Intervenant après le leader de l’opposition Joe Lesjongard, le Premier ministre adjoint, Paul Bérenger, a insisté pour dire que « nous avons fait le maximum que nous pouvons. » « Nous avons été obligés de limiter le paiement du 14e mois aux personnes touchant moins que Rs 50 000 parce qu’il n’y a pas d’argent. Ils n’ont pas seulement défoncé la caisse. Ils ont volé la caisse pour partir avec », a-t-il avancé. Il n’a pas manqué de dénoncer l’absence de l’autre député de l’opposition, Adrien Duval, alors que le leader de l’opposition intervenait dans les premiers textes de loi présentés par le nouveau gouvernement.
Le leader du MMM a été très critique à l’encontre de ceux qui affirment que les fonctionnaires n’auront pas de 14e mois. « Je préfère croire que c’est de l’ignorance qui fait dire une chose pareille », trouve-t-il. Il a fait comprendre que certaines mesures ne relèvent pas du gouvernement mais de la Banque Centrale, notamment la politique monétaire. La nouvelle Banque de Maurice, dirigée par Rama Sithanen comme gouverneur, prendra les décisions qu’il faut concernant les taux d’intérêt. « Le gouvernement se concentrera sur deux choses, à savoir diminuer la dette publique et redresser le budget de l’État », ajoute-t-il.
Le gouvernement prendra ces décisions tout en faisant le maximum en faveur des pensionnés, des handicapés, des bénéficiaires des allocations sociales. « Nous n’allons pas tenir une promesse au prix de l’avenir de ce pays », fait-il ressortir en rendant hommage au Premier ministre, Navin Ramgoolam, avec qui il dit être en accord parfait sur ce qu’il faut faire avec le regard fixé à l’horizon, notamment l’avenir des enfants de la république. Il a révélé que pour donner l’exemple les ministres et les députés avaient déjà décidé de ne pas prendre avantage de ce 14e mois avant la présentation de la loi qui fixe un plafond de Rs 50 000.
Paul Bérenger a mis en garde du fait que la situation est tellement grave que le pays aura à compter sur les pays partenaires et alliés à commencer par l’Inde, la Grande-Bretagne et les États-Unis, la Chine, l’Union européenne. « Nous verrons ce qu’il faudra faire vis-à-vis de la Banque mondiale et du FMI. Maurice a beaucoup de leçons à apprendre de ce qui se passe au Sri-Lanka et aux Maldives » fait-il ressortir. Il a été très critique devant l’échec du gouvernement précédent, qui avait cherché en vain un accord portant sur un montant de 250 millions de dollars américains auprès de la Banque Mondiale comme il avait été annoncé dans le budget 2023/24.
Il se félicite que le Royaume-Uni a été obligé de reconnaître la souveraineté de Maurice sur l’archipel, avait offert de l’argent (enn ti gro kas) à Maurice. « Nous ne comptons pas sauter dessus parce que nous sommes en difficultés. Maintenant qu’ils ont reconnu notre souveraineté sur les Chagos nous trouverons d’autres moyens au cas où les négociations n’aboutissent pas. Les négociations sont en cours et nous avons besoin de cet argent mais pas à n’importe quel prix et pas à n’importe quelle condition. Nous sommes parfaitement lucides et ferons notre devoir », martèle-t-il.
Paul Bérenger est revenu sur l’importance de la Fiscal Responsibility Act qui existe dans d’autres pays. Il a fait mention de ce qui se passe en Jamaïque qui ont une telle loi et qui a mis sur pied une Independent Fiscal Commission pour faire respecter cette législation que le pays a adoptée.
« Nous ne voulons pas que le crime économique commis ces dernières années par le gouvernement sortant ne se répète », a dit Paul Bérenger. Il se dit fier de ce que le pays a pu accomplir en un mois après avoir hérité une situation de faillite. « Tout le monde sait que quand je donne ma parole, je le tiens à moins que ce soit impossible de le faire comme tel est le cas actuellement. Nous avons fait ce que nous pouvons et nous continuerons de le faire en faveur des vulnérables, des salariés au bas de l’échelle et des victimes de la misère », dit-il encore.
Paul Bérenger avait auparavant évoqué la faillite des institutions et des compagnies gouvernementales en citant, entre autres, la situation de faillite de Metro Express Ltd, qui aura un déficit annuel de Rs 2 milliards pour les prochaines années. Il a aussi évoqué le niveau de la dette qui a doublé en cinq ans au point de placer Maurice en difficultés face à des institutions comme Moody’s qui menace de dégrader l’économie de Maurice.