Il a bon dos, celui-là !

Notre corps s’en prend plein la figure quand nous ne sommes pas suffisamment vigilants. Nous nous donnons corps et âme dans nos vies assaillies, tout en oubliant souvent de faire attention à l’état de notre corps, à ses faiblesses et à ses limites. Nous l’utilisons, l’usons même, au-delà de la raison, et sommes surpris qu’il déraille ou nous lâche de temps à autre. De petits signaux d’alerte retentissent régulièrement, mais il semblerait que nous ayons les oreilles dures et soyons des têtes de mules.

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C’est vrai qu’il nous est difficile de toujours écouter ce que notre corps commande, d’autant plus que notre époque nous en demande toujours plus, et ce, jusqu’à de plus en plus tard. Une chose qui était tout au moins positive pendant les confinements était que nous étions au repos… forcé. Il ne s’agit pas ici d’inactivité complète “ti lipied lor gro lipied” tout en se tournant les pouces, mais de prendre du recul au lieu de se laisser engouffrer dans mille et une affaires.

Je ne voudrais pas mettre le pied dans le plat par rapport à ce que nous souhaitons au plus profond de notre âme, mais force est de constater que nos maux ne s’arrêteront pas là. Je ne mets pas la main au feu, mais vu la situation économique du pays, nous sommes bien forcés de continuer notre combat acharné et de travailler d’arrache-pied jusqu’à ce que la retraite, tant espérée et bien méritée, ne s’offre à nous pour ceux que cela concerne. Elle ne tombera pas comme un cheveu sur la soupe : patience et persévérance sont encore de mise pour beaucoup d’entre nous. De plus, il ne sert à rien de couper un cheveu en quatre pour trouver la solution miracle dans l’immédiat, puisqu’il n’y en a pas. Mais pensons-y un peu : il suffirait, peut-être, d’un petit rien pour ne pas passer à côté du sens de notre vie au risque de le manquer d’un poil.

Notre vie ne connaîtra pas de calme aussitôt. Nous jonglons avec plusieurs engagements et ne savons même plus où donner de la tête. Ce n’est pas que nous n’en faisons qu’à notre tête, puisque nous sommes happés dans un engrenage incontrôlé. Nous nous sommes, nous-mêmes, rendus esclaves de nos activités et tout devient compliqué.

Il faut se creuser la tête pour voir comment remédier à cet état des choses. Nous n’encourageons personne à prendre des décisions sur un coup de tête, ce qui serait déraisonnable, mais nous conseillons de prendre le temps, de temps à autre, d’avoir la tête dans les étoiles. La rêverie, moi, ça me donne un coup de pouce.
Dans mes rêves, je me vois mettre un pied devant l’autre dans un jardin. Si je parle de jardin, ce n’est pas parce que j’ai la main verte, mais c’est juste histoire de faire les yeux doux aux fleurs et aux oiseaux, tout en regardant les lianes se faufiler d’arbre en arbre. Je traverse les sentiers, m’arrête devant un puits aux mille reflets et traîne pendant cette balade paradisiaque. À quoi cela servirait-il de la faire en un clin d’œil ? Si vous pensez que dans mes rêves, j’irai à cent à l’heure, vous vous mettez un doigt dans l’œil. Et si je me surprends, là aussi, embarquée dans une spirale infernale, je me tirerai les oreilles.

Je me jette à bras le corps dans cette évasion réparatrice. La raison principale en est de m’aider à dormir sur les deux oreilles. L’esprit libre est tellement plus reposant, et le repos est le secret des beaux matins ensoleillés, même lorsqu’il pleut.

Dans ce jardin, il n’y a personne pour casser les pieds et gare à celui qui tente d’empêcher cette aventure, en arrivant la bouche en cœur pour amadouer et faire croire que ce lieu n’est qu’inutile utopie. Mais à vue de nez, il n’y a personne qui rôde, à part celles enthousiasmées par cette escapade et qui veulent bien s’y laisser entraîner elles aussi.

Tout cela vous met l’eau à la bouche et je le conçois bien. Dans ce jardin luxuriant, l’eau y est pure et vivifiante, les mélodies sont angéliques et adoucissent les mœurs, et l’air frais effleure la peau avec délicatesse. Ici, point de malentendus et de mauvaises interprétations. Notre corps, qui en a déjà plein le dos, reste bouché bée devant une telle impression de béatitude.

À me lire, vous croyez, sans doute, que j’ai un coup dans le nez. Que nenni ! La griserie peut venir de la plénitude qui veut nous habiter à tout instant. Nous sommes juste trop fermés, trop durs, trop “carapacés” pour laisser la douceur nous envahir. Et nous nous étonnons, ensuite, d’avoir plein le dos ! Quel toupet !
Pour ce que cela vaut, je vous partage et murmure dans le coin de l’oreille mon secret : pour  me décharger de mon fardeau et accéder à ce jardin, il faut un peu d’humour, de rêverie et peu de complications.

Mais comme les murs ont des oreilles, il se pourrait que plusieurs curieux aient entendu cette petite confidence faite juste avant, et c’est tant mieux ! Nous serons ainsi plus nombreux dans ce jardin échappatoire à nous libérer le dos. Et comme dit le dicton, plus on est de fous, plus on rit. C’est le pied !

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