GM BUSINESS – Alliance du Changement  : Les attentes de la société civile en marge de la Presidential Address

Le nouveau gouvernement de l’Alliance du Changement, mené par le Premier ministre, Navin Ramgoolam, en poste depuis bientôt deux mois, s’apprête à franchir une nouvelle étape le vendredi 24. Ce jour-là, en procédant de manière solennelle à l’ouverture de la 8e session de l’Assemblée nationale, le président de la République, Dharam Gokhool, donnera lecture de la Presidential Address, élaborant les orientations de la politique générale du gouvernement pour les cinq ans à venir.

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Entre-temps, le comité de coordination institué au sein du gouvernement, assurant la compilation des projets et déclarations devant figurer dans cette déclaration de politique générale, a déjà complété son exercice et remis une copie de l’ébauche du discours-programme au Premier ministre, Navin Ramgoolam.

En marge de cette étape, Le Mauricien, après la publication de la contribution de Lalit, que ce soit sur la question de la souveraineté alimentaire ou la sécurité dans l’océan Indien avec le maintien du bail de la base militaire de Diego Garcia, a sollicité une série de témoignages des membres de la société civile au sujet des expectations par rapport à la Presidential Address. Les contributions ci-dessous, dont celle de Business Mauritius qui, en tant qu’entité nationale, attendent d’ouvrir des échanges dans le cadre du dialogue de partenariat avec le gouvernement de Navin Ramgoolam.

Deepak Benydin (FPBOU)
«Nous souhaitons un pacte social avec la population»
«En tant que le président de la Federation of Parastal Bodies and Other Unions (FPBOU), je souhaite que le discours-programme ouvre la voie pour un pacte-social avec le gouvernement. Dans ce contexte, la fédération souhaite que le gouvernement prône une politique visant à promouvoir le travail décent pour que les travailleurs puissent joindre les deux bouts à la fin du mois.

« Aussi, nous souhaitons que le nouveau gouvernement continue à lutter contre la fraude et la corruption et puisse mettre sur pied une Parastatal Bodies Service Commission afin de mettre fin à la discrimination dans le système de recrutement dans les organismes parapublics.

Nous voulons aussi voir le gouvernement mettre fin une fois pour toutes aux comités disciplinaires bidons dans leur forme actuelle, promouvoir la liberté d’expression, mettre au frigo la Public Gathering Act, prendre en considération le droit de choisir son appartenance politique et religieuse sans être pénalisé dans son travail et défendre les droits des handicapés.
« Il faut encourager le tri des déchets et, pourquoi pas, réintroduire les fontaines d’eau gratuites pour venir en aide la population qui fait face à une fourniture d’eau irrégulière.»

Clency Bibi (GWF)

«Il faut célébrer l’abolition de l’esclavage dignement »

« La General Workers Federation s’attend que les propositions contenues dans notre document de réflexion, qui ont été intégrées dans le manifeste de l’Alliance du Changement, soient mises en chantier.
« Nous souhaitons aussi que nous allons célébrer dignement cette année les 190 ans de l’abolition de l’esclavage à Maurice et que le ministère des Arts et de la Culture vienne de mettre de l’avant avec le projet de création de la Route des Esclaves. La GWF est prête à collaborer avec le ministère pour que ce projet se concrétise.
«Aussi, la GWF fait les propositions suivantes : revoir la structure du Disaster Committee, introduire le Menstrual Leave, venir de l’avant avec la Freedom Information Act et surtout, protéger notre environnement. »

Radhakrishna Sadien (SOEF)
«Nous avons tous rejeté l’arrogance du pouvoir »

«La population avait soif de liberté et la société civile, y compris les syndicats, voulait une vraie démocratie participative. Nous avons tous rejeté l’arrogance du pouvoir. C’est sur cette base que le gouvernement doit annoncer son programme.
« Il faut un dialogue permanent et honnête avec la population à travers les organisations représentatives qui militent vraiment pour le bien de la population.
Un état des lieux sur le besoin de ressources humaines dans chaque ministère s’impose afin d’offrir un service de qualité à la population.
« La négociation collective doit être une réalité dans la fonction publique et il faut reconsidérer la réouverture du National Economic and Social Council et la restructuration du Pay Research Bureau.
« Il faut aussi que le gouvernement considère sérieusement la mise sur pied d’une Profiteering Court pour traquer les commerçants malhonnêtes et remplir les postes vacants dans la fonction publique. »

Padma Utchanah (RCP)

«Les promesses ne doivent pas être des paroles vaines»

«En général, le discours programme est un exercice d’équilibriste, et ce sera davantage corsé pour le gouvernement, car l’attente de la population est énorme. Tous les yeux seront rivés sur le Premier ministre. Son premier Grand Oral va être passé aux rayons X, tant sur la forme que sur le fond. Il aura la lourde tâche de redresser le pays au plus vite. Certes, c’est une bataille ardue mais pas impossible. C’est juste une question de volonté politique, d’autant plus que le l’Alliance du Changement a la majorité absolue. Un jeu d’enfant !
Navin Ramgoolam a carte blanche car il n’a pratiquement pas , une Opposition très faible pour faire obstruction à son discours programme.
« Le discours programme doit avoir une seule ligne directive, offrir aux mauriciens une vision globale à court et à long terme, des projets à venir. Les citoyens attendent les réformes et de nouvelles lois qui apporteront le changement tant attendu.
« Les grands thèmes à aborder sont la justice, soit rétablir le contrat de confiance entre les citoyens et la justice; la sécurité, notamment offrir des meilleurs soins à nos malades; investir dans l’école afin d’offrir une instruction de qualité. Notre motto doit être  » Plus d’enfants à l’école et moins d’enfants dans la rue ». Le traitement des déchets est devenu très problématique. Consacrer un budget conséquent afin de permettre au ministère de l’Environnement de trouver la solution pour remplacer Mare Chichose.
 »‘Navin Ramgoolam n’aura pas droit à l’erreur. Ses promesses ne doivent pas être des paroles vaines. Il sera jugé uniquement que sur ses actions pérennes. Alors souhaitons bonne chance au Premier ministre pour ce grand débat démocratique.»

Business Mauritius :
« Prioritise building meaningful discussions with Government »

« Our country has lived through a period of momentous change. This year’s general election rendered a decisive vote of public confidence in the new Government and the tone has now been set for a new direction. The official State of Economy has also been published, revealing certain alarming facts regarding the country’s macroeconomic fundamentals, and setting out the need to build a strategy towards reinvigorating our economy’s attractiveness and competitiveness.

« In this regard, the Government and the business community converge on several perspectives, particularly on the constraints and challenges to our competitiveness and the impact assessment of regulations, as well as the opportunities which result from addressing these constraints, both of which Business Mauritius has been pursuing for some time.
« This State of the Economy report has also led to a cautionary note from Moody’s, who has highlighted the “weaker fiscal position” of Mauritius as well as the imperative to execute proposed reforms effectively, in order to restore fiscal stability and maintain economic confidence. A few weeks earlier, the World Bank’s Business Ready Report also stated some glaring issues on business-related indicators for Mauritius, particularly the service delivery for utilities and for dispute resolution.

« According to the report, Mauritius would need to improve on all three vertical axes, namely regulatory framework, public services and operational efficiency, laying particular emphasis on the first two. The other report made public in the last weeks, the Ibrahim Index of African Governance, pointed out increasing deterioration of governance in Mauritius.

« While the country remains the leader in Foundations for Economic Opportunity, its most deteriorated indicators are on protection against discrimination and digital freedom, as well as public perception among others.
« For the business community, 2024 has been particularly challenging in costs of doing business, not the least with regard to the consecutive increases in labour costs. A new preponed minimum wage and a higher than CPI salary compensation became applicable in January 2024, followed by wage relativity adjustments in the third quarter. Now, businesses are faced with the 14th month as well as an additional salary compensation for 2025. This represents an average increase of 40 per cent in labour costs over a single year – a burden that no business model can reasonably sustain.

« With the recommendations of the State of the Economy regarding productivity-linked wages and impact assessment of regulations, we hope to engage in meaningful discussions with Government around capacity to pay of enterprises as a critical factor in wage increases, productivity as an important parameter in wage determination as well as ensuring the consideration of unit labour costs with each increase.
« Prior to the impact of the new wage increases, our Economic Commission at Business Mauritius had indicated positive outcomes for four out of the five pillar sectors, with perhaps export-oriented manufacturing being the only sector in a contraction phase. Despite certain macroeconomic challenges, this momentum at the sectoral level can allow for far-reaching reforms that would bring Mauritius back to its leadership position in Africa, in business readiness and good governance.

« Going forward, Business Mauritius will continue to prioritise building meaningful discussions with Government on our priority subjects in economic collaboration, social capital, and sustainability and inclusive growth. We believe that our collective efforts can contribute to a renewed economic vitality and a sustainable future. We will also engage in building robust bridges between the business community and civil society for a shared prosperity.

«In parallel, we hope to continuously improve our service to members, with greater emphasis on networking opportunities, shared services and our existing spectrum of support services as well as through ventures like MoSanté and SuperFund.
«This challenging year has more than ever highlighted the importance of Business Mauritius as an apex body of the business community. This is in no small part due to the dedicated team at Business Mauritius who have given their utmost in navigating the challenges and defining opportunities during what have sometimes been turbulent times. Our thanks also go to you, our members, as well as to our Council and to our local and international partners. »
Anil Currimjee, President
Kevin Ramkamoan, CEO

REAZ CHUTTOO (CTSP) :
« L’État doit devenir acteur sur le marché de la consommation »

« L’État doit devenir acteur sur le marché. Il faut qu’il renforce sa capacité de culture vivrière, de stockage et de transformation alimentaire pour entrer en compétition avec les importateurs. » C’est une des solutions que propose Reaz Chuttoo, porte-parole de la CTSP, en ce début d’année, où l’on ne voit pas de répit en termes de hausse des prix. Il annonce en outre une campagne que lancera la CTSP en février en vue de revendiquer une réforme électorale.

L’année a-t-elle bien commencé pour les consommateurs ? Avec le 14e mois, ce mois de janvier ne sera pas connu comme le mois le plus long de l’année…
Durant la période festive, certains commerçants dans les villages vendaient des produits, comme le gigot de mouton, à un prix promotionnel. Mais nous ne pouvons pas considérer le prix d’un produit qui baisse pendant quelques jours seulement et venir parler de baisse de prix. En vérité, il n’y a pas de baisse de prix du tout. Au contraire, nous avons remarqué une hausse sur les prix des légumes, par exemple à cause de la sécheresse.
Définitivement, le 14e mois est venu soulager ceux qui l’ont eu, mais je tiens aussi à faire ressortir que les prix des matériels scolaires ont augmenté à cause de la hausse du dollar. Le 14e mois donc est, pour moi, éphémère d’autant que les salariés concernés n’ont touché que la moitié de la somme en décembre. Cela a aidé, mais n’a pas engendré le Feel good Factor attendu.
Pour le mois de janvier, une question reste sans réponse : la compensation salariale devant être payée fin janvier. Jusqu’ici, on a dit que le salaire de base sera augmenté. Mais on n’a pas dit si le Minimum Guaranteed Remuneration de Rs 20 000 sera augmenté. Si une personne touche le salaire minimum de Rs 16 500, elle touchera Rs 17 100. Mais au bout du compte, elle percevra toujours Rs 20 000 car la Mauritius Revenue Authority (MRA) lui donnera la différence pour atteindre Rs 20 000.
Autrement, depuis que l’année a commencé, nous recevons tous les jours des cas où le 14e mois n’a pas été payé à l’exemple des 500 Népalais de BCEG.

Que proposeriez-vous pour protéger le pouvoir d’achat des consommateurs ?
La CTSP a fait quatre propositions. L’État doit devenir acteur sur le marché. Un fonds de stabilisation des prix ne fait que donner de l’argent au secteur privé. Si l’État donne à un importateur de fromage Rs 20 pour que le produit se vende à Rs 90, il ne fait que prendre l’argent des contribuables pour le donner au secteur privé. Il faut que l’État renforce sa capacité de stockage pour entrer en compétition avec les importateurs. Je suis un peu sceptique toutefois avec Rama Sithanen qui pense que l’État ne peut être le producteur direct.
Il faut que l’État renforce sa capacité de culture, de stockage et de transformation alimentaire. Il faut, par ailleurs, donner plus de pouvoir aux consommateurs pour qu’ils agissent comme des Whistleblowers pour dénoncer des commerçants sans scrupule.
Enfin, il faut des lois sévères contre des publicités mensongères. Par exemple, on annonce une promo sur une marque de riz, mais en fin de compte il n’y a que 50 sachets et le client se retrouve contraint d’acheter une autre marque plus chère.

Vos combats pour cette nouvelle année…
Premièrement, il faut une catégorisation par corps de métiers car l’absence d’une telle catégorisation est anticonstitutionnelle et contre les UN Sustainable Goals que Maurice a ratifiés. Souvent, par exemple, un Boiler Operator dans la zone franche manipule un appareil trois fois plus grand que la normale avec un salaire trois fois moins. Depuis 2019, la loi mentionne qu’il faut catégoriser par corps de métiers.
Un deuxième gros chantier serait la consolidation de la démocratie. À partir de février, la CTSP lancera une campagne Now or Never pour apporter une réforme électorale car un pays ne peut fonctionner sans une opposition. Il faut, en outre, introduire la Freedom of Information Act.
Ensuite, il y a le financement des partis politiques. Le plus grand réseau de corruption à Maurice vient de là et commence dès le lendemain des élections. Il est dans l’ADN des compagnies qui cherchent un contrat de fer labous dou.
En l’absence de ces trois éléments, nous aurons ce que nous vivons actuellement et nous verrons que X a protégé Y, mais personne n’ira en prison. Si un riche est accusé, son argent lui permettra de s’en sortir car il peut payer la caution.
Autre dossier : les travailleurs étrangers. Suite au Transparentem, rapport d’une ONG américaine, le bureau du Travail des États-Unis a déclaré qu’à Maurice, il y a des travaux forcés sur les travailleurs étrangers. Le secteur de la zone franche est sur leur liste noire.
Dans ce dossier, figurent aussi les travailleurs domestiques étrangers qui viendront à Maurice. Nous ne pouvons permettre que demain il y ait un trafic humain. Il importe, donc, qu’il y ait une loi pour garantir la protection de ces personnes, surtout des femmes.
Ensuite, nous nous pencherons sur le mécanisme pour une distribution équitable de la richesse. Pour cela, il faut des négociations collectives sectorielles.
Enfin, le gouvernement a mis l’accent, lors de la campagne électorale, sur le retrait de la CSG. Or, on ne pourra réintroduire le NPF. Pour introduire n’importe quel fonds de pension, il faut que la proportion de personnes qui travaillent dépasse largement la proportion de personnes à la retraite. Or, Maurice connaît une population vieillissante et une dépopulation (les jeunes quittent le pays). Maurice figure parmi les dix pays au monde avec une baisse de natalité la plus rapide. Un fonds de pension contributive ne marchera donc jamais. Nous avons un seuil de salaire minimum garanti par l’État. Il est donc de la responsabilité des parlementaires d’apporter des réformes appropriées.

 

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