Sanjiv Kailash Ramdanee, le beau-frère de l’ex-Premier ministre, Pravind Jugnauth, a été confronté à une première partie des certains éléments fournis par Josian Laval Deelawon dans son Statement au Reduit Triangle en marge de l’opération Maradiva Zanfan Lakaz, hier. Assisté de Me Siddhartha Hawoldar, il dit connaître le Chief Executive Officer (CEO) de My Holidays Ltd et qu’ils se rencontrent pour discuter et prendre des repas ensemble dont au Maradiva. Il avance que Josian Laval Deelawon serait un client de son établissement et qu’ils entretiennent des relations amicales. « Mo’nn kolabore avek Josian Deelawon », dit-il, faisant référence à leur business. Comme les deux font affaire dans le domaine touristique, Sanjiv Ramdanee affirme qu’ils ont déjà travaillé ensemble dans le passé et qu’il n’a pas eu de problème avec le principal concerné.
À ce stade de l’interrogatoire, les enquêteurs n’ont pas encore abordé le dîner crucial du 21 novembre 2024, où selon Josian Laval Deelawon, Pravind Jugnauth lui aurait dit qu’une femme devait lui remettre une valise d’argent qu’il doit garder dans un lieu sécurisé. Ce chapitre de la Maradiva Saga, avec en jeu une somme de Rs 113,8 millions en roupies et devises pourra être ouvert lors d’une prochaine séance d’interrogatoire.
Entre-temps, les limiers de la Financial Crimes Commision avaient mené des perquisitions à l’hôtel Maradiva et dans un commerce appartenant à Sanjiv Ramdanee dans la région de Quatre-Bornes. Aucun élément incriminant n’a été trouvé lors de ces exercices. Ce fait a été consigné dans un Statement et signé par Sanjiv Ramdanee qui confirme avoir assisté à ces perquisitions.
Après cinq heures passées au Reduit Triangle, le beau-frère du Premier ministre a été autorisé à rentrer alors qu’une autre séance d’interrogatoire est prévue aujourd’hui ou jeudi. Tout dépendra de l’agenda de Me Siddhartha Hawoldar qui a des obligations professionnelles dans la matinée.
Dans la matinée, une autre escouade de la Financial Crimes Division a poursuivi le travail de consolidation à charge contre le dénommé Jossian Deelawon en approfondissant ses connexions d’affaires. Ainsi, les dossiers traités à l’Economic Development Board au nom de la société de MyResidential Property Management Co. Ltd. de Josian Laval Deelawon ont été réquisitionnés à cet effet.
En parallèle, le Chief Executive Officer (CEO) de My Holidays Ltd signifie son intention de poursuivre sa collaboration avec les autorités en vue de faire la lumière sur le mystère des trois valises et d’un sac avec des coupures bancaires locales et étrangères d’une valeur de Rs 113,8 millions. « Depuis la perquisition des locaux de sa compagnie, mon client coopère pleinement avec les enquêteurs. Il a aussi participé à un exercice d’identification et a exprimé son intention de continuer à collaborer pleinement avec les enquêteurs », répète Me Shameer Hussenbocus, dont les services ont été retenus par Josian Laval Deelawon.
La traque aux devises jusqu’au fond des valises
– Une dizaine de perquisitions depuis samedi n’ont pas permis de retrouver de « Currency Exchange Documents », laissant présager des transactions de nature illégale
– Le Prime Suspect Josian Laval Deelawon maintient: « Pravind inn dir mwa kas donasion sa »
Une des priorités des limiers de la Financial Crimes Commission (FCC) est d’identifier et d’établir la provenance des devises saisies dans des valises chez Josian Laval Deelawon et Chandradeo Oomah durant le week-end lors de l’opération Maradiva Lakaz Mama. Depuis samedi, des officiers ont perquisitionné différents lieux mais ces sorties n’ont pas permis de mettre la main sur des Currency Exchange Documents.
De ce fait, ils n’ont aucune confirmation où les devises, dollars américains, livres sterling, rands, shillings et dirham, entre autres, ont été échangées. Ni aucune information sur qui a procédé à l’échange des roupies en devises. Ce qui accroit les doutes des enquêteurs de la Financial Crimes Commission quant à l’ampleur du trafic de devises sur le marché noir. Cela, alors que depuis plusieurs mois des Mauriciens se plaignent d’un manque de devises dans le circuit officiel pour les besoins de déplacements à l’étranger ou pour assurer les importations de biens et services.
Comme aucun des protagonistes arrêtés dans le cadre de cette enquête avec des devises et roupies d’un montant de l’ordre de Rs 113,8 millions dans trois valises et un sac n’a évoqué la propriété, les enquêteurs de la Financial Crimes Commission se retrouvent confrontés à un dilemme. Il est certain que des instances financières internationales suivent avec un intérêt redoublé l’évolution de cette High Profile Probe, avec un ancien Premier ministre, Pravind Jugnauth, en liberté sous caution, d’autant plus qu’en janvier dernier l’agence de notation internationale, Moody’s, a maintenu la note Baa3 à Maurice, mais avec une perspective négative.
La Financial Crimes Commission est sous pression en vue de démontrer qu’elle dispose des moyens pour lutter contre le blanchiment d’argent. D’où des pourparlers au niveau de son département légal pour évoquer des possibilités de Money and Audit Trail et de Freezing Orders. Des développements pourraient intervenir à ce sujet dans les prochains jours. Cet aspect de l’enquête pourrait être d’une grande étendue car il y a des ramifications internationales de par la saisie des devises, avec éventuellement des demandes de Legal Mutual Assistance avec le Serious Fraud Office britannique ou le Central Bureau of Investigation de l’Inde pour la série de montres des marques Cartier et Rolex retrouvées dans les valises de la Maradiva Connection.
Par ailleurs, Josian Laval Deelawon a poursuivi son Statement au Reduit Triangle où il maintient avec force que l’argent dans les valises ne lui appartient pas. Revenant sur le fameux dîner du 21 novembre dernier au Maradiva où l’ex-Premier ministre et leader du MSM lui aurait affirmé qu’une femme lui remettra une valise et qu’il devra la garder en lieu sécurisé, il répètera « Pravind inn dir mwa kas donasion sa », faisant allusion aux contributions financières pour les élections générales de 2024.
C’est l’une des raisons qui poussent la Legal Team de la FCC à envisager à ouvrir le War Chest du Sun Trust. Josian Deelawon a affirmé également qu’il connaît Pravind Jugnauth depuis près d’une décennie de même que le beau-frère de celui-ci, Sanjiv Kailash Ramdanee. L’homme d’affaires est considéré comme étant un « zanfan lakaz » au Maradiva, ayant même un Private Office dans l’enceinte de ce domaine. Raison pour laquelle la Financial Crimes Commission avait débarqué sur place une première fois dans la soirée de samedi pour une perquisition. Elle n’avait rien trouvé de suspect dans ce bureau qu’occupait Josian Deelawon. Une escouade d’enquêteurs était repartie le lendemain, avec un nouveau mandat de perquisition.
Entre-temps, la FCC a émis un Notice on Departure contre le dénommé Sanjiv Kailash Ramdanee, un des Ascot Guys avec Zouberr Joomaye. D’après les renseignements disponibles, les enquêteurs souhaitent obtenir des éclaircissements de sa part au sujet de la location de ce Private Office à Josian Deelawon et d’autres aspects que la FCC ne veut dévoiler à ce stade (voir détails plus loin).
Quant au même Notice à l’encontre Basoodeo Seetaram, ce chatwa du MSM de premier plan, qui était de tous coups sous le précédent gouvernement de Pravind Jugnauth, les limiers disposent d’informations à l’effet qu’il a pu jouer un rôle pour assurer la connexion avec Devianee Ramchurn. Cette dernière est accusée d’avoir remis une valise d’argent à Josian Deelawon le 24 novembre 2024. Elle nie les faits. Cependant, la FCC est confiante de trouver des communications téléphoniques entre Devianee Ramchurn et l’homme d’affaires durant cette période.
COUR DE PAMPLEMOUSSES
Devianee Ramchurn libérée sous caution
L’ancienne Deputy Mayor de Vacoas/Phoenix, Devianee Ramchurn, a retrouvé la liberté conditionnelle après sa comparution au tribunal de Pamplemousses hier. Les débats étaient prévus sur la Bail Motion, présentée en son nom.
Mais, le Police Prosecutor a informé la Cour que les enquêteurs de la Financial Crimes Commission n’ont pas d’objection à ce qu’elle retrouve la liberté. La justice lui a imposé les conditions suivantes: deux cautions de Rs 200 000 chacune, signer une reconnaissance de dette de Rs 5 millions. En plus, elle ne doit pas interférer avec des témoins, et être en possession d’un numéro de téléphone pour que la Financial Crimes Commission puisse entrer en contact avec elle. C’est Me Roshan Santokhee qui est désormais son avocat.
Devianee Ramchurn a été identifiée par Josian Laval Deelawon comme étant celle qui lui avait remis une valise d’argent le 24 novembre 2024. Elle a nié ces accusations lors de son interrogatoire Under Warning à la FCC dans la soirée de samedi. Elle a aussi remis aux enquêteurs son cellulaire pour décryptage.
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