Avec l’ajournement des travaux de l’Assemblée nationale à vendredi après-midi, tout indique des débats sur la Motion of Thanks à la Presidential Address inscrite au nom de Babita Thannoo de Rezistans & Alternativ reprendront avec une intervention du ministre de l’Agro-Industrie, Arvin Boolell. Le calendrier de l’Assemblée nationale établi laisse voir que ces débats devront prendre fin avant les fêtes nationales du 12 mars. L’adoption des amendements à la Financial Crimes Commission, visant à restituer au Directeur des Poursuites Publiques ses prérogatives sous la Constitution, devra également être à l’ordre du jour. Avec l’intervention de Babita Thannoo, faisant rayonner un air de changement et de fraîcheur au sein de l’hémicyle, les autres intervenants de la majorité de mardi n’ont nullement démérité. A ce stade, aucun des deux membres de l’opposition n’est intervenu. De son côté, la Speaker, Shirin Aumeeruddy-Cziffra, a pris le soin d’apporter une précision pour les besoins de Hansard à l’effet que le député du PMSD, Adrien Duval, était sur la liste des orateurs, mardi, même si en fin de compte, il a préféré jouer aux abonnés absents à l’heure des débats.
RAM ETWAREEA, BACKBENCHER
« Le pays a besoin de pôles de croissance »
Ram Etwareea dit soutenir les mesures du discours-programme et estime qu’il y a une reprise de confiance au sein de certains secteurs. « Les indices boursiers ont augmenté depuis la semaine dernière », dit-il. Ce dernier s’est réjoui aussi que l’économie bleue sera développée sous ce régime. « Nous avons besoin de pôles de croissance », explique-t-il. L’élu de Grand-Baie/Poudre-d’Or (No 6) a exposé les avantages de ce secteur. Il en a aussi profité pour dénoncer le pillage de nos ressources en mer et l’opacité derrière certains contrats de pêche accordés à des étrangers.
Ram Etwareea a aussi mis l’accent sur le besoin de transformer les terrains abandonnés en terres agricoles. « Il y a des lopins de terre d’environ 5 000 arpents qui sont laissés à l’abandon et aux mauvaises herbes » , dit-il en faisant comprendre que les raisons sont diverses, comme un manque de garantie de profitabilité ou encore une pénurie de main-d’œuvre pour cultiver nos terres. « Nous devons créer des conditions saines pour ramener les familles d’agriculteurs à la terre. » Il propose ainsi au gouvernement de leur donner des facilités à cet effet.
Raviraj Beechok, Backbencher :
« Une vision ambitieuse à moyen et long terme »
Raviraj Beechok estime que le discours-programme du gouvernement « est une vision ambitieuse à moyen et long termes, s’attaquant aux problèmes urgents . » De ce fait, il a cité les ravages de la drogue dans le pays et estime que les mesures annoncées vont beaucoup aider. Il a aussi axé une bonne partie de son discours sur l’héritage laissé par l’ancien régime, comme le sort de la Banque centrale. « Longtemps considérée comme un joyau, la BoM a été transformée par le MSM en un guichet automatique, tantôt pour remplir la dette du gouvernement, tantôt pour distribuer de l’argent aux petits copains de Lakwizinn », s’insurge-t-il.
Le député de Flacq/Bon-Accueil (No 9) affirme que « le programme du gouvernement est fondé sur une idéologie solide et dit la vérité au peuple. Ce n’est pas un assemblage de mesures superficielles (…) Ce programme touche des générations qui vont venir et vient rétablir la notion de prospérité. »
Raj Pentiah , ministre de la Fonction publique:
« Des ingrédients essentiels
pour redresser notre pays »
Le ministre de la Fonction publique, Raj Pentiah, avance que « le programme gouvernemental contient tous les ingrédients essentiels pour redresser notre pays ». Il ajoute que « les mesures annoncées reflètent la philosophie de ce gouvernement, qui vise à insuffler un nouveau dynamisme à la manière dont les affaires du pays seront menées ». L’un des points forts concerne l’engagement du régime à redresser l’économie « par des mesures économiques claires ».
L’intervenant a aussi donné l’assurance que le gouvernement renforcera le pouvoir du bureau du Directeur des Poursuites Publiques pour traiter les questions de criminalité. Il a saisi l’occasion pour dénoncer la prolifération de drogue dans le pays, trouvant qu’« avec le gouvernement précédent, les dealers sont devenus des barons. »
Raj Pentiah assure de fait que le régime en place s’attaquera à ce fléau. « La force policière sera équipée de technologies modernes et le cadre juridique avec la loi sur le Police And Criminal Evidence (PACE) deviendra une réalité. »
Raj Pentiah a aussi évoqué le Public Sector Bill sur lequel son ministère travaille. « Cette loi permettra au gouvernement de moderniser la fonction publique, de promouvoir une bonne gouvernance et d’assurer l’accountability », rassure-t-il.
Véronique Leu-Govind, Junior Minister à la Culture :
« Les Mauriciens ont de grandes attentes
de ce gouvernement »
La Junior Minister à la Culture, Véronique Leu-Govind, affirme que « les Mauriciens ont de grandes attentes vis-à-vis de ce gouvernement » et que le discours-programme apporte justement « de nouveaux espoirs et de réelles solutions à de nombreux problèmes ». Elle dénonce le fait que « sous l’administration précédente, le pays a été mené à la ruine ». Elle a cité de nombreux exemples dans sa circonscription de Savanne/Rivière-Noire (No 14). « Cette circonscription a trop longtemps été marginalisée, ignorée et utilisée comme outil politique par certains individus qui ne cherchaient que des gains personnels », dit-elle.
Elle cite des conditions précaires dans lesquelles des familles vivent. « Elles n’ont pas accès à des infrastructures de base comme l’eau ou l’électricité. Un exemple est le village de Cotteau-Raffin. » Alors que dans certaines régions, des enfants avaient à marcher trois à quatre kilomètres pour prendre le bus afin de se rendre à l’école.
Véronique Leu-Govind a ainsi salué l’initiative du ministère du Transport qui a apporté une solution temporaire en attendant un projet à long terme. Tout comme l’assurance du ministère des Terres et du Logement sur la construction des maisons NSLD au No 14.
Par ailleurs, la Junior Minister a salué la mesure gouvernementale visant à restaurer la démocratie en travaillant sur une nouvelle loi sur les élections régionales.
Roshan Jhummun, Backbencher :
« Il faut une uniformité
au niveau de l’éducation »
Roshan Jhummun estime qu’il faudra revoir certaines mesures dans le système éducatif, comme l’élimination graduelle des Academies dans sa forme actuelle. « Il faut une uniformité au niveau de l’éducation », dit-il, faisant référence aux problèmes rencontrés au sein de certains collèges régionaux. Le parlementaire se dit en faveur de la montée des collégiens au Higher School Certificate (HSC) avec trois Credits, mais il souhaite aussi un rehaussement du niveau. « Cela ne peut se faire qu’avec de la discipline », préconise-t-il.
Par ailleurs, Roshan Jhummun a axé son discours majoritairement sur les manquements de l’ancien gouvernement. « Le MSM et ses alliés ont failli politiquement, économiquement, socialement, écologiquement et même légalement », dit-il, tout en soutenant que le State of Economy, comme présenté par le Premier ministre en décembre 2024, « donne un véritable aperçu de notre situation actuelle. »
Il cite l’exemple de la roupie, devenue faible face au dollar, et les déficits commerciaux élevés. « La situation est en train d’être corrigée par ce gouvernement. » Le député de la circonscription de Rivière-des-Anguilles/Souillac (No 13) a rappelé que la dette publique représente environ 84% du Produit intérieur brut (PIB). « C’est l’héritage laissé par le gouvernement précédent », fait-il comprendre.
Rajen Narsinghen, Junior Minister aux Affaires étrangères :
« Des mesures qui créeront
une société prospère »
Rajen Narsinghen, Junior Minister aux Affaires étrangères, invite le gouvernement à revoir la section 32 de la Constitution et certains Standing Orders de l’Assemblée nationale afin de consolider la démocratie. « Il faut éviter les abus qui se sont déroulés entre 2014 et 2024 », dit-il.
Parlant du changement de régime, il dira : « Aujourd’hui, nous avons une Speaker qui caractérise l’impartialité, pas comme celui d’avant qui expulsait des membres de l’ancienne opposition. » Parallèlement, il a dénoncé les interférences dans certaines institutions sous l’ancien régime, « ce qui a conduit à une érosion de la confiance au sein de la population ».
Concernant le discours-programme, il avance que celui-ci contient des mesures « qui créeront une société prospère, juste et résiliente ». Avant de mettre en garde les élus « pour qu’ils ne pensent pas seulement à se maintenir au pouvoir », dit-il. « Nous devons prendre plus de mesures pour implémenter ces réformes. »
Par ailleurs, Rajen Narsinghen a évoqué l’importance de l’élection d’un président de la république par un collège électoral et d’apporter une réforme du présent système électoral. En conclusion, il lance un appel au gouvernement pour apporter plus d’équité en termes de développements dans le Sud, une région qui, selon lui, « n’a pas été prise en compte ces dernières années ».