Dix-neuf ans après le braquage de la Mauritius Commercial Bank (MCB) au QG de Port-Louis et le meurtre du Customer Service Supervisor, Gérald Lagesse et plus de huit ans après sa condamnation devant la Cour d’assises, Jiawed Ruhumatally qui purge une peine d’emprisonnement de 40 ans dans cette affaire fera face à un nouveau procès. C’est ce qu’a ordonné le Privy Council hier.
Les Law Lords ont estimé que le principal concerné n’avait pas bénéficié d’un jugement équitable de la part du jury qui, selon eux, a été influencé dans sa décision par la manière dont feu juge Prithviraj Fekhna avait présidé l’affaire. Jiawed Ruhumatally contestait la peine qui lui avait été infligée en appel pour ce crime commis le 11 février 2005 lors du braquage de la MCB Port-Louis. Gérald Lagesse avait été retrouvé mort, ligoté et bâillonné dans la salle des coffres avec notamment Rs 51,8 millions emportées ce jour-là. L’autopsie avait attribué la cause à une asphyxie.
Jiaved Ruhumatally avait plaidé non-coupable pour l’assassinat de Gérald Lagesse. Ses deux complices Steve Monvoisin et Laval Sambacaille, avaient bénéficié d’un procès séparé et avaient ont plaidé coupable pour le meurtre de Gérald Lagesse. Ils ont écopé de 16 ans de prison chacun. Les hommes de loi de Ruhumatally, Mes James Prusram Ramdhun et Zaredhin Jaunbaccus, avaient insisté sur le fait que leur client n’avait pas l’intention de provoquer la mort de la victime.
À cet effet, ils estiment que l’utilisation d’une chemise et de papier pour bâillonner la victime ne prouvait pas une intention d’homicide, en soulignant que le plan initial de son client et de ses complices était de cambrioler la banque, et non de commettre un meurtre. Le Directeur des Poursuites Publiques (DPP), Me Rashid Ahmine, s’était déplacé à Londres dans le cadre de l’appel interjeté par Ruhumatally et avait plaidé qu’il existait des preuves suffisantes pour justifier le verdict de culpabilité à l’encontre de Ruhumatally.
Me Ahmine avait souligné que même si sa participation dans le crime pouvait sembler minime, elle satisfaisait néanmoins à l’élément du meurtre. Il avait également affirmé que les accusés avaient délibérément choisi d’utiliser la violence lors du cambriolage, étayant son argument en soulignant l’absence de masques ou de gants, suggérant que leurs identités étaient connues.
« It is clear that the appellant denied any intention to kill and so denied any premeditation of the killing. It was therefore particularly important for the judge to be accurate when reminding the jury of the evidence about what the appellant did to Mr Lagesse. Unhappily, with all respect to the judge, he fell into error in this regard », ont relevé les Law Lords du Privy Council, soutenant qu’un détail pertinent n’avait été proprement adressé, soit la couverture de la bouche uniquement de Gérald Lagesse et non pas son nez.
« In their closing speeches, neither counsel suggested there was any evidence of the shirt being over the nose as well as the mouth. If the judge felt it important to refer to his exchange with the doctor, it was in the Board’s view necessary for him to remind the jury that it was he himself who had suggested that the shirt was tied over the mouth and nose, that there had been no evidence to that effect before that suggestion was made, and that the remainder of Dr Gungadin’s evidence was to the effect that it was not tied over the nose. Regrettably, this passage of the summing up would unintentionally have had the opposite effect », mettent en avant les Law Lords.
Le Conseil Privee du Roi a accepté l’argument de Ruhumatally que le juge, « by this direction, took away from the jury an issue which only they could properly decide ». Jiaved Ruhumatally fera face à un nouveau procès presque 20 ans après le braquage de la MCB.