- 3 jeunes sur 4 dans la fourchette – des 18-24 ans disent avoir envisagé d’émigrer
Une équipe d’Afrobarometer, dirigée par StraConsult, a, dans une étude venant d’être publiée, tiré la sonnette d’alarme contre la fuite des cerveaux et l’exode des professionnels. Sur la base d’une enquête réalisée entre avril et mai, l’étude observe que 74% des jeunes âgés de 18 à 24 ans disent avoir envisagé l’émigration. De même, 73% des 25-34 ans affirment avoir contemplé l’idée de quitter le pays afin de chercher de l’emploi à l’étranger. En général, les jeunes considèrent la drogue, le chômage, l’augmentation du coût de la vie ainsi que la criminalité et l’insécurité comme les problèmes les plus importants que le gouvernement doit résoudre.
L’étude, signée conjointement de Preesha Ramtohul et Zuhayr Mustun, respectivement Senior Research Consultant et Junior Research Analyst à StraConsult, souligne l’importance des jeunes, qui constituent le moteur essentiel de la prospérité du pays. Les statistiques indiquent également que les Mauriciens âgés de 15 à 34 ans représentent environ 30% d’une population vieillissante.
« S’ils représentent l’espoir, l’innovation et le dynamisme, les jeunes sont également confrontés à des défis particuliers », lit-on. Parmi ceux-ci, il y a celui de trouver un travail décent et significatif. Bien que le taux de chômage des Mauriciens âgés de 16 à 24 ans ait considérablement diminué au cours de la dernière décennie, passant de 23,2% en 2013 (et d’un pic de 27,7% en 2021) à 18,2% en 2023, ils sont toujours trois fois plus susceptibles que la population générale d’être sans emploi, selon Statistics Mauritius.
Le rapport estime que la fuite des cerveaux constitue un problème urgent avec un nombre croissant de Mauriciens partant à l’étranger. Ce qui donne lieu a un manque de main-d’œuvre dans des secteurs clés comme l’industrie hôtelière, et qui sont donc obligés d’engager des étrangers pour combler les lacunes.
Les enquêtes réalisées par StraConsult indiquent que le pourcentage de jeunes qui disent avoir envisagé l’émigration « un peu » ou « beaucoup » a plus que doublé entre 2016 et 2024. Une augmentation de 38 points de pourcentage chez les répondants les plus jeunes et de 32 points chez les jeunes un peu plus âgés.
La principale raison derrière la fuite potentielle de cerveaux chez les jeunes mauriciens est attribuée à la recherche de meilleures opportunités d’emploi, citée par plus de la moitié des deux cohortes de jeunes. De fait, citant une étude réalisée par European Global Diaspora Facility, les auteurs de l’étude estiment que le manque d’opportunités économiques pour les professionnels mauriciens qualifiés et les jeunes diplômés a un double effet : il pousse les talents hors du pays et dissuade le retour de la diaspora. Environ un répondant sur cinq dans les deux groupes (18% à 19%) cite la fuite de la pauvreté ou les difficultés économiques comme principale raison pour laquelle il envisagerait d’émigrer, tandis que 15% de la cohorte la plus jeune, contre seulement 4% chez les 25-34 ans, mentionnent la poursuite d’études.
L’étude d’Afrobarometer conclut que même si une majorité de Mauriciens de 18 à 24 ans décrivent leurs conditions de vie dans l’île comme bonnes, les trois quarts d’entre eux disent avoir envisagé d’émigrer dans un autre pays. Cela comprend près des deux tiers qui ont « un peu » ou « beaucoup » envisagé cette option, soit une proportion qui a plus que doublé depuis 2016. Chez les 25-34 ans, la situation est qualifiée de désastreuse. La principale raison invoquée pour envisager l’émigration est la recherche de meilleures opportunités de travail.
Les deux cohortes de jeunes indiquent que le manque de formation et d’expérience adéquates est l’un des principaux obstacles à l’emploi des jeunes. Le chômage figure parmi les principales priorités de l’action gouvernementale chez les jeunes, avec la drogue, l’augmentation du coût de la vie, la criminalité et la sécurité. L’étude relève également que peu de jeunes répondants approuvent la performance du gouvernement en matière de création d’emplois, de maintien de la stabilité des prix et de réduction de la criminalité.
« Pour inciter les jeunes Mauriciens à rester chez eux et à construire l’avenir de leur pays, le nouveau gouvernement élu en novembre devra relever les défis qu’ils identifient comme prioritaires », soulignent les auteurs du rapport.