Les dénonciations de « manipulation éhontée des actions » et de « fraude comptable sur plusieurs décennies » portées dans le rapport Hindendurhg contre l’empire Adani en Inde remettent en perspective le Global Business Sector de Maurice. Jusqu’ici, le ministre des Services financiers, Mahen Seeruttun, en mission actuellement en Inde, s’était contenté de répondre aux accusations des opérations de shell companies à Maurice. Toutefois, en fin de semaine écoulée, la Securities and Exchange Board of India (SEBI), le régulateur de la Bourse en Inde, a décidé de passer à l’action pour se pencher sur le rôle et la responsabilité des entités faisant partie de l’empire Adani. La presse économique de la Grande Péninsule cite nommément deux entités incorporées dans l’offhshore à Maurice.
Après la sommation de la Reserve Bank of India (RBI) contre la filiale en Inde de la State Bank of Mauritius, un autre régulateur des services financiers en Inde s’intéresse encore à Maurice, notamment après la tentative avortée du groupe Adani pour offre publique de suivi (FPO) de $ 2,5 milliards sur le marché. Les sociétés citées sont Great International Tusker Fund and Ayushmat Ltd. L’objectif de cette enquête est d’établir les liens entre ces compagnies dans l’offhshore à Maurice et le groupe de Gautan Dabai.
« The Securities and Exchange Board of India (SEBI) is looking into any potential violation of Indian securities laws or any conflict of interest in the share sale process. The watchdog is investigating relationships between Adani and at least two Mauritius-based firms — Great International Tusker Fund and Ayushmat Ltd. — which participated as anchor investors, among others », avance la presse en Inde.
Au terme des Capital and Disclosure Requirement Rules en Inde, aucune entité ayant des liens avec un founder group ne peut se permettre d’assumer le rôle d’anchor investor company dans toute souscription de fonds. Great International Tusker Fund and Ayushmat Ltd sont soupçonnées à cet effet avec Gautam Adani accusé d’improper use of offshore tax havens and stock manipulation.
Au terme de cette nouvelle démarche, les autorités mauriciennes, notamment la Financial Services Commission, seront très probablement appelées à collaborer avec la SEBI en vue de faire la lumière sur ces compagnies opérant dans le secteur des services financiers à Maurice. À ce stade, les autorités boursières de l’Inde ont déjà approché deux banques d’investissements, Elara Capital et Monarch Nerworth Capital, qui faisaient partie de la dizaine de banques ayant géré le share offering du groupe Adani, qui aura perdu plus de $ 100 millions en market value depuis le 24 janvier dernier.
Ce scandale continue à prendre des dimensions politiques en Inde avec des interpellations soulevées par l’opposition au Lok Sabha avec le bureau du Premier ministre indien, Narendra Modi, tenu informé de tous les développements et le Federal Corporate Affairs Ministry donnant des directives pour une review of Adani’s past financial statements. Même si hier, le secrétaire financier de l’Inde, TV. V. Somanathan décrivait « the Adani issue as a storm in a teacup from a macroeconomic perspective. »
Par contre, le fonds souverain de la Norvège, le plus gros au monde avec 1 262 milliards d’euros d’actifs, s’est complètement désengagé du conglomérat indien Adani. Censé faire fructifier les revenus pétrogaziers de l’État norvégien, le fonds détenait fin 2022 quelque 200 millions de dollars d’actions dans ce groupe tentaculaire, avec des parts de 0,14 % dans Adani Green Energy, 0,17 % dans Adani Total Gas et 0,30% dans Adani Ports & Special Economic Zone.
« Depuis la fin de l’année, donc les cinq semaines depuis la fin de l’année, nous avons encore considérablement réduit notre exposition aux sociétés Adani », affirme Christopher Wright, responsable du suivi des risques ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) au sein du fonds. « Et donc aujourd’hui, à toutes fins utiles, nous n’avons plus aucune exposition » dans le conglomérat, a-t-il ajouté, sans fournir plus d’explications, lors de la présentation d’un rapport annuel sur l’éthique.
Entre 2014 et 2023, le fonds s’était déjà désinvesti de six filiales du conglomérat Adani, essentiellement pour des considérations environnementales, à savoir leur rôle dans la déforestation et l’importance de leurs émissions de gaz à effet de serre. L’an dernier, le fonds norvégien s’est désengagé d’un nombre record de 74 entreprises à travers le monde, jugeant leurs pratiques ESG nuisibles à leur rentabilité, et de 13 autres en vertu des recommandations d’un Conseil sur l’éthique.
Présent au capital d’environ 9 000 entreprises, mais aussi dans les placements obligataires et dans l’immobilier, le fonds est régi par des règles éthiques qui lui interdisent notamment d’investir dans les groupes coupables de violations graves des droits humains, fabriquant des armes nucléaires ou encore dans le charbon et le tabac.
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Au moins trois Top Ministers
en mission officielle en Inde
Alors que le Premier ministre, Pravind Jugnauth, se prépare à participer au prochain sommet de l’Union Africaine à Addis-Abeba en fin de semaine, au moins trois Senior Ministers sont en mission officielle en Inde. Ils sont le Deputy Prime Minister et ministre des Terres, Steven Obeegadoo, le ministre des Utilités publiques, Joe Lesjongard, le ministre des Servives financiers, Mahen Seeruttun. Lors de ce déplacement, Steven Obeegadoo a rencontré le ministre des Affaires étrangères de la Grande Péninsule, le Dr Subrahmanyam Jaishnakar, vendredi 10. Les échanges ont porté sur les possibilités d’entraide dans le secteur du tourisme, surtout après l’annonce de la compagnie indienne Vistara d’assurer cinq vols hebdomadaires vers Maurice à partir du 26 mars.