Un nouveau gouvernement issu des urnes se met en place. A chaque élection générale depuis 2014, Platform Moris Lanvironnman (PML) fait part de ses attentes au prochain ou nouveau gouvernement, soit avant les élections soit après.
Ayant pris connaissance du Manifeste de l’Alliance du Changement (AdC) aujourd’hui au pouvoir ainsi que de l’accord signé formellement lors de l’inclusion de Rezistans ek Alternativ au sein de cette alliance en octobre 2024, PML fait aujourd’hui une déclaration en attendant la publication d’un document plus conséquent dans les prochaines semaines, et qui sera remis au gouvernement.
PML existe depuis 2010. En 2010 et 2011, elle a pleinement participé aux grandes consultations Maurice Iles Durables (MID). La stratégie et la feuille de route MID tels que présentés dans le document issu des consultations en 2012 ont à peine pu se mettre en place car le gouvernement a changé en décembre 2014, mettant fin à ce processus. Parallèlement, PML s’opposait fortement, avec d’autres, à deux grands projets (incinérateur de déchets solides à La Chaumière et centrale à charbon CT Power) qui menaçaient le développement durable et l’environnement. Les deux n’ont pas abouti.
En décembre 2019, suite aux élections, nous avons encore une fois pleinement participé aux Assises de l’Environnement et aux ateliers de travail subséquents. Pas mal des propositions de PML et d’autres membres de la société civile ont été inclues dans le Master Plan for the Environment 2020- 2030. Cependant, ce processus de participation, voire de co-création, a rapidement pris fin. Nous avons été écartés par la suite.
Cela ne nous a pas empêché de nous impliquer dans d’autres actions – commentaires de rapports EIA, sur des projets de loi, sur des mesures prises – de notre propre chef ou conjointement avec d’autres associations. Forte de cette veille continue, PML présente ci-après ses attentes, qui seront développées ultérieurement.
Ce que nous attendons du nouveau gouvernement
Mesures immédiates :
A. Unmoratoiresurlestravauxdeprotectioncôtièresurlesplagespubliquestelsqueproposés par le ministère de l’Environnement. Nous demandons un rapport d’expert indépendant sur les rapports EIA et les travaux qui sont proposés. Notre demande est appuyée par les commentaires soumis au ministère suite à la publication des rapports EIA pour une dizaine de sites et rendus public. Ce rapport indépendant serait également l’occasion d’évaluer les travaux en cours ou proposés par des hôtels balnéaires.
B. Déclaration de Pomponette comme plage publique comme promis par l’AdC.
C. Un audit ainsi qu’une évaluation des capacités à mettre en application les lois,
incluant le ‘environmental monitoring’ et les retards dans l’élaboration d’un plan national d’adaptation au changement climatique.
D. Rendre publics les rapports pertinents à fort intérêt public et l’état d’avancement des projets en cours ; par exemple le Management Plan du Metro Express, le plan directeur de la Land Drainage Authority (LDA).
E. Un audit technique de la gestion du centre d’enfouissement technique de Mare Chicose pour faire la lumière sur les incendies à répétition (2018, 2022, 2024). Un centre d’enfouissement technique (engineered landfill) ne devrait pas connaître d’incendies et menacer la santé de populations et l’environnement.
Autres attentes, dont certaines se retrouvent dans le Manifeste de l’AdC et que PML a déjà formulées :
1) Constitution et cadre législatif.
Nous soutenons le point 2.a du Manifeste qui concerne les droits économiques et sociaux, et prenons note de l’inclusion du droit de la nature (page 38 du Manifeste) dans le cadre législatif – voir sur la question, le position statement d’Eco-Sud, que nous soutenons. – Réexamen de certaines lois comme le Climate Change Act 2022 et le Environment Act 2024 afin qu’ils répondent réellement aux défis actuels et de l’avenir. Se mettre aux normes
internationales également, face aux risques de désastre, mettant l’accent sur la pleine et prompte implication des communautés locales.
Réduire au minimum le pouvoir de discrétion du ministre de l’Environnement à suspendre, exempter des provisions des lois, qui ont pour effet d’invalider le contenu et l’esprit même des lois. Prévoir plus de temps pour les délibérations parlementaires et des consultations élargies auprès de la société civile.
2) « Un mode de gouvernance inclusive et participative » – point 9 de l’accord signé. A ce titre, nous accueillons favorablement la mise en place de « Commissions Citoyennes Ouvertes calquées sur le modèle MID ». Nous poussons plus loin cette idée en proposant la mise en place d’instances permanentes de gouvernance et de démocratie inclusives et participatives, y compris au niveau local. A la liste non exhaustive de commissions mentionnée, nous proposons la finalisation de la National Land Development Strategy toujours en attente bien que l’ancienne NDS est caduque depuis 2020.
.3) L’adoption de l’approche écosystémique dans la gestion du territoire terrestre et marin de la République de Maurice dans un esprit participatif et centré sur le citoyen (citizen-centric).
.4) Revoir le Produit Intérieur Brut (PIB) comme seul indice de mesure du progrès économique. D’autres indices comme le Genuine Progress Indicator (GPI) sont indiqués pour favoriser la justice sociale et placer « l’humain et l’environnement au centre de notre développement », ainsi que le prône l’AdC. Rendre public les mesures en cours pour intégrer le suivi du climat, les ressources écosystémiques dans le système budgétaire. Accélérer l’harmonisation de notre système statistique national avec le Système de Comptabilité Economique et Environnementale – Comptabilité des écosystèmes.
.5) Revoir certains axes économiques qui fragilisent notre résilience économique, sociétale et écologique face au changement climatique et aux risques de désastre.
.6) Arrêt de prises de décisions stratégiques en silo (par ministère/département) alors qu’une synergie est requise.
.7) Œuvrer dans l’intérêt public et le bien commun et non dans l’intérêt privé d’un petit nombre.
Platform Moris Lanvironnman 18 novembre 2024