Le trafic illégal d’eau potable via les camions-citernes a le vent en poupe dans certaines régions de l’île. Face ce fléau, la CWA a enfin décidé de prendre le taureau par les cornes. Elle a mis hors d’état de nuire deux de ses employés qui s’adonnaient à ces basses besognes. Ils ont été suspendus à la lumière des graves conclusions découlant de l’audit interne de l’organisme qui a révélé un trafic illégal de grande envergure dans le Nord de l’île. Deux habitants de Goodlands ont par ailleurs été pris en flagrant délit de forage illégal le 4 février. Ils ont été interpellés par la police.
La CWA possède 21 camions-citernes, mais lorsque ceux-ci ne suffisent pas, les services d’une quinzaine de camions-citernes du privé sont sollicités pour alimenter certaines zones où la pénurie d’eau fait rage, comme actuellement dans le Nord et dans l’Est du pays. Cette situation donne souvent lieu à une pratique jugée illégale : le lucratif business lié à la vente d’eau potable orchestré par des brebis galeuses au sein de la CWA qui distribuent l’eau moyennant de l’argent. Or, ce service est gratuit pour les besoins domestiques et les langues se délient du côté des abonnés se sentant lésés dans leurs droits. « Certains habitants et commerçants paient les camionneurs, qu’ils appellent directement sur leur téléphone portable, pour être réapprovisionnés en priorité, et ce, jusqu’à trois ou quatre fois par semaine. Il s’agit généralement de propriétaires qui ont loué leur bungalow ou appartement à des touristes ou à des vacanciers. C’est injuste. Pa res delo pou nou. Li pa bon. Enn ta fwa nou’nn met CWA o-kouran », peste un habitant de Grand-Gaube.
Notre interlocuteur souligne que « certains employés de la CWA réclament Rs 2 000 pour le remplissage des camions-citernes privés. L’argument avancé par ces préposés pour la réclamation d’un tel montant serait le coût du traitement ». C’est le ministre de l’Énergie et des Services publics, Patrick Assirvaden, qui a sommé la CWA de diligenter une enquête, il y a deux semaines, suivant le courroux de nombreux abonnés qui avaient donné des détails précis sur certaines zones où les infractions étaient commises. Force est de constater que l’enquête a porté ses fruits, révélant l’existence d’un trafic d’eau potable de grande envergure impliquant deux techniciens de l’organisme et un commerce dans la région de Melville à Grand-Gaube. « Un an que ce manège dure.
La fourniture d’eau a été détournée exclusivement vers ce commerce à 89 reprises de février 2024 à janvier 2025. Le paiement des différentes livraisons était remis aux deux techniciens. Ces derniers, suspendus, feront face à un comité disciplinaire », confie une source au sein de l’instance régulatrice.
La fraude du précieux liquide concerne aussi le forage illégal. Depuis, quelques semaines, la CWA nourrissait des suspicions autour d’un cas de pompage illégal d’eau souterraine à Beau Plateau Road, Goodlands. Des techniciens de la CWA ont découvert le pot aux roses, le 4 février, dans l’enceinte d’un verger. Un forage équipé d’une pompe submersible électrique reliée à une tuyauterie en acier acheminait l’eau vers un camion-citerne. Là où le bât blesse demeure le fait que le propriétaire du terrain ne disposait pas de permis d’exploitation. La dernière autorisation avait expiré depuis des années. Une plainte a été déposée contre ledit propriétaire.