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PERSPECTIVE 2012: Croissance, la tendance baissière fait tiquer !

Que ce soit le Joint Economic Council (JEC) ou encore l’Association des hôtels et restaurants de l’île Maurice (AHRIM) aussi bien que les principaux opérateurs économiques, qui ne s’apparentent nullement aux oiseaux de mauvais augure, tous cachent difficilement leurs appréhensions dans la conjoncture économique. Ils s’appesantissent sur le fait que la tendance baissière des paramètres économiques de ces dernières années n’apporte nul réconfort, alors que les dernières prévisions de Statistics Mauritius au niveau des secteurs ne constituent pas de perspectives réjouissantes avec seule la filière du seafood hub présentant des signes de vitalité en 2012. Du côté de l’industrie touristique, le ciel s’assombrit à l’approche de la basse saison de mai à octobre car la performance enregistrée au cours du premier trimestre n’a pas apporté l’impulsion nécessaire en vue de renverser la vapeur pour le reste de l’année.
La dernière révision à la baisse du taux de croissance économique pour 2012 par Statistics Mauritius s’articule sur un taux de 0,5% pour les Export-Oriented Enterprises, un des plus importants moteurs économiques, qui avait progressé – de 8,4% en 2011 et connu une reprise de 6,5% en 2010 après une décroissance – de 0,9% en 2009
– de 2,3% pour les exportations du seafood hub après une performance négative – de 1,3% en 2011et une pointe de 10,4% en 2010 ;
– de 2,4% pour le port franc, en baisse par rapport aux deux précédentes années, de 3,1% et de 3,3% respectivement ;
– de 1,3% pour le tourisme suite à la croissance de 3,8% l’année dernière et de 5,2% en 2010 et ;
– de 9,8% pour le secteur des TIC. La performance de cette dernière filière, classée dans la catégorie des Emerging Sectors, représente une décote de 2,5 points par rapport à la pointe de 13,3% en 2010.
La situation n’est guère brillante sur le front des investissements, composante majeure de la croissance économique. Les dernières prévisions de Statistics Mauritius confirment que le taux d’investissement maintient la tendance à la baisse amorcée depuis au moins 2009, soit 23% du Produit intérieur brut (PIB) en 2012, plus de trois points de moins qu’en 2009. Les investissements privés se font difficilement attendre car, cette année, le taux estimé est de 73,8%, une réduction de trois points comparativement à l’année dernière.
Au sein du Joint Economic Council, l’on ne cache pas ses inquiétudes en affirmant que « la courbe descendante épousée par l’économie au cours de ces trois dernières années n’est nullement réconfortante. Au cours de cette même période, les prévisions ont été réduites à la baisse de manière régulière. Three years in a row, it is worth looking at it ».
« Plus grave encore est que pour les deux dernières années, we were constantly below the target set. Probablement, la réalité économique est beaucoup plus complexe que les objectifs annoncés », poursuit-on dans les milieux autorisés, avec en toile de fond les dernières prévisions des National Accounts de Statistics Mauritius.
Accélérer la réforme
« Maintenant, quand nous transposons ces performances dans le contexte international marqué par la crise de la zone euro et les problèmes d’endettement de l’Espagne et de l’Italie, les résultats peu probants en termes d’emplois aux Etats-Unis et les difficultés de l’Inde et de la Chine de maintenir leur niveau de croissance, nous pouvons prendre la mesure de la précarité de la situation sur le plan international », fait comprendre cette source autorisée du secteur privé.
« Les prévisions pour les secteurs d’exportations de Maurice ne sont guère positives. Les données émanant de Statistics Mauritius accréditent la thèse que first and foremost the new areas of growth in Mauritius like the knowledge hub, the medical hub and the IRS will take much longer. Il y a encore le fait que la recherche de nouveaux marchés d’exportation en vue de réduire notre dépendance sur l’Europe s’annonce plus ardue que prévu », note le JEC.
Les milieux autorisés du secteur privé mettent le doigt sur la plaie entre le discours et la réalité par rapport aux investissements privés dans l’infrastructure publique. « Ce créneau fait face à une situation de no policy clarity et d’absence de regulatory environment pour favoriser un nouvel essor. Même si des amendements ont été apportés, l’environnement du public/private partnership n’est pas aussi rodé que l’on veut faire croire. L’exemple le plus clair reste ce qui se passe dans le domaine de l’énergie », lâche ce porte-parole autorisé du secteur privé tout en exprimant le souhait qu’une partie des réponses aux problèmes structurels se retrouvent dans le discours-programme 2012- 2015 que présentera le gouvernement demain après-midi à l’Assemblée nationale.
« Peu importe le scénario de croissance envisagé, il ne faut nullement se leurrer. Nous faisons face à des contraintes majeures que ce soit sur le plan de la business facilitation, du regulatory framework pour une meilleure intégration, de la gouvernance et du capacity-building des entreprises. Il ne fait aucun doute que nous avons un urgent besoin d’accélérer le processus de réforme si nous ne voulons pas être rattrapés par les gros nuages qui s’amoncellent à l’horizon », met-on en garde car le coût de toute complaisance économique pourrait s’avérer trop onéreux à l’avenir.
Dans la conjoncture économique, avec la mise en place des instruments et mécanismes sous le National Resilience Fund de Rs 7,3 milliards, des entreprises en difficulté se mobilisent pour solliciter l’encadrement nécessaire pour affronter la situation. « Nous nous retrouvons en présence de requêtes de plus en plus nombreuses pour de l’assistance venant d’entreprises en difficulté, même si nous devons affirmer que la situation n’est nullement alarmante en termes de pertes d’emplois. Nous comptons suivre de près les dernières tendances et agir en conséquence selon le mandat du National Resilience Fund », confirme-t-on.
Toutefois, dans l’immédiat, la principale préoccupation est axée sur la performance de l’Hospitality Cluster en général. « Il est de plus en plus évident que l’impact de la crise économique sur le plan international, notamment en Europe, est des plus catastrophiques pour l’industrie du tourisme, qui devra passer par l’étape d’un re-engineering, comme ce fut le cas pour le textile avec le démantèlement de l’accord multifibre et pour le sucre avec la disparition du Protocole-Sucre », concède-t-on dans les milieux autorisés de ce secteur.
« Le premier trimestre vient de prendre fin. Les autorités ont annoncé une croissance de 0,6% dans les arrivées pour le mois de mars. Néanmoins, la situation n’est pas bonne pour aucun des opérateurs ou encore des segments de l’industrie. Les répercussions de la prochaine saison creuse, soit de mai à octobre, suscitent déjà de graves appréhensions », avance-t-on du côté de l’AHRIM.
Restructuration d’Air Mauritius
L’ensemble des opérateurs dans le tourisme craint le pire dans les mois à venir au vu de la performance du premier trimestre et de la dégradation de la situation sur les principaux marchés fournisseurs de touristes, notamment en Europe. Face à une croissance nominale de 1,3% en 2012, des doutes s’installent avec l’AHRIM maintenant ce qu’elle avait prévu depuis la fin de l’année dernière que « si le tourisme ne connaît pas de décroissance cette année, ce sera déjà pas mal ».
« En sus de la crise économique sur laquelle nous n’avons aucun contrôle, l’industrie touristique subit d’énormes pressions et nous n’envisageons pas de perspectives réjouissantes. Un exemple parmi tant d’autres : le secteur hôtelier est un gros consommateur de gaz dit ménager. Saviez-vous que le prix du gaz pour les hôtels a augmenté récemment de 33% après celle de 27% l’année dernière. Il y a également les factures d’eau et d’électricité qui viennent se greffer sur les coûts à la hausse », rappelle-t-on du côté de l’AHRIM, où le mood se conjugue à la morosité.
Par ailleurs, l’AHRIM n’occulte pas les problèmes engendrés par la restructuration d’Air Mauritius et l’abandon de la desserte de certaines destinations dont l’apport touristique n’est pas à dédaigner. « Nous comprenons qu’il y a des négociations avec des lignes aériennes partenaires d’Air Mauritius, mais les opérateurs touristiques, dont la survie en dépend, demeurent toujours dans l’obscurité quant aux solutions de rechange », s’insurge-t-on.
La récente décision de la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA) de solliciter des Expressions of Interest (EOI) pour une révision de son mandat et de ses attributions est venue s’ajouter à la situation instable que traverse le tourisme. « Cette restructuration de la MTPA ne viendra nullement aider en termes de campagnes de promotion dans cette passe difficile », avouent les opérateurs du privé, dont la contribution en termes de promotion se monte à environ Rs 2 milliards par an.
L’une des dernières initiatives de la MTPA, avec le projet de classification des établissements hôteliers, semble ne pas faire l’unanimité. « Attention, au sein de l’AHRIM, nous ne sommes pas contre le principe du grading des hôtels. C’est un effort louable. Mais nous ne perdons pas en vue le moyen terme. Qu’en est-il des critères de classification ? Qu’en est-il du régulateur ? Qui s’occupera des audits avant la classification ? Des questions qui méritent d’être éclaircies indépendamment du kick start quelque peu précipité du projet au cours de la semaine écoulée », soutient-on du côté de l’AHRIM.
Pour conclure sur ce secteur économique, dont le poids au sein du PIB est de 6,7% avec des recettes brutes de Rs 43,2 milliards en 2012, l’AHRIM tient à souligner que « dans cette industrie, il y a deux choses bien distinctes, soit le droit de faire du business, qui est sujet au licensing, dont les critères sont gérés par la Tourism Authority, et il y a le grading. Nous sommes convaincus que la classification est demand-driven et ne peut être imposée par les autorités. C’est aussi simple que cela dans un contexte extrêmement difficile pour ce secteur ».
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Mauvais début pour le tourisme en 2012
Le dernier numéro de Beachnews, publication du groupe New Mauritius Hotels Ltd, qui fête ses 60 ans cette année, est consacré à la conjoncture difficile de l’industrie touristique. Crise internationale, les importantes difficultés d’Air Mauritius ou encore le déséquilibre structurel entre le nombre de sièges-avion et de chambres disponibles, si ce n’est la problématique de la parité roupie/euro sont disséqués.
« 2012 commence mal pour le secteur touristique », écrit d’emblée Malenn Oodiah, du groupe NMH, dans son éditorial. L’un des premiers problèmes évoqués est la restructuration d’Air Mauritius avec l’annulation des dessertes sur l’Allemagne et l’Italie. « À l’heure où nous écrivions, nous n’avons pas d’informations sur les alternatives pour la desserte aérienne », proteste-t-il.
Beachnews rappelle qu’une des conséquences directes de la crise économique internationale a été la révision à la baisse des prévisions de la croissance de ce secteur économique pour 2012. « Le Bureau Central des Statistiques a revu la prévision des arrivées touristiques pour 2012 à la baisse. Avec une croissance de 1,6%, la destination n’atteindra pas le chiffre symbolique d’un million de touristes », semble-t-il regretter.
Commentant la performance de NMH pour les six premiers mois de l’exercice financier en cours, Beachnews annonce « qu’elle est sensiblement la même que celle enregistrée pour la période correspondante en 2010-2011. Au-delà des difficultés au niveau de la desserte aérienne et du déséquilibre structurel entre le nombre de sièges-avion et de chambres disponibles, la question de la parité de la roupie/euro reste très problématique ».
Au sujet du 60e anniversaire du groupe, Beachnews souligne que « au-delà de New Mauritius Hotels Limited, c’est l’histoire de tout un secteur-clé de notre économie que nous célébrons, un secteur où le savoir-faire mauricien a pu s’exprimer à tous les niveaux pour faire de l’hôtellerie et du tourisme une référence internationale. La destination mauricienne est inscrite sur la carte touristique mondiale ».

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