Le Passport and Immigration Office (PIO) a fait le compte. Au 27 novembre dernier, pas moins de 1730 travailleurs bangladais ont été Reported Missing dans le pays parmi les 1979 travailleurs étrangers en situation irrégulière actuellement. Face à cette situation, se basant sur les informations du PIO, le chef du service Civil, Suresh Seebaluck, a adressé une correspondance au ministère du Travail selon laquelle ces travailleurs bangladais concernés sont « involved in illegal employment, are engaging in illegal employment, are engaging in unlawful activities ».
En sus de cela, le chef du service Civil indique dans cette missive que les travailleurs concernés « are entering into marriages of convenience which further compound the issues ». Le PIO doit ainsi consacrer un temps considérable à retracer ces travailleurs, désormais considérés comme « a considerable burden on public funds ». Il est indiqué dans ce même courrier au ministère que « this office (le PIO) therefore is not in favour of the proposal to recruit Bangladeshi workers until the abovementioned issues are fully resolved. La priorité devrait être donnée à d’autres pays fournisseurs, en particulier ceux avec lesquels des accords bilatéraux ont été signés pour le recrutement des travailleurs étrangers. »
La majorité des travailleurs étrangers opérant à Maurice viennent du Bangladesh et de l’Inde. « The number of valid work permits and certificates of exemption at the end of December 2023 stood at 37 473 (32 663 males and 4 810 females). Most of the foreign workers in Mauritius were working in the manufacturing sector (54%), followed by the construction sector with 30%. 39% of the valid work permits and certificates of exemption were for Indian workers and 32% for expatriates from Bangladesh, respectively », indique un rapport du National Employment Department en date du 27 mai 2024.
Interrogé hier à propos de cette correspondance, sous forme de mise en garde, émanant du bureau du chef du service Civil, le président de la Confédération des Travailleurs des Secteurs Public et Privé (CTSP), Reeaz Chuttoo, a d’abord déclaré que les travailleurs bangladeshis qui rendent service à bon nombre de secteurs en raison d’un manque de main-d’œuvre ne peuvent être ciblés. « Il faut d’abord se poser la question, pourquoi sont-ils en situation irrégulière ? Tout ceci vient-il du fait qu’ils ont été bernés par des agents recruteurs ou doivent-ils travailler ici et là pour pouvoir envoyer de l’argent à leurs familles ? » Le syndicaliste estime par ailleurs : « je pense personnellement que les travailleurs étrangers en détresse ont besoin d’aide. Je suis en faveur d’une approche humaine à l’égard des travailleurs bangladeshis. Il n’y a pas que ces derniers qui soient en situation irrégulière à Maurice. »
Poursuivant son argumentation, Reeaz Chuttoo s’est appesanti sur un point en particulier. « Tout juste avant les dernières élections générales, la CTSP a fait la démonstration au ministère du Travail qu’il y a des milliers de travailleurs étrangers dont les permis n’ont pas été renouvelés. En sus de cela, ces derniers continuaient à travailler tout en touchant le Wage Support de la Mauritius Revenue Authority. J’ai eu l’occasion de faire savoir à l’ancien ministre du Travail que, dans une compagnie de construction, il y avait 277 travailleurs bangladeshis qui se trouvaient dans une telle situation. » Ainsi, il a mis en exergue que « même les travailleurs étrangers qui travaillaient pour de grandes compagnies de textile étaient dans la même posture ». Et ce, avant de conclure « ce n’est pas parce que la situation est difficile au Bangladesh qu’on doit maintenant prendre des actions à l’encontre des travailleurs qui sont dans une telle situation à Maurice. »