Opération Maradiva, Lakaz Mama : l’empire financier d’Angus Road placé sous haute surveillance

  • La FCC autorisée par la Cour suprême à initier un Forensic Auditing complet de la fortune de l’ex-PM, de son épouse, Kobita Jugnauth, et de ses trois filles
  • Le beau-frère de l’ex-PM, Sanjiv Kailash Ramdenee, devant être entendu Under Warning incessamment, pourrait rejoindre son clan familial
  • Les autres suspects sous caution – Josian Laval Deelawon, Nitish Oomah et Devianee Ramchurn, proches des Jugnauth – ciblés par cette nouvelle étape de l’enquête pénale

Indépendamment de la trêve observée pour le pèlerinage de Maha Shivaratree et le passage dans les parages du cyclone Garance mi-semaine dernière, les enquêteurs de la Financial Crimes Commission (FCC), sous les directives du directeur général par intérim, Sanjay Dawoodharry, n’ont pas chômé. Faute de pouvoir maintenir la pression sur les suspects dans le cadre de l’opération Maradiva, Lakaz Mama, avec une première saisie de Rs 113,8 millions dans trois valises et un sac pour la Saint-Valentin à Pointe-aux-Canonniers et à Terre-Rouge, ils ont en effet présenté à un juge siégeant en référé en Cour suprême des demandes en vue de placer sous haute surveillance l’empire financier de l’Angus Road. En marge de cet exercice de Forensic Auditing de la fortune de l’ancien Premier ministre et leader du Mouvement Socialiste Militant (MSM), de son épouse, Kobita Jugnauth, et de ses trois filles, Sonika, Sonali et Sara, la FCC prévoit de reprendre la série d’interrogatoires des suspects et autres témoins dans cette sinistre affaire de fraude et de corruption alléguées, et de blanchiment de fonds, à l’aide de valises dotées de Luggage Tracker. Ainsi, il ne serait nullement inopportun de prévoir que le beau-frère de l’ancien Premier ministre, Sanjiv Kailash Ramdenee, soit de nouveau convoqué dans les prochains jours pour interrogatoire Under Warning au sujet des soirées arrosées au Maradiva pour mettre au point le mouvement des valises de fonds au nom des Jugnauth.

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Tout semble indiquer que l’enquête de la FCC sur la découverte de trois valises et d’un sac contenant Rs 113,8 millions, au moins sept montres de marques Cartier et Rolex, de même que des documents personnels et embarrassants, avec dans le Backdrop l’ex-Premier ministre Pravind Jugnauth, aborde ces jours-ci un tournant décisif. Malgré les avancées versées dans le dossier à charge pour connecter pénalement les Jugnauth, plusieurs zones d’ombre persistent, notamment l’aspect fondamental des Sources of Funds.

Pour faire la lumière sur ce dossier, la FCC a obtenu formellement de la Cour suprême un ordre permettant d’examiner les informations personnelles et financières de neuf VVIPs, dont le leader du MSM son épouse et leurs trois filles. D’autres suspects, en liberté provisoire ou non, sont également concernés, notamment Devianee Ramchurn, adjointe au maire de Vacoas-Phoenix, et sa fille. Cette démarche concerne également Josian Laval Deelawon, patron de My Holidays Ltd, et son comptable, Chandradeo Oomah, deux maillons forts de l’opération Maradiva, Lakaz Mama, après les élections générales du 10 novembre de l’année dernière.

Initialement, le Legal Department de la FCC envisageait un possible Freezing Order des comptes bancaires après la saisie de Rs 113,8 millions. Mais cette option a été reléguée au second plan, les enquêteurs privilégiant un examen des comptes en vue d’établir les mouvements de fonds. En cas de quelconque élément suspect, la FCC pourrait alors demander un gel du compte d’un ou de divers protagonistes, ou encore opter pour des Unexplained Wealth Orders aux termes de la loi Bhadain.

D’autre part, la FCC a également obtenu l’autorisation de consulter les relevés téléphoniques de ces neuf individus auprès des opérateurs mobiles en vue de retracer le Pattern des communications liées aux transactions suspectes. Les requêtes relatives ont été logées devant la Cour suprême mardi dernier, soit juste avec le jour férié de Maha Shivaratree, et le jour chômé du cyclone, le 25, par Me Bibi Mahejabeen Chatoo (avouée), de la FCC.

L’un des principaux obstacles pour les enquêteurs est l’absence de documents de change qui permettraient de retracer la provenance de cet argent. De plus, aucun suspect n’a reconnu en être le propriétaire, hormis Josian Laval Deelawon, directeur de My Holidays Ltd, qui a affirmé que les Rs 497 000 saisies à son domicile à Bain-Boeuf appartiennent à son entreprise. Par ailleurs, l’ex-chef du gouvernement a jusqu’ici catégoriquement nié tout lien avec ces fonds, préférant se laver les mains de cette accablante affaire à la manière de Ponce Pilate.

Le 16 février, Pravind Jugnauth, Devianee Ramchurn, Josian Laval Deelawon et Chandradeo Oomah ont été arrêtés par la FCC et inculpés de blanchiment d’argent, avant d’être remis en liberté sous caution. L’ex-Premier ministre est soupçonné d’avoir dissimulé Rs 113,8 millions par l’intermédiaire de Deelawon, qui aurait reçu ces fonds de Devianee Ramchurn en novembre dernier. Lors d’une perquisition menée le 15 février à Pointe-aux-Canonniers, Josian Laval Deelawon aurait été trouvé en possession de Rs 108,7 millions, tandis que Chandradeo Oomah, lui, aurait détenu Rs 5,57 millions en devises et sept montres de luxe à son domicile, à Terre-Rouge.

À ce stade, la FCC cherche toujours à identifier d’éventuels prête-noms ayant pu être utilisés pour dissimuler la véritable provenance de cet argent. L’analyse des comptes bancaires des personnes impliquées sera cruciale pour déterminer si des transactions suspectes ont eu lieu. Selon une source proche de l’enquête, la famille Jugnauth et les autres protagonistes seront appelés à justifier l’origine de leurs avoirs une fois ces vérifications achevées.

Ces développements, en vue de faire la lumière sur l’empire financier de l’Angus Road, surviennent dans le sillage de la récente campagne électorale pour les législatives, où les leaders des deux principaux blocs politiques se sont affrontés sur des comptes bancaires opérés à l’étranger en leurs noms. Pravind Jugnauth s’était même aventuré publiquement à défier Navin Ramgoolam sur des comptes bancaires en son nom à Hong Kong, Singapour ou Dubaï.

Et le Forensic Auditing du clan des Jugnauth, avec déjà Rs 113,8 millions libellées en devises étrangères et en roupies, déjà sous le contrôle de la FCC, avec l’opération Maradiva, Lakaz Mama, se présentant comme une autre paire de manches.

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