Chagos : ballet et pressions diplomatiques intenses

Le secrétaire aux Affaires étrangères de l’Inde, Vikram Misri, en mission de trois jours à Maurice

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La dernière position des Anglais aux contre-propositions de Ramgoolam au Conseil des ministres du jour de même que le « enn gro ti kas » en contrepartie au bail de Diego-Garcia

La forme que prendra le Draft Political Agreement du 3 octobre revu et corrigé au sujet de la restitution de l’archipel des Chagos à la souveraineté effective de Maurice donne lieu ces derniers jours à un intense ballet et de puissantes pressions politiques et diplomatiques, allant crescendo. Que ce soit à Port-Louis ou à Londres. Le dernier développement en date n’est autre que le Foreign Secretary de l’Inde, Vikram Misri, dépêché en mission spéciale auprès du gouvernement de Navin Ramgoolam dans une tentative d’établir un pont entre la position de Maurice et celle du Royaume-Uni en vue de conclure cette étape menant à la signature d’un traité formel sur les Chagos et la location à bail de Diego-Garcia pour une période initiale de 99 ans. Depuis ces dernières années, la Grande Péninsule a assumé un rôle déterminant dans le règlement du différend territorial entre Maurice et les anciens colons pour parachever le processus de décolonisation 55 ans après l’indépendance.

À Londres, la leader de l’opposition, Kemi Badenoch, est venue prêter main-forte à ses collègues du Parti conservateur, dont la Shadow Foreign Secretary, Dame Priti Patel, sur le front des Chagos en prélude au Christmas Break à la Chambre des Communes. D’autre part, lors du Cabinet Meeting du jour, les membres du gouvernement de l’Alliance du Changement s’apprêtent à être Fully Briefed de la position des autorités britanniques aux dernières contre-propositions en date de Navin Ramgoolam.

Avec l’arrivée aujourd’hui et le séjour de trois jours du secrétaire aux Affaires étrangères de l’Inde, la question qui se pose concerne les arguments que mettra en avant New Delhi pour assurer le Salvaging du Draft Political Agreement du 3 octobre sur les Chagos. Il ne fait aucun doute que le dossier des Chagos figurera High on the Agenda des discussions bilatérales de ce week-end. D’ailleurs, faisant état de ce déplacement en fin de semaine, la presse indienne, qui souligne que « it is understood that the issue relating to the Chagos Islands deal may figure during Misri’s visit to Port Louis, the capital city of Mauritius », ajoute : « The Foreign Secretary Vikram Misri will embark on a three-day trip to Mauritius beginning Friday against the backdrop of the new Mauritian Prime Minister proposing to reopen talks with the UK over Chagos Islands in the Indian Ocean. It will be the first high-level engagement between India and Mauritius after the formation of the new government headed by Navinchandra Ramgoolam in the island nation. »

L’Inde dispose d’un High Priority Interest dans le règlement de la location à bail de Diego-Garcia. En effet, faisant partie du Quad, New Delhi profite déjà des facilités d’opérations militaires à partir de la base de Diego-Garcia depuis l’époque où Donald Trump était à la présidence des États-Unis. Par ailleurs, l’Inde aura déjà usé de toute sa diplomatie en anticipation aux 13 rounds de négociations anglo-mauriciennes et pour la conclusion de l’étape menant au Draft Political Agreement du 3 octobre. Dans la conjoncture, l’apport de l’Inde pourrait s’avérer déterminant dans cette sortie de crise envisagée.

Une première indication de l’état des échanges anglo-mauriciens pourrait être communiquée lors des délibérations du jour du Conseil des ministres, notamment la réaction de Londres de lundi dernier. Ces détails pourraient remettre en perspective les commentaires du Deputy Prime Minister Paul Bérenger à l’Assemblée nationale mardi. « La Grande-Bretagne a finalement été obligée de reconnaître notre souveraineté. Une souveraineté que nous avons depuis 1965/1968 et ils ont offert enn ti kas. Anfin, inpe enn gro ti kass ! Enn ti kas ! Quoi ? Parce qu’on est en difficulté, on va sauter dessus ! Maintenant qu’ils ont reconnu notre souveraineté, nous trouverons d’autres moyens si les négociations n’aboutissent pas parce que les négociations sont toujours en cours. Et nous avons besoin de cet argent pour sortir de l’Economic Mess dans lequel le gouvernement précédent nous a mis. Mais pas à n’importe quel prix ! Pas à n’importe quelle condition », avait-il déclaré à ce sujet.

Toutefois, à la Chambre des Communes, la tension est montée d’un cran en début de semaine sur le dossier des Chagos. La leader de l’opposition a donné de la voix contre le Premier ministre, sir Keir Starmer. Faisant écho de cette prise de position, le très sérieux Financial Times note que « Kemi Badenoch, Conservative leader, accused Starmer of taking the knee in international negotiations and said that he gives things away for free, denouncing the original deal struck with Mauritius’ previous government ».

De son côté, la BBC met exergue la déclaration de Dame Priti Patel au sujet du Monumental Failure of Statecraft. Accusant le Parti travailliste britannique d’avoir mis à risque la sécurité nationale, la Shadow Foreign Secretary soutient : « If the deal is so good, why has the government been so secretive about the details? Will we and the US still have full autonomy of operation? What safeguards will be in place to stop other countries, including China, from potentially trying to establish themselves on the base or near the military base on Diego Garcia? » Dame Priti Patel devait revenir sur le montant du loyer à être versé à Maurice pour le bail de Diego-Garcia tout en dénonçant le mutisme du 10 Downing Street à ce sujet.

De son côté, le leader de l’UK Reform Party, Nigel Farage, qui Spearheads la campagne anti-Chagos Deal, continue à brandir le spectre d’un éventuel veto de Donald Trump. Revenant des États-Unis en début de semaine, il a déclaré mardi à la Chambre des Communes que « there is very deep disquiet amongst all of them (l’entourage du nouveau président américain, Ndlr) as to what this may mean for the long-term future of Diego Garcia and whether such deal would hold, given the precedent of the deal break over Hong Kong ».

Et à la BBC de reprendre que « the UK government has insisted Mauritius is ready to finalise a deal over the future of the Chagos Islands, despite the country’s new PM demanding better terms ». Par contre, le Financial Times rapporte : « That accord included a financial settlement Britain is offering Mauritius and UK officials are adamant that it will not be renegotiated. There is no more money — we are clear on that. »

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