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CONGRÈS CIEF : Émouvante profession de foi d’un poète de l’île et de l’exil

Le prix 2013 Conseil international des Études francophones (CIEF) a été officiellement proclamé hier au Centre de conférences de Grand-Baie face à l’assistance composée des participants au congrès, qui sont arrivés et des personnalités venues pour l’occasion. Si la présidente Eileen Lohka a souligné à travers cette distinction l’importance de l’oeuvre poétique d’Édouard Maunick, elle n’a pas manqué aussi de rappeler le riche parcours de l’homme. Thierry Léger, le directeur général du CIEF, universitaire basé aux États-Unis, a quant à lui ouvert la cérémonie en montrant que le choix de Maurice comme premier pays d’accueil du CIEF dans cet hémisphère est tout sauf un hasard…
« Karay de l’inter/transculturel : heurts et bonheurs » est le thème qui réunit environ 250 participants (qui n’étaient pas tous arrivés hier) jusqu’à dimanche dans de nombreuses sessions de travail sur divers aspects de la littérature francophone du monde entier. « Expérience réussie d’une société multiculturelle et francophone » est une des appréciations que Thierry Léger a énoncées pour justifier le choix de Maurice comme pays d’accueil pour le présent congrès. Aussi a-t-il introduit la présidente qui a commencé son allocution avec humour : « Vous n’êtes pas venus dans une petite île de l’océan Indien. Vous êtes venus au centre du monde ! » Cette cérémonie qui s’est déroulée en l’absence du ministre de la Culture, et donc sans son discours, a accueilli une allocution de l’ambassadeur de France, Jean-François Dobelle et de la représentante du département Culture et Avenir rattaché au PMO, Géraldine Hennequin qui a conclu par un sympathique à propos : « Je ne suis pas d’un pays, je suis d’une langue. »
Le poète Édouard Maunick a offert, en différé, un grand moment au centre de conférence grâce à l’allocution qu’il a enregistrée à Paris en prévision de l’attribution du prix du Conseil international des Études francophones 2013, qu’il a donc officiellement reçu in abstentia. Ce grand fils du sol est apparu à l’écran sans décor et dans une mise toute simple. Les amateurs connaissent sa verve, mais cette fois-ci il n’a pas improvisé. Il n’a pas joué devant la caméra ou tenté quelques pirouettes souriantes dont il a le secret. Il avait chaussé ses lunettes et tête tournée vers son texte, quasiment d’un bout à l’autre de l’enregistrement, il a lu d’une voix ferme et douce, dans la retenue et avec gravité, un texte qui devrait rester dans les mémoires.
Leçon de vie et de poésie, cet enregistrement mériterait une diffusion à grande échelle sur nos antennes radiophoniques ou télévisuelles, tant il cristallise les principes essentiels de la littérature mauricienne depuis les années soixante, une littérature insulaire certes, une littérature héritière de la négritude aussi, une littérature de l’exil mais encore la littérature d’un perpétuel retour sur « cette petite terre » dont la place est ici à nouveau confirmée dans le monde francophone par ce prix et ce premier congrès que le CIEF organise dans l’hémisphère sud alors qu’il en est à la vingt-septième édition. Le poète dit qu’il a compris un jour, alors qu’il était ailleurs « qu’il lui manquait un petit quelque chose », un petit morceau de terre : « Dans l’immensité, j’ai appris la grandeur, l’immensité de l’île ».

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