au ministère de la Santé, Brijendrasingh Naeck, jeudi, le tribunal de Port-Louis n’a pas hésité à dénoncer la subjective approach de l’ICAC pour tout simplement écarter des Top Guns de la Santé de ce scandale, notamment Dalida Allagapen, ancienne Senior Chief Executive de la Santé et sœur du ministre des Affaires étrangères, et consorts de toute inculpation provisoire.
Et jamais deux sans trois, et comme pour clore la semaine, un tell-all affidavit, rédigé par les soins de Me Pazhany Thandrayen, avoué, au nom de Vimen Sabapati, appréhendé par la PHQ Special Striking Team de l’ASP Jagai, réduit en pièces détachées les dessous de la présumée opération de drug planting dans ce cas particulier et d’autres également. Ce suspect, qui est en détention policière depuis le 3 mai et sans avoir eu la chance de consigner sa Defence Statement à ce jour, réclame de la Cour suprême que les hommes de l’ASP Jagai soient écartés de cette enquête, qui doit être confiée à une autre escouade, car ce père de deux enfants affirme être « convinced of my innocence ».
Si dans les deux précédents cas le judiciaire s’est déjà prononcé de manière catégorique que ce soit pour le No Case to Answer en faveur de Me Valayden dans l’enquête pour le délit allégué de perverting the course of justice et de molesting police officer au titre des allégations de drug planting ou encore la fraude massive à la Santé pour l’achat des life saving drugs, notamment le Molnupiravir, lors de la deuxième vague du Covid-19, le troisième, qui a fait l’objet d’un affidavit de 15 pages, juré vendredi, attend d’être démêlé au niveau de la Cour suprême.
Dans les 40 paragraphes de ce document légal, le dénommé Vimen Sabapati apporte des éléments au cours de la période allant du 8 avril 2021 au 3 mai 2023 pour soutenir la thèse que « I verily believed that a conspiracy was being hatched against me by the preposés of the commissioner of police ». Il souhaite que toute cette affaire appelée devant la Cour suprême soit entendue en présence du Directeur des Poursuites publiques.
Tout commence le 8 avril 2021 avec une première descente de l’ADSU à son domicile à l’avenue Victoria, La Caverne, Vacoas. Aucun article suspect découvert, mais le dénommé Vimen Sabapati allègue que « I was reliably informed that I had to give protection monies to ADSU officers in order to avoid such searches in the future, and more importantly, to avoid illicit substances being planted at my residence. » Par contre, le même jour, une autre perquisition au domicile de son frère Ramen, habitant à la même adresse, devait déboucher sur l’arrestation de celui-ci vu qu’une dose d’héroïne avait été saisie.
Allégation de
“protection monies”
10 avril 2021, Vimen Sabapati avance avoir reçu une série de messages sur Messenger, venant d’une connaissance sous le sobriquet Jib Ran, qui n’est autre qu’un membre de la force policière, devant par la suite faire partie de la PHQ Special Striking Team. L’un des messages est une invitation à se rencontrer en personne. Un rendez-vous est pris au domicile du policier, dont le nom est cité dans l’affidavit. Les principaux points des échanges sont que le policier en question a fait comprendre à Vimen Sabapati que
. des directives ont été émises depi lao pour le piéger avec un délit de trafic de drogue, débouchant sur sa détention pendant une longue période
l le policier aurait confié que « erezma, mo pa’nn vinn avek lekip ki ti fer lafouy kot twa, sinon ti pou fer loperasion Rambo avek twa »
l « banla ti kapav plant enn revolver kot twa »
l « bannla inn trouve ki to bann Assets evaliye plizier miyon, zot pe rod avoy sa Integrity Reporting » et
l surtout qu’il était une cible en raison de sa proximité avec l’ancien Premier ministre, Navin Ramgoolam.
Vimen Sabapati affirme qu’il avait été sous le choc en prenant connaissance des détails susmentionnés et qu’il devait maintenir le contact avec le policier. D’ailleurs, lors d’une des subséquentes rencontres, le dénommé Jib Ran devait lui montrer des photos de sa résidence et de ses véhicules, diffusées sur le réseau WhatsApp de l’équipe de l’ADSU de Rose-Hill.
Le 18 avril, suite à un text message au policier, il fut invité à prendre contact avec un autre membre de l’ADSU, qui avait mené la filature sur lui. Il devait donner suite à cette suggestion en rencontrant ce dernier membre de l’ADSU en mai 2021. Lors des échanges, il fut informé du fait que « banla pou vinn fouy to baz laba » en parlant de Holy Garden Ranch à Trois-Mamelles. Lors de cette même rencontre en mai 2021, cet élément de l’ADSU a soutenu que « Jagai pe anvi defons twa ». Le tout est accompagné d’allégation de protection monies.
En parallèle à cette époque, Vimen Sabapati devait être approché par un autre élément de l’ADSU, qui avait arrangé une rencontre avec un haut gradé de l’ADSU de Rose-Hill. Le rendez-vous était pris dans la cour du Plaza, où il avait fait part au haut gradé que « I felt that ADSU was scheming to secure my arrest by all means for a drugs related offense. »
Une menace
Avec l’arrestation de Bruneau Laurette le 4 novembre de l’année dernier, Vimen Sabapati avait sollicité une autre rencontre avec ce même haut gradé. La rencontre s’est déroulée le 17 novembre 2022 sur le parking de Bagatelle Mall. L’officier de police était venu sur une motocyclette de couleur noire. La teneur de la conversation ente les deux hommes s’articulait autour du fait que
l la cargaison de drogue retrouvée dans la voiture de Bruneau Laurette avait été fournie supposément par Franklin, car il fallait à tout prix éliminer l’activiste politique devenu une menace pour le gouvernement
l des liens étroits existaient entre Franklin et l’ASP Jagai
l que des armes recouvrées dans un terrain vague à Beaux-Songes, certaines n’ont pas été déclarées dans l’enquête à la demande expresse d’un officier de police et
l les enregistrements montrant le dénommé Vimen Sabapati en compagnie du DCP Bhojoo sont une fabrication de la PHQ Striking Team.
Les échanges avec le policier et le haut gradé sont enregistrés sur une pendrive, remise à Nawaz Noorbux en date de novembre 2022. Mais Vimen Sabapati avait objecté à sa diffusion publique en vue de dénoncer l’ASP Jagai.
D’autre part, le 29 mars 2022, Vimen Sabapati devait faire une rencontre fortuite au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport. L’épouse d’un autre limier de l’ADSU l’avait approché pour le mettre en garde contre le dénommé Jib Ran à l’effet que ce dernier « was endeavouring to frame me ». Il devait avoir deux rencontres avec ce quatrième membre de l’ADSU, soit dans les parages de l’école primaire de Phœnix et dans l’enceinte de l’hôpital MedPoint.
Le 3 mai 2023, soit le jour de l’arrestation, est disséqué dans la dernière partie de l’affidavit, en particulier l’épisode de la voiture portant une fausse plaque d’immatriculation FS 747, près de son domicile vers 8h25 ce jour-là. « The occupier of the said vehicle opened its door surreptitiously tampered with the lower side of my car. The said scene has been recorded by the CCTV camera installed at my residence », ajoute-t-il.
Sur ce, Vimen Sabapati devait reprendre contact avec son haut gradé du Plaza et de Bagatelle Mall. Ce dernier devait le conseillait de consigner une déposition dans les meilleurs délais. Mais quelques instants plus tard, il avait été appréhendé par des éléments de l’ADSU à Port-Louis. « At the office of the Special Striking Team, I was called upon to collect a bag pack in my car and which contained around ten sachets of whitish powder, two of which were unsealed », lit-on au paragraphe 33 (e).
Et lors de cette première audition dans les locaux de la PHQ Special Striking Team, le dénommé Jib Ran devait faire son entrée. « Whilst I was being interrogated, PC… came to sit next to me and stated the following words : « to korek. Eski to ena kitsoz konprometan lor to telefon ? » La vérification et confirmation de ce tell-all affidavit devra ouvrir un nouveau boulevard dans les dessous des opérations de la PHQ Special Striking Team…
Affaire Rama Valayden:
Le DPP fait la leçon au CP sur les charges provisoires
Me Rama Valayden, qui avait objecté en Cour de Port-Louis à toute charge provisoire pour les délits de conspiracy to pervert the course of justice et molesting police officer dans l’affaire des allégations de drug planting, a eu gain de cause. C’était mardi en Cour de Port-Louis.
Simultanément, le Directeur des Poursuites Publiques, à travers sa représentante en cour, a fait la leçon au commissaire de police, Anil Kumar Dip, au chapitre des inculpations provisoires. Dans le cas de Me Valayden, le Bureau du DPP avance avoir pris note de l’ongoing investigation dans cette affaire. De ce fait, il est d’avis qu’il n’est pas nécessaire pour la police de loger de provisional charge, qui serait pending contre le prévenu jusqu’à la conclusion de cette enquête.
Poursuivant son statement en Cour, la représentante du DPP s’est appesantie sur le fait que « the DPP strongly urges the Commissioner of Police not to resort to the lodging of provisional charges invariably in all cases. I therefore move that the provisional charge against the defendant be struck out. »
Par ailleurs, la teneur de cette déclaration en cour a fait l’objet d’une correspondance formelle au commissaire de police, le DPP exhortant la police de « close the inquiry at the earliest » dans toutes les enquêtes et de ne pas loger de charges provisoires invariablement. La police est aussi appelée de « seek legal advice from the DPP’s office » avant de loger de telles accusations.