Le projet Les Salines Beachcomber Resort & Spa à Rivière-Noire décortiqué par Rezistans ek Alternativ sous quatre volets: environnemental, sociétal, Power Politics et économique
- Le trio Parapen-Gua-Sauvage : « Complete lack of ecological consciousness of New Mauritius Hotels Ltd, despite the existing public law framework and planning, and the unique ecological features of Les Salines region »
- La zone technique (générateurs, stockage pétrolier, traitement des eaux usées et Desalination Plant) de ce complexe hôtelier constitue une menace directe pour Les Salines Martello Tower, faisant partie du Mauritius National Heritage
- Le ministre du Tourisme, Anil Gayan, laisse entendre que le gouvernement pourrait revoir la localisation en mer des exploitations d’aquaculture dans le sillage de l’appel de l’AHRIM
En ce début d’année, le débat axé sur le développement durable prend le dessus. D’une part, l’appel interjeté par l’Association des Hôteliers et Restaurateurs de l’Ile Maurice (AHRIM) contre l’EIA Licence octroyée aux promoteurs du projet d’aquaculture de Growfish International (Mauritius) Ltd au large de Flic-en-Flac préoccupe, même si les nouveaux assesseurs de l’Environment and Land Use Appeal Tribunal attendent encore à être nommés par l’Attorney General, Maneesh Gobin. À ce litige impliquant un secteur économique aussi vital que l’industrie touristique est venue se greffer une autre contestation, certes plus localisée, contre le projet de construction de Les Salines Beachcomber Resort and Spa, un établissement hôtelier 4-étoiles de 200 chambres et de 60 appartements de standing, avec des investissements de quelque Rs 7 milliards de ce groupe hôtelier. Dans le cadre des procédures pour l’octroi d’une EIA Licence avant le démarrage des travaux de construction et en marge d’une consultation publique avec les représentants des forces vives de la région des Salines et de cette partie de Rivière-Noire, des animateurs de Rezistans ek Alternativ, parti politique très actif sur le front de la protection de l’environnement face aux economic encroachments, en l’occurrence Kugan Parapen, Stephan Gua et David Sauvage, sont montés au créneau pour réclamer un rethinking de ce projet hôtelier dans la perspective d’une « national vision regarding our coastline development. » Ils s’appuient sur quatre aspects, soit l’environnement, la dimension sociétale, la power politics et le volet économique, pour étayer leurs dires.
Avec la soumission par Rezistans ek Alternativ à l’EIA Committee du ministère de l’Environnement dans les délais impartis pour le Public Comment sur le proposed resort aux Salines Rivière-Noire, New Mauritius Hotels Limited, groupe promoteur de ce projet, se retrouve sous pression de justifier la pertinence de sa démarche. Le chapitre consacré à la protection des wetlands dans cette partie de l’île constitue l’un des points forts de l’offensive de Rezistans ek Alternativ. Pourtant, lors des consultations publiques à la fin de l’année dernière, Gilbert Espitalier-Noël, Chief Executive Officer de New Mauritius Hotels Ltd, s’est appesanti sur le fait que les travaux de construction de ce nouveau complexe hôtelier n’affecteront pas la plage. « L’hôtel sera doté d’un lagon intérieur. Une jetée sur pilotis sera aussi aménagée pour le transport en bateau des touristes souhaitant s’adonner à des activités nautiques. Ces travaux seront faits sans toucher à la plage. Le profil de la plage ne sera pas changé », avait tenu à rassurer le CEO, qui avait ajouté que « Beachcomber travaille aussi sur des wetlands, qui sont essentiels pour l’éco-système marin. »
Le trio Parapen-Gua-Sauvage ne semble nullement convaincu des déclarations d’intention du groupe Beachcomber craignant que le développement envisagé soit au détriment des zones marécageuses spécifiquement. Les premières salves de contestation sont tirées la principale appréhension tournant autour d’une éventuelle « Disruption of Environmental Sensitive Area (ESA) Wetland No 76. » Avant d’entrer dans le vif du sujet avec la nouvelle réalité des inondations et de flash floods, le document de Rezistans ek Alternativ souligne à juste titre que « despite its importance, the wetlands in Mauritius have been degrading due to urbanisation, coastal and agricultural development. Several wetlands, such as in Flic en Flac and Pereybere have been reclaimed to make way for concrete forests and the people of Mauritius have borne the cost of these unsustainable developments. »
Outre le fait que le potentiel de débordements et d’inondations existe dans des régions avec des réclamations de wetlands pour faire de la place à une urbanisation non planifiée, pour ne pas dire sauvage, Rezistans ek Alternative constate avec amertume que « the biodiversity lost in these wetlands is immeasurable and its impact is being reflected by significant degradations in several coastal and marine ecosystems which will eventually affect the economic landscape of Mauritius. » En ce qui concerne les environs des Salines Rivière-Noire, l’ESA Wetland 76 se définit comme « a very important and ecological value », avec pour composantes cruciales :
— « one of the ten most isolated marsh/swamp wetlands based on nearest neighbour distances
— « one of the 15 most floristically diverse coastal marshlands in Mauritius characterised by open water and Acrostichum dominated (18 dry species and I wet species)
— « one of the 13 most faunally diverse cistal marshlands in Mauritius (3 migratory birds obseved and 1 endemic) and
— « a coastal Marshland of hig value. »
Poursuivant leur analyse, les militants écologistes avancent que vu l’impact de ce développement hôtelier sur la wetland terrestrial biodiversity, des dégâts considérables et irréversibles sont à prévoir, d’autant que ce projet ne serait pas conforme aux dispositions du State Land Lease. L’une des conditions est que tout détenteur de bail est tenu à ne pas entreprendre « such activities which shall cause physical damage directly or indirectly to the environment. » Tel ne serait nullement le cas. Le complexe hôtelier projeté ne respecterait pas aussi des planning policies en termes de scenic landscape areas, ou encore la nécessité de « protecting and enhancing urban open space, green wedges, areas of landscape significance, environmentally sensitive areas, land/water interface areas. » Pour clore cet aspect, mention est faite que « the proposed development is not compliant with the Black River Outline Planning Scheme Development Management Plan. »
Portée historique
La majeure partie du site des Salines Rivière-Noire est réputée pour être un habitat for flora and fauna. Pour Rezistans ek Alternativ, « the proposed EIA application illustrates very well the complete lack of ecological consciousness of New Mauritius Hotels Ltd, despite the existing public law framework and planning, and the unique ecological features of Les Salines region » et également qu’il ne peut être question d’éliminer un natural wetland avec des centaines d’années d’existence pour le remplacer par un aménagement artificiel, comme le prévoit le plan de ce groupe hôtelier.
Le deuxième argument de poids mis en avant pour contester le projet du groupe Beachcomber est de portée historique avec des risques de « jeopardization of Les Salines Martello Tower. » Entre 1832 et 1835, les anciens colons anglais avaient fait construire cinq Martello Towers, dont deux à Grand-Rivière-Nord-Ouest, deux à Rivière-Noire et une à Port-Louis. À ce jour, trois ont survécu. Toutefois, celle des Salines Rivière-Noire est mise en danger avec la proximité du technnical area du complexe hôtelierà venir.
Les concepteurs du projet de New Mauritius Hotels Ltd prévoient de construire à quelques mètres de ce momunent historique un technical area pour accueillir la sous-station du Central Electricity Board, le bloc des transformateurs électriques, les générateurs de réserve, les facilités de stockage de mazout et d’eau, de même que la desalination plant, sans compter la station de traitement des eaux usées. « Les Salines Resort Hotel, by implementing one of their Technical Area in the direct vicinity of Les Salines Martello Tower, jeopardizes one important part of Mauritius historical heritage. Moreover it annihilates any future initiative to restore the site properly », dénonce Rezistans ek Alternativ, qui ajoute que les promoteurs ont tout simplement ignoré la présence sur le site des additional defensive fortifications connexes.
Kugan Parapen, Stephan Gua et David Sauvage attirent l’attention des membres de l’EIA Committee sur le fait que « both the road and the hotel, that are related to a same development, did not properly address the historical values of the site. » Ils font aussi comprendre que « according to the State Land Lease, the road (en voie de construction) should have been part of the EIA. »
Très rapidement, les contestataires du projet du groupe Beachcomber survole la Power Politics Issue en évoquant la possibilité de loyers non-payés à l’État. Leurs estimations font que les bénéficiaires de ce terrain ont des obligations financières envers des ministères. Le montant de Rs 115,9 millions se répartit comme suit : Rs 25 millions au Tourism Fund, Rs 1,4 million, Rs 688 500, Rs 82,7 millions et Rs 6,2 millions au ministère des Terres. Ces paiements avec des expected payment dates entre 2007 et 2015 auraient dû être réglés depuis le début de cette année.
« As citizens of the Republic of Mauritius, we are not able to easily verify for proof of Lessee payments. That is why we put to proof the corresponding Ministries, namely Ministry of Housing and Land, Ministry of Tourism, and the Lessee to prove that the proposed development Lease payments have been done in due time », s’interrogent les militants écologistes.
Embourgeoisement urbain
Avec les régions de Tamarin et de Rivière-Noire se présentant comme étant des symboles de l’embourgeoisement urbain (gentrification), la Tax Holiday Policy adoptée par le gouvernement attire de plus en plus de ressortissants étrangers investissant dans l’immobilier en aggravant ce phénomène. « This has taken place at the expense of locals who are more and more alienated from their own country and who are more and more enclaved in ghettos with no possibility of expanding their living places. The very example of the village of the Grande Rivière-Noire next to La Balise Marina is a clear example of that », font-ils comprendre en citant le processus de marginalisation, d’exclusion et même d’aliénation de la population locale.
« The temporary job creation or even long term service oriented jobs do absolutely not weigh with the alienation of locals, price speculation of land and invasion of foreign brands and products to cater for foreigners standard », concède Rezistans ek Alternativ, qui réclame une approche différente que celle du Property Development Scheme pour le développement des zones côtières. Le projet de resort par New Mauritius Hotels Ltd aux Salines ne fera que renforcer les assises du gentrification phenomenon et ses dynamiques d’acquisition immobilière et de spéculation foncière.
Prônant l’urgence d’un consultation nationale sur le coastline development, Rezistans ek Alternativ propose que le document Vision 2020 de 1997, avec pour recommandation majeure no more hotel construction, soit le point de mire de toute réflexion et de toute action. « Recent events like in Pomponette are showing clearly that Mauritians are fed up with hotel constructions on the coastline that are restraining their access to beaches. Instead of cutting Mauritian off coastline and having more concrete on our coastline there need to be a moratory of hotel construction and the setting up of a national consultation on coastal management to allow each and everyone to come and propose how and what use can be done of our coastal region », note le trio.
La possibité d’une remise en cause de la politique favorisant des multiples mega-construction projects, comme des établissements hôteliers et des smart cities est évoquée dans le cadre de ces consultations nationales. « Is the economic and social future of Mauritius compatible with such projects ? Is this sort of development the only known method of development ? Real Estate development is a non-productive economic development activity in that it generates a one-off income stream (the sale of the property to its new owner) and that’s it », ajoutent-ils.
Au-delà d’une révision de la politique régissant la gestion des State Lands et le développement des zones côtières, le document du 19 janvier à l’EIA Committee revient à l’essentiel par rapport au site identifié pour accueillir Les Salines Beachcomber Resort & Spa, site considéré comme étant davantage propice pour le développement d’ocean-based activities. « The proposed site is one of the few which have a canal in its proximity and thus adequate access to the ocean for the development of fishing and oceanic scientific activities. From an ecological perspective, it is essential that we preserve our wetlands as they play an essential role in our ecosystem », soutient Rezistans ek Alternativ.
Et le plaidoyer final sur le plan historique pèsera-t-il de son poids dans le débat sur le développement durable ? « Last but not least, the proposed development activity will jeopardise our national heritage. The Republic of Mauritius boats a proud national heritage which it should preserve as much as possible. A state is nothing without its history and preservation of the national heritage is vital to uphold the state. The proposed site hosts invaluable sites of our national collective history », déclarent Kugan Parapen, Stephan Gua et David Sauvage, qui proposent que la région des Salines Rivière-Noire soit transformée en un eco-cultural site.
Affaire à suivre…
La menace-requins s’invite à la Maritime Week
Le gouvernement étudie différentes options en vue de réconcilier les craintes de l’industrie touristique au sujet de la menace requins et les impératifs du développement de l’ocean economy assorti de projets d’aquaculture. Avec l’Association des Hôteliers et des Restaurateurs de l’île Maurice (AHRIM) se jetant dans la bataille pour contester l’EIA Licence octroyée à la société Growfish International (Mauritius) Ltd pour des opérations d’élevage de poissons en cages au large de Flic-en-Flac avec un risque grandissant de menace de requins, des changements pourraient intervenir bientôt. C’est ce qu’a annoncé le ministre du Tourisme, Anil Gayan, lors de son intervention à la Maritime Week à Balaclava en fin de semaine. Il s’est déclaré favorable au développement de l’aquaculture « hors lagon. » Interrogé par des journalistes, il a indiqué qu’une décision en ce sens est envisagée et qu’une annonce officielle devra intervenir incessamment.
Toutefois, Anil Gayan, qui avait effectué en début d’année une sortie en mer à Grand-Gaube dans les parages d’une ferme d’aquaculure, maintient sa position à l’effet qu’il n’y a aucun risque d’attaques de requins dans le lagon. « Eski ou kapav anpes pwason viv dan lamer ? » devait-ilrépondre à des questions de la presse. Il a soutenu qu’il n’est dans l’intérêt de personne d’alarmer outre mesure la population à ce sujet. « Il n’y a jamais eu d’attaque de requin dans le lagon mauricien. Il n’y a eu aucun rapport du National Coast Guard, de l’Office du Tourisme, ou même des hôtels concernant la présence de requins dans le lagon », a-t-il rajouté
De son côté, l’AHRIM réitère son point de vue que l’industrie touristique, vu son rayonnement sur le plan national, doit avoir priorité sur l’aquaculture, martelant que rien ne doit être fait pour attirer les requins dans les lagons. « Il suffirait qu’une personne soit blessée une seule fois pour qu’il y ait une panique susceptible d’affecter notre clientèle touristique », a plaidé un opérateur du secteur touristique participant aux échanges de la Maritime Week au Ravenala Attitude Hotel au cours de la semaine écoulée.
D’autre part, la question de menace-requins se trouve actuellement dans un no-man’s-land avec l’industrie touristique et les opérateurs dans le secteur d’aquaculture suspendu à la prochaine décision du gouvernement et aussi le suspens quant au calendrier des travaux de l’Environment and Land Use Appeal Tribunal. En principe, l’AHRIM s’attendait en début d’année de voir le recours en appel contre l’EIA Licence de Growfish International (Mauritius) Ltd être débattu en cette fin de janvier.
Or, avec l’Attorney General, Maneesh Gobin, toujours engagé dans le processus du renouvellement du Panel du Tribunal de l’Environnement, la contestation de l’AHRIM a été enlevée de la Cause List du tribunal au cours de la semaine écoulée. Une communication officielle a été adressée en ce sens le 23 janvier, soit 48 heures avant la date fixée, à toutes les parties concernéers, soit l’AHRIM, le ministère de l’Environnement, Growfish International (Mauritius) Ltd, le ministère de l’Ocean Economy et celui du Tourisme. La prochaine séance devra être fixée par voie circulaire.