Le leader emblématique des Verts Fraternels, Sylvio Michel, a abordé pour la énième fois la nécessité d’une réparation financière aux descendants d’esclaves. C’était lors de la célébration du 190e anniversaire de l’Abolition de l’Esclavage à Port-Louis, Jardin de la Compagnie, samedi.
« Mon père s’appelait Louis Raoul Michel et il était d’origine indienne. Quand nous évoquons le sujet de réparation, nous ne ciblons pas qu’une communauté. Il y a beaucoup de descendants d’esclaves qui, à travers le métissage, sont aujourd’hui des musulmans, indiens, chinois et autres », soutient Sylvio Michel. Et ce, avant de faire comprendre qu’en cas de paiement d’une réparation, « c’est une bonne partie de la population mauricienne qui est concernée ».
Cependant, il avance que « nou pa pe lager pou bann seki posede, ki ena bel lakaz ek de-trwa loto, mem si zot bann desandan esklav. Nou pe lager pou bann seki o ba de lesel ». Sylvio Michel a souligné que la lutte pour une demande de réparation se poursuit avant de faire comprendre « nou pa pou zet zarm ».
De son côté, Didier Michel, de la Green Reparation Foundation (GRF), a dénoncé l’étiquette associée aux descendants d’esclaves : « zot dir nou pares, nou pa kontan travay, nou zis bwar ek amize. » Au contraire, il fait comprendre que « les séquelles de l’esclavage sont encore présentes et les descendants d’esclaves ont besoin d’une émancipation économique, culturelle et politique. » Il a affirmé que « esklav se pa zis bann kreol, ti ena osi bann esklav ki sorti depi Lenn. » D’où, d’après lui, la nécessité d’une bonne éducation quant à l’esclavage à Maurice.
D’autre part, Didier Michel a dénoncé des politiciens qui, dans le passé, « ne se sont pas intéressés au sujet de la réparation », tout en fustigeant certains lobbies. « Ils sont venus avec des décisions comme la National Empowerment Foundation, le CSR, ou des amendements au Nelson Mandela Centre, pour éviter d’aborder le sujet de la réparation financière », indique-t-il. Il a critiqué par là même « un manque de volonté politique » des gouvernements successifs dans ce contexte.
Pour sa part, la linguiste Daniella Police-Michel a mis l’accent sur la dimension culturelle du 1 er février : « Nous avons un devoir de mémoire et c’est cela qui nous permettra d’avancer ». Elle a fait ressortir que la culture des descendants d’esclaves a été transmise oralement alors que « pour les autres, c’est la culture écrite qui est prédominante ». Cependant, « la plus grande victoire est que chaque Mauricien se reconnaît dans la langue kreol, alors que c’est une langue de souffrance de la période de l’esclavage. »
Par ailleurs, Nando Bodha de Linion Moris s’est aussi exprimé, mettant en exergue que « listwar finn ekrir touzour par seki dominan. Zistwar lesklavaz finn ekrir par bann met pou zistifie lesklavaz ». Il avance qu’il faut « réécrire l’histoire pour les descendants d’esclaves ». Il a profité de l’occasion pour demander au gouvernement de se pencher sur le sort des descendants d’esclaves au niveau du logement, de l’éducation, de l’aide financière pour l’entrepreneuriat et de la réparation financière. « Le GM, le secteur privé, tout le monde doivent faire un effort national pour la réparation », s’est appesanti Nando Bodha, en concluant « bizin amenn lapartaz kar nou ena mem destin, mem lavenir ek mem rises. »