La facture pétrolière a plombé les comptes financiers de la compagnie aérienne nationale, Air Mauritius, pour les premiers six mois de l’exercice financier en cours. D’avril à septembre 2011, la compagnie aérienne a dû trouver une somme supplémentaire de l’ordre de Rs 990 M (24,8 M d’euros) pour honorer sa note de consommation de carburant, avec pour effet qu’au 30 septembre, elle se retrouve avec un solde négatif de Rs 708 M. Lors d’une présentation de ce bilan semestriel hier, le Chief Executive Officer (CEO) par intérim, André Viljoen, entouré de ses plus proches collaborateurs, s’est appesanti sur les mesures prises pour maintenir le cap et poursuivre le développement à long terme. Ainsi, l’exercice de Business Review a été enclenché, avec les consultants de SeaburyAPG Aviation Planning and Technology déjà sur place, et les premières recommandations attendues vers la fin de l’année.
Commentant le bilan pour le deuxième trimestre, Air Mauritius avance que « la compagnie enregistre une détérioration de ses résultats au deuxième trimestre affichant un résultat net négatif de 6,3 millions d’euros (Rs 252 millions) contre un bénéfice de 4,8 millions d’euros (Rs 200 millions) pour l’exercice précédent. Pour l’ensemble du semestre, la compagnie affiche un résultat net négatif de 17,7 millions d’euros (Rs 708 millions), contre un résultat net négatif de 6,8 millions (Rs 272 millions) sur l’exercice précédent ».
Dans la conjoncture et en anticipation des difficultés se profilant sur les marchés desservis par la compagnie, Air Mauritius a initié un rééquilibrage de sa croissance sur les pays émergents, avec 35 000 sièges additionnels au cours du trimestre écoulé. Les retombées sont que le nombre de passagers est en augmentation sur le deuxième trimestre (+4,4% avec 336 391 passagers) et sur le semestre (+3,8% avec 608 750 passagers).
De septembre de l’année dernière à septembre 2011, les marchés desservis par Air Mauritius ont été caractérisés par un double facteur, soit « declining demand and destination competition », avec une baisse moyenne de 0,8%. D’une année à l’autre, la performance d’Air Mauritius sur la France a enregistré une baisse de 3,9%, alors que l’essoufflement est encore plus marqué en Grande-Bretagne avec une réduction de 9,8%. La tendance à la baisse s’affiche sur les autres marchés, soit -11,3% en Afrique du Sud, -25,4% en Inde, alors qu’avec la nouvelle desserte vers Shanghai, la République populaire de Chine progresse de 129,9%.
« Irrespective of this challenging backdrop, Air Mauritius is maintaining its capacity deployment for the year in order to purse its growth objectives, protect its market and continue to support the tourism industry as it faces the current challenges », fait comprendre André Viljoen.
« Avec des taux de remplissage stables, de 78,6% pour le deuxième trimestre et de 76,5% pour le semestre, la compagnie fait la démonstration de la pertinence de sa stratégie commerciale et de la gestion de sa flotte », souligne la direction dans son analyse de la situation.
Au cours du trimestre écoulé, les recettes de la compagnie enregistrent une progression de 8,9% pour se retrouver à hauteur de 116 millions d’euros. Cette performance s’est avérée nettement insuffisante pour amortir le choc d’une augmentation des coûts de 14,5 million d’euros, soit +14,8% par rapport à l’exercice précédent, principalement dû à l’augmentation de 45% du prix du carburant.
Dans cette perspective, le bilan à la fin de septembre tire la sonnette d’alarme, en soulignant que « Air Mauritius doit en plus faire face à un carburant très cher, une volatilité des taux de change, notamment celui de l’euro/dollar, et une concurrence accrue avec pour effet immédiat une dégradation de la recette unitaire ».
« Leave no stone unturned »
L’heure est à la mobilisation pour relever les défis qui se posent, avec en point de mire une révision du modèle économique, et comme objectifs de la compagnie d’affronter les conséquences de la crise dans le monde de l’aviation aussi bien que du tourisme, tout en conservant son rôle de partenaire stratégique de l’économie.
La stratégie dégagée porte sur le court et le long termes. Pour le court terme, Air Mauritius mise sur les bénéfices d’une étroite synergie entre le conseil d’administration, le Management et le personnel. La priorité est de se concentrer sur les efforts en vue de mitiger les effets de la crise sur la performance de la compagnie.
Force est de constater que le suivi de la consommations de fioul sera la priorité des priorités. Sur les Rs 112,9 millions d’euros de dépenses pour ces premiers six mois, la note pour le carburant s’élève à 48,4 millions d’euros contre 34,1 millions pour la période correspondante en 2010. Les autres items de dépenses sont :
— l’enveloppe salariale : 14,5 millions d’euros contre 11,3 millions en 2010 ;
— les Handling Charges : 13,1 millions d’euros contre 12,1 millions ;
— l’entretien : 9,7 millions d’euros contre 10 millions,
— le marketing : 5,6 millions d’euros contre 5,2 millions
— autres dépenses : 11,5 millions d’euros contre 13 millions.
Le CEO par intérim déclare que « a daily monitoring unit has been set so that we leave no stone unturned to improve our performance. The daily monitoring unit will look after revenue improvement, cost management and ensure every opportunity taken to improve our performance ». La compagnie mettra également en chantier un projet en vue de revoir les « key operating processes ».
Mais l’enjeu sur le long terme devra être davantage plus déterminant, avec la décision d’embrigader « the right expertise and industry experience ». La firme internationale SeaburyAPG, basée aux États-Unis, a ainsi été recrutée pour entreprendre une revue stratégique du modèle de développement d’Air Mauritius.
Les consultants étrangers sont déjà à Maurice depuis bientôt trois semaines, et les premières recommandations devront être soumises à la direction de la compagnie vers la fin de cette année. Cet exercice devra fournir des options pour l’avenir d’Air Mauritius, vu qu’aujourd’hui, le marché international est contrôlé à 55% par les trois Star Airline Alliances, 11% par les compagnies opérant à partir du Golfe, 17% par les Low Cost Carriers et 17% par les autres, dont les Standalone Carriers comme Air Mauritius.
Pour Air Mauritius, la long term view of the business doit être guidée par une série de principes, dont :
— la vigilance par rapport à la politique d’indiscriminate cost cutting avec des répercussions néfastes sur la performance ;
— le maintien de la capacité,
— le rehaussement du niveau de service,
— la nécessité de retenir un personnel qualifié et
— des consultations approfondies avec les partenaires clé.
Le rapport SeaburyAPG devra ouvrir un nouveau chapitre dans l’histoire de la compagnie aérienne nationale, car cette étape imposera des investissements massifs ou encore la recherche de partenariats stratégiques pour faire de Maurice ce « Travel Hub » évoqué dans le discours du budget 2012.
« The short term measures as well as the longer term Business Review will place Air Mauritius in a much better position to take advantage of arising opportunities once market conditions improve », a conclu Andre Viljoen.
EXERCICE FINANCIER: Air Mauritius, la facture pétrolière pèse lourd (+ Rs 990 M)
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