Legislative elections 2024 countdown : Chagos, la Trump Card de Pravind Jugnauth 3.0.

— L’Hôtel du GM sur la souveraineté : « To enhance these efforts the UK Prime Minister has appointed Jonathan Powell as his political envoy to expedite the conclusion of the negotiations »
— Un éventuel deal à trois, soit Port-Louis/Londres/Washington, représente un visa politico-diplomatique sur le paiement d’un loyer pour la base militaire de Diego Garcia
En l’espace de moins d’une semaine, un dossier majeur s’impose dans le paysage qui se dessine en vue des prochaines élections générales. Des développements sur ce front sont susceptibles d’avoir des répercussions sur le projet caressé par l’état-major du MSM, bien calé au Sun Trust et caressant l’ambition de réaliser un Pravind Jugnauth 3.0. Après le tête-à-tête du 23 juillet dernier au No 10 Downing Street entre le nouveau Premier ministre britannique, sir Keir Starmer, et son homologue mauricien, Pravind Jugnauth, le dossier de l’exercice de la souveraineté de Maurice sur l’archipel des Chagos émerge en mode accéléré, prenant à contre-pied les faucons attitrés à Londres et à Washington. En effet, en fin de semaine écoulée, le Foreign, Commonwealth and Development Office (FCDO), d’habitude très avare de commentaires depuis le jeudi 3 novembre 2022 sur les consultations bilatérales engagées entre Londres et Port-Louis sur les Chagos, a fait publier un update détaillé, accompagné d’un statement officiel du Foreign Secretary, David Lammy, sur le way forward.
L’Hôtel du Gouvernement, après les délibérations du conseil des ministres de vendredi, présidées par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, s’est permis de faire preuve d’optimisme devant l’évolution des consultations, qui ont atteint une étape cruciale. En effet, l’item 5 du communiqué officiel émis souligne que « Cabinet has further taken note that to enhance these efforts the UK Prime Minister has appointed Mr Jonathan Powell as his political envoy to expedite the conclusion of the negotiations. » Pour mieux préciser l’enjeu, des observateurs aguerris soulignent que le Premier ministre, Pravind Jugnauth, n’aurait pas pris le risque à la Jean-Michel Lee-Shim pour se commit avec cette expression lourde de sens « to expedite te conclusion of the negotiations ». Ce qui veut dire beaucoup de choses à ce stade au sujet de ces consultations sur les Chagos courant sur leur troisième année.
Le fait vérifié et vérifiable demeure l’engagement du nouveau gouvernement travailliste au Royaume-Uni de poursuivre sur la voie de négociations en vue d’arriver à un accord avec Maurice, en tenant en ligne de compte le Droit international, au sujet de la souveraineté et du respect de l’intégrité territoriale de la République de Maurice. Comme pour mieux confirmer cette intention, le Premier ministre britannique, par l’intermédiaire du Foreign Secretary, a nommé un Mr Chagos en la personne de Jonathan Powell pour parachever ces consultations, qui auraient dû être conclues depuis le mois de mars 2023. À en croire le joint statement du 3 novembre 2022.
Présentant le choix de Jonathan Powell, ex-Chief of Staff de l’ancien Premier ministre Tony Blair, le Foreign Office note que « Mr Powell has extensive experience in negotiations affecting the UK’s national interests in sensitive domestic and international contexts, including playing a central role in securing the 1998 Belfast/Good Friday Agreement and previously serving as Prime Minister David Cameron’s Special Envoy to Libya between 2014 and 2016. »
La partie britannique va plus loin en annonçant que Jonathan Powell a eu pour mandat de « begin his role immediately and his work will involve engaging the most senior Mauritian and US interlocutors and advising ministers and HMG negotiators on how to conclude a robust agreement. » Dans la conjoncture, le fait notable est que la partie américaine sera engagée de manière formelle, alors que jusqu’ici aucune des parties, que ce soit Port-Louis ou Londres, ne s’était aventurée pour faire état de ce détail incontournable vu la présence militaire effective des Américains à Diego Garcia.
Le communiqué du Foreign, Commonwealth and Development Office est complémenté d’une déclaration du Foreign Secretary, soulignant que « we are determined to protect the long-term, secure and effective operation of the joint UK/US military base on Diego-Garcia. » Comme pour contrecarrer la campagne des faucons que ce soit au Royaume-Uni ou aux États-Unis tout en s’appuyant sur la nécessité d’un « settlement that protects UK interests and those of our partners. »
« Interest of
both parties »
Réitérant l’engagement des précédents gouvernements conservateurs dirigés par Liz Truss et Rishi Sunak « to reach an agreement that protects the UK’s security interests, respects Chagossian communities, enhances environmental cooperation and builds a long-term strategic relationship with Mauritius as a close Commonwealth partner », David Lammy met l’accent sur « the location of an important UK-US military base which plays a vital role in regional and global security. »
Des recoupements d’informations effectués en cours de semaine écoulée par le groupe Le Mauricien auprès des sources concordantes à Port-Louis confirment que cette annonce quasi-conjointe et en simultané au sujet de la nomination de Jonathan Powell en tant qu’envoyé spécial de sir Keir Starmer sur le dossier des Chagos est intervenue à la suite d’une semaine de consultations intenses au Treasury Building, engageant des Top Guns, dont Philippe Sands, King’s Counsel, Lead Legal Adviser, de la Chagos Archipelago Cell (CAC) au PMO, et des représentants du gouvernement anglais.
D’autres sources avancent qu’en dépit de son agenda politique chargé sur le terrain, élections générales obligent, le Premier ministre a été tenu briefed de tous les détails de ces échanges entre les deux gouvernements. Les deux parties se sont séparées jeudi après-midi avec l’understanding autour de la nomination de Jonathan Powell pour cette ultime étape. D’ailleurs, tout élément d’informations par rapport à ce round de discussions était sujet à embargo jusqu’à l’annonce officielle de la journée de vendredi.
De son côté, le gouvernement mauricien a donné son accord aux modalités pour parvenir à une sortie de crise sur un différend territorial remontant à la conférence constitutionnelle de Lancaster House du 7 au 24 septembre1965, soit entrant dans sa 60e année, de l’excision de l’archipel des Chagos du territoire de Maurice avec en contrepartie l’accession à l’indépendance.
Le communiqué de Port-Louis de vendredi retient que « Cabinet has also taken note that an agreed resolution to this long-standing, complex and important issue is in the interest of both parties, and that the United Kingdom is working in close coordination with the United States. Mauritius will endeavour expeditiously to conclude a negotiated agreement that respects international law and the sovereignty of Mauritius. »
« Resettlement »
Faisant état de ce développement, l’agence de presse britannique Reuters mandait dans la soirée de vendredi que « Jonathan Powell has been appointed as Prime Minister Keir Starmer’s special envoy to lead negotiations between Britain and Mauritius, which claims it was illegally stripped of the islands, over who has sovereignty of the territory. »
De ce fait, le prochain 23e round des négociations devant probablement se dérouler à Londres dans la deuxième quinzaine de ce mois s’avère déterminant à plus d’un titre au vu des commitments pris au cours de la semaine écoulée. Mais à vendredi soir, aucune confirmation n’était disponible au sujet de ce calendrier.
Politiquement parlant, un accord sur l’exercice de la souveraineté de Maurice sur cette partie de son territoire devra compléter le processus de décolonisation de Maurice et faire place à un éventuel plan de resettlement des Chagossiens dans leur archipel natal. Ce dernier développement revêt une importance historique et sentimentale majeure pour l’ensemble des Chagossiens et essuyant du même cet affront péremptoire et déshumanisant en date du 26 mars 1971 (voir fac-similé plus loin).
Dans cette note historique, l’Office of the Chief of Naval Operations avait décrété au sujet de la présence de Copra Workers sur Diego Garcia que « Absolutely must go ». C’était suite à un OP-61 memo Ser 01846P61 of 24 Mar 1971. Ce retour des descendants des Chagossiens dans leurs îles ne peut être qu’un redeeming factor inéluctable de l’Histoire.
Toutefois, une éventuelle conclusion d’un accord anglo-mauricien, avec le concours des Américains, est attendue avec impatience au sein de la communauté des Top Chefs de Lakwizinn du Prime Minister’s Office pour des raisons tactiques avec les prochaines élections législatives en vue. « Un tel deal avec les Anglais, après bientôt 60 ans de lutte, marqués par des hauts et des bas, constitue un atout avec le territoire mauricien d’avant-indépendance reconstituée. Certes, le Premier ministre, qui aura hérité d’une initiative historique engagée par feu sir Anerood Jugnauth pourra prétendre apporter sa pierre à l’édifice de la réunification de l’intégrité territoriale de Maurice à l’encontre des ténors de l’opposition », fait-on comprendre du côté de Lakwizinn du PMO, qui sait que tout cela se jouera serré.
Location de
Diego Garcia
D’autre part, le dossier des Chagos, à l’annonce de ce deal, pourra se transformer en une Trump Card dans cette quête électoral pour un Pravind Jugnauth 3.0., littéralement un visa pour des consultations one-to-one avec les Américains. L’intention déclarée de Pravind Jugnauth d’ouvrir des négociations avec les Américains pour la location à bail de la base militaire de Diego Garcia ouvre la porte à la possibilité de rentes à être versées par Washington en faveur de Maurice.
Du temps où il siégeait dans les rangs de l’opposition, le leader du Parti Mauricien Social Démocrate, Xavier-Luc Duval, avait fait état d’un chiffre de Rs 120 milliards par rapport à la location de Diego Garcia. C’était lors des échanges sur une des multiples Private Notice Questions (PNQs) à l’Assemblée nationale. De son côté, le Leader of the House, Pravind Jugnauth, avait préféré ne pas prendre la balle au bond.
Il n’empêche que l’option du loyer pour la base militaire de Diego Garcia n’est nullement à dédaigner du côté de Lakwizinn du PMO pour assurer le financement des promesses électorales en tous genres, soit du paiement de la révision à la hausse des prestations sociales à l’internet gratuit pour les jeunes de 18 à 25 ans se rendant aux urnes pour la première fois, au paiement du Pay Research Bureau (PRB) en faveur des fonctionnaires ou encore pour combler le déficit du budget Labous Dou. Sans compter les annonces à venir avant le coup d’envoi de la campagne électorale.
Néanmoins, ce scénario de location à bail, même si la proposition émane du gouvernement, échappe à tout contrôle de Maurice quant au time frame de la mise en place de ce scheme. D’abord, l’accord sur les Chagos doit être paraphé entre Londres et Port-Louis avec l’assentiment des Américains.
Plus déterminant demeure le fait que les États-Unis sont en pleine campagne pour les présidentielles avec les élections devant se dérouler le mardi 5 novembre et l’Exécutif suspendu au choix des électeurs des Américains. En plus, la prochaine administration américaine ne se mettra en place qu’à partir du 20 janvier de l’année prochaine.

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