2 x 1 = 50 !

L’erreur est courante : lorsque le thermomètre affiche des températures particulièrement basses, spécialement lorsque la saison ne s’y prête pas, beaucoup se posent inévitablement la question, comme l’avait fait jadis Donald Trump, de savoir quel crédit apporter au réchauffement planétaire. Faisant ainsi le lit inconsciemment des climatosceptiques. Le souci, dans le cas présent, c’est qu’ils sont encore trop nombreux à ne pas faire la distinction entre météo et climat. Si les deux termes sont similaires quant au sujet traité, une différence de taille les sépare pourtant, à savoir la durée, le premier traitant en effet de l’instantané (les prévisions sur les prochains jours), tandis que l’autre (le climat) s’attache aux conditions atmosphériques moyennes prévalant sur plusieurs années.

- Publicité -

Dans la conjoncture, cette nuance entre météo et climat prend tout son sens. Car s’il est compliqué de prévoir avec exactitude le temps qu’il fera dans la journée, tant de paramètres étant à prendre en compte, le climat, lui, s’appuie sur des moyennes établies sur de longues périodes, et permet ainsi d’en déduire des modèles beaucoup plus crédibles sur des laps de temps bien plus longs.

Cette introduction (nécessaire) étant faite, et les faits rétablis, la question principale demeure : puisque réchauffement de la planète il y a, comment y remédier ? Question à laquelle vient naturellement s’ajouter celle de savoir si nous pourrons d’ailleurs y arriver. Il faut en effet reconnaître que le monde ne semble pas vouloir faire beaucoup d’efforts en la matière, et ce, alors que la problématique de nos excès en matière d’émissions carbonées est connue de tous depuis des décennies et que l’expression synthétique « effet de serre » l’est, elle, depuis le début des années 80’. Or, le temps ne joue pas en notre faveur. Mais alors vraiment pas !

Dès lors, doit-on s’attendre à assister à l’agonie programmée de l’humanité ? L’effondrement est-il pour demain ? À cela, nous reprendrons les propos de Vincent Mignerot, essayiste sur la synesthésie et la collapsologie, qui, sur les caractéristiques de l’humain, synthétisent assez bien notre vision. À savoir le fait que Sapiens porte en lui les germes de son autodestruction. Pour schématiser sa pensée, plus nous nous développons, plus nous vivons nombreux et de plus en plus longtemps, plus nous détruisons l’environnement, plus vite nous nous affaiblissons… et plus vite nous précipitons notre chute.

Vincent Mignerot estime ainsi que « quelle que soit l’organisation sociétale humaine considérée, l’effondrement est le retour plus ou moins rapide et global des contraintes de la régulation par les lois naturelles, sur les critères de l’alimentation, de la sécurité, et de la santé ». En d’autres termes, quand une société humaine ne maîtrise plus sa propre alimentation, la circulation des pathogènes ou le réchauffement climatique, alors l’effondrement sociétal n’est jamais loin. Mais alors, comment se fait-il, puisque nous savons tout cela et que nous avons atteint un niveau de développement technologique tel que nous le connaissons aujourd’hui, que nous ne puissions maîtriser des choses aussi élémentaires que nos besoins de base et la protection de notre habitat (la Terre) ?

En vérité, la réponse est contenue dans la question elle-même, tenant en effet dans la notion même de « développement ». Lequel n’aura été possible qu’en mettant en place un grand nombre de structures sociétales connexes, et dont la pire est probablement celle régissant notre modèle économique. C’est ainsi que, peu à peu, l’hégémonie commerciale, la rentabilité et la croissance auront supplanté des sujets pourtant vitaux, tel que l’accès à l’eau et à l’alimentation, le changement climatique ou encore la perte de la biodiversité, pour ne parler que de ces quelques items. Lesquels deviennent dès lors des sujets d’importance secondaire.

Pour résumer, le problème de notre manque de réactivité découle de notre conditionnement sociétal. Mais ces règles que l’on a établies ne valent que pour l’humain, et aucunement pour les « autres vivants », et encore moins pour la planète. Il s’agit de deux réalités différentes, et fondamentalement incompatibles. Si en économie deux actions de Rs 4 000 coûtent Rs 8 000, dans le monde physique, qui est tout sauf linéaire, une hausse de 2 °C n’est pas deux fois plus grave qu’une augmentation de 1 °C… mais 50 fois. Voilà donc matière à jeter au panier nos vieilles tables de multiplication !

 

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour