- Les négociations avec Rogers et Air Mauritius reprendront après les élections
Le bâtiment abritant le restaurant KFC, rue La Chaussée à Port-Louis, a disparu du paysage après avoir été démoli par la mairie au Ruisseau du Pouce. Cette décision fait suite aux recommandations déposées le 29 décembre 2015 par la Senior Magistrate Ida Dookhy-Rambarun, à qui il incombait la tâche de présider l’enquête judiciaire sur les causes ayant conduit aux inondations meurtrières survenues à Port-Louis en 2013. Les conclusions d’Ida Dookhy-Rambarun ne souffrent d’aucune contestation et les images qu’on a prises sur place, hier, apporte de l’eau à son moulin.
Les férus de plats emblématiques de KFC, à l’instar des Bucket, Ziger et autres Boxmaster, doivent désormais se rendre à la rue Pope Hennessy ou au Victoria Urban Terminal (VUT), à Port-Louis, s’ils veulent s’en délecter, car l’édifice, construit il y a une vingtaine d’années à la rue La Chaussée, a été rasé dans l’optique de faciliter l’écoulement des eaux vers les drains coloniaux du Ruisseau du Pouce. Le lien de cause à effet avec la construction illégale dudit bâtiment dans cette zone inondable a été établi compte tenu des inondations monstres et meurtrières qui ont ébranlé cette partie de la capitale au cours de ces dix dernières années. On commence à y voir un peu plus clair sur la manière dont ledit bâtiment a été construit. De manière anarchique, pour dire les choses crûment.
On constate qu’une bonne partie du tablier en béton sur lequel reposait l’édifice a été aménagé presqu’au fond du ruisseau !
Le permis de construction octroyé à la franchise Pick’n’Eat, gérante de l’enseigne, s’avérait d’autant plus irrationnel, à l’époque, que l’historien et archiviste Georges Lewis Easton avait alerté les autorités, dans les années 1980, en portant un éclairage sur les circonstances ayant mené à des risques d’inondation dans la capitale. L’historien avait puisé dans des textes historiques d’écrivains, à l’instar d’Auguste Toussaint, afin d’aboutir à un rapport détaillé sur les inondations ayant précédemment affecté l’île et les causes de ces montées drastiques d’eau. Il a produit un rapport datant de 1979, interdisant formellement de construire des bâtiments près du Jardin de la Compagnie jusqu’au Champ de Mars afin d’éviter des risques d’inondation. Georges Lewis Easton avait évoqué les débuts de la colonisation française dans l’île lorsque le Jardin de la Compagnie et le Ruisseau du Pouce avaient été construits. Il en découle que le Jardin de la Compagnie était à l’époque un terrain marécageux impraticable.
Après la démolition du restaurant, la mairie entend détruire, ce mois-ci, la plateforme sur laquelle il avait été construit. Outre le KFC et la foire du Ruisseau du Pouce, les aires de stationnement et d’Air Mauritius et de Rogers & Co Ltd, construit dans les années 1990 sur un water course, par la State Property Development Co. Ltd (SPDC), figurent en première ligne des recommandations de la Senior Magistrate Ida Dookhy-Rambarun. Ces structures demeurent plus que jamais un gros obstacle à l’écoulement de l’eau, en témoignent les catastrophes sans précédent survenues aux rues Poudrière et Chaussée.
Un inspecteur de la municipalité affirme que « les discussions avec Air Mauritius ont démarré, mais sont actuellement au point mort. Elles reprendront après les élections générales, voire à l’issue des municipales. Le ministre des Collectivités locales a facilité les négociations avec les deux mastodontes, qui sont en bonne voie. En ce qui concerne Rogers, cela prend un peu de temps parce que l’ambassade américaine y a ses équipements, entre autres, et est prête à déménager, mais cela prendra deux à trois mois. Air Mauritius est également partant et nous sommes en train de finaliser un accord. »