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Budget : les tarifs du CEB et la dépréciation de la roupie inquiètent

— Pression de Business Mauritius sur le GM pour revoir à la baisse les tarifs Lesjongard de 28%

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— La Banque de Maurice sort de ses gonds face aux spéculateurs et impose le seuil de Rs 46 par rapport au dollar US

En marge de la troisième et dernière semaine de consultations prébudgétaires pour l’exercice 2023-24, soit celui précédant les prochaines élections générales, deux principaux ingrédients ont émergé.

Ainsi, le poids de la récente révision à la hausse des tarifs du Central Electricity Board (CEB), notamment le maximum de 28% que ce soit pour les opérateurs dans le secteur florissant de l’hôtellerie ou encore la filière des Petites et Moyennes Entreprises (PME), se fait sentir lourdement.

Au point où à deux reprises en moins de 24 heures, Business Mauritius, regroupant les capitaines de l’industrie, a cru nécessaire de faire comprendre au ministre des Finances, Renganaden Padayachy, que les nouveaux tarifs d’électricité font mal. De son côté, le gouverneur de la Banque de Maurice, Harvesh Seegoolam, n’a pas hésité de monter au créneau pour montrer presque un carton rouge au marché concernant le taux de change de la roupie par rapport au dollar américain. Il s’est même permis de fixer le seuil psychologique de Rs 46 pour le billet vert américain au tableau de change. Avec, en prime, une menace contre ceux qui sont à la base des manoeuvres contre la roupie, qu’ils soient banquiers ou opérateurs économiques.

Cette semaine devra voir la conclusion de l’étape initiale menant à la présentation du prochain budget au plus tard au cours de la première dizaine de juin, si ce n’est plus tôt. D’aucuns affirment que compte tenu du contexte avec un political unknown d’envergure sous la forme de l’appel de la pétition électorale de Suren Dayal contestant les résultats dans la circonscription de Quartier-Militaire/Moka (N°8) devant le Judicial Committee of the Privy Council du 10 juillet prochain, la teneur du quatrième Budget Speech du Grand Argentier revêt toute son importance et sa pertinence dans la conjoncture politique.

Mais, déjà, les paris sont ouverts avec un banker, en l’occurrence un ajustement à la hausse des prestations sociales en faveur de ceux à la retraite. Le ministre des Finances l’avait promis quand il avait refusé encore une fois de traiter les bénéficiaires de la pension sur un même pied d’égalité les salariés avec la compensation salariale de Rs 1 000 effective depuis le janvier dernier.

Un autre item qui devra retenir l’attention porte sur les prix des produits pétroliers à la pompe. Même si en ouverture de ces consultations prébudgétaires, notamment avec pour interlocuteurs les représentants du monde syndical et des salariés, le même ministre des Finances avait osé dire que toute révision à la baisse des prix pétroliers n’est nullement à l’agenda, rien n’empêche que dans le budget, il pourra venir dire à la nation que le gouvernement aura consenti à un effort spécial à ce chapitre en faveur des consommateurs.

Mais tout cela relève de la conjecture en cette conjoncture prébudgétaire. Pour ce qui est du concret, Business Mauritius ne s’est épargné aucun effort pour attirer l’attention du ministre des Finances sur les répercussions des nouveaux tarifs du Central Electricity Board (CEB), notamment dans le secteur de l’hôtelier et la filière des PME. D’abord, lors des échanges de lundi dernier sur la plateforme du Public-Private Sector Joint Committee et 24 heures après lors de la rencontre consacrée aux préparatifs prébudget 2023-24 avec les représentants du secteur privé.

Alourdissement des coûts d’opération

D’ailleurs, le communiqué émis par le Government Information Service (GIS) à l’issue de la réunion trimestrielle GM-secteur privé de lundi dernier, souligne que « Dr Padayachy stated that another issued raised during the PPJC was the hike in electricity tarifs. » Le ministre a confirmé que les discussions ont été axées sur des solutions éventuelles en faveur des opérateurs des PME « so as to limit the impact of the surge. »

Toutefois, force est de constater que le secteur de l’hôtellerie a été quelque plus actif sur le front contestant les nouveaux tarifs Lesjongard. Le secteur privé, en l’occurrence l’Association des Hôtels et Restaurant de l’Ile Maurice (AHRIM), est de nouveau revenu à la charge 24 heures après en qualifiant cette mesure d’injustifiée. Ces 28% de hausse des tarifs d’électricité se traduisent par un alourdissement des coûts d’opération de l’ordre de Rs 575 millions au préjudice des opérateurs du tourisme. Ce chiffre a été avancé par Jocelyn Kwok, Chief Executive Officer de l’AHRIM.

En fin de semaine, la Mauritius Chamber of Commerce and Industry, par le truchement de sa présidente, Namita Jagarnath Hardowar, a prêté sa voix à ce concert de protestations contre les tarifs du CEB. Plus tôt en début de semaine, Jacques Sauzier, secrétaire générale de la Chambrte d’Agriculture, soutenait que les 28% de hausse de la facture d’électricité sont venus se greffer à une équation mettant en péril la compétitivité du secteur agricole, en particulier le sucre.

Difficile à dire quelle sera la nouvelle posture de Renganaden Padayachy face à cette demande du privé, d’autant que les windfall gains au tableau du taux de change de la roupie profitent principalement au tourisme et aux opérateurs tournés vers l’exportation. Ainsi, alors que les membres de la Mauritius Bankers Association sont attendus cette semaine à la table des consultations prébudgétaires du ministre des Finances, le gouverneur de la Banque de Maurice est déjà passé par là pour administrer un savon aux spéculateurs sur le marché de change.

Avertissement aux

banques commerciales

Le Grand Argentier, qui dans un premier temps, avait trouvé que « the strong demand for currencies has put a lot of pressure on the value of the rupee », changera-t-il son fusil d’épaule face à ses interlocuteurs de la MBA mercredi prochain. En tout cas, Harvesh Seegoolam n’y est pas allé de mainmorte pour s’attaquer de front aux opérateurs du tourisme et de la manufacture, deux secteurs générateurs de devises étrangères avec la reprise Post-Covid-19, presque accusés de thésaurisation.

« Des opérateurs opérant dans les secteurs de l’hébergement et manufacturier se livrent à des spéculations en entretenant l’impression que la roupie continuera à se déprécier. Or, l’entrée des devises étrangères dans le pays a déjà retrouvé le niveau prépandémique et l’a même dépassé durant les mois de janvier, février et mars », a dénoncé de manière véhémente le gouverneur de la Banque de Maurice vendredi.

Tout en fixant un seuil de Rs 46 pour le dollar américain, d’ailleurs le cours auquel la Banque de Maurice a injecté dix millions de dollars vendredi, Harvesh Seegoolam a adressé un avertissement à peine voilé aux banques commerciales. « The game in which many operators have embarked has to stop. Des sanctions seront prises contre les opérateurs qui n’adhèrent pas aux directives de la Banque de Maurice », a-t-il déclaré, en ajoutant que « que certaines banques se livrent à des pratiques considérées comme inacceptables en essayant de soutenir les spéculations artificielles auxquelles se livrent certains opérateurs. »

Avec la fin de ce premier round, le ministre des Finances et ses proches collaborateurs de la Budget Cell enclencheront pendant le mois d’avril l’étape de l’examen et de l’arbitrage des Budget Estimates soumis par les différents ministères. En parallèle, les premières moutures du Budget Speech devront être esquissées ,car dès la fin d’avril, le compte à rebours deviendra inéluctable, avec surtout un œil sur ce qui se passera à partir du 10 juillet devant le Judicial Committee of the Privy Council, même si le Premier ministre, Pravind Jugnauth, déclare afficher la sérénité quant à l’issue de cette contestation des résultats des élections générales du 7 novembre 2019 avec pour principal argument la promesse d’une révision substantielle de la pension aux aînés de la société…

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