Dans le cadre d’une démarche concertée entre le Ministry of Education, Tertiary Education, Science and Technology et le Mauritius Institute Education (MIE), une étape cruciale a été franchie la semaine dernière concernant l’éducation environnementale à Maurice. En effet, la première formation nationale de formateurs à l’outil d’Education environnementale Sandwatch, pilotée par la Commission de l’océan Indien (COI) dans le cadre de son ambitieux projet « Résilience des populations et des écosystèmes côtiers du sud-ouest de l’océan Indien » (RECOS), avec le soutien de l’Agence française de développement (AFD) et du Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM), a pris place.
Cette formation a réuni un groupe de 32 formateurs, composé de 14 enseignants issus de divers établissements scolaires — Adolphe de Plevitz, Simadree Virahsawmy, Flic en Flac, Hamilton College, Loreto College Mahebourg, Regis Chaperon —, 11 membres d’ONG engagées dans la préservation environnementale, quatre représentants du MIE et quatre agents du ministère de l’Éducation. Son objectif : renforcer les compétences nécessaires à la mise en œuvre efficace du programme Sandwatch, une approche éducative reconnue dédiée à la surveillance, à l’évaluation et à la protection des zones côtières.
50 pays membres
Le programme Sandwatch, lancé par l’UNESCO en 2001, est un exemple concret de collaboration internationale pour la préservation des écosystèmes côtiers. Il s’agit d’un processus éducatif par lequel des élèves, des enseignants et des communautés locales travaillent ensemble pour surveiller les environnements côtiers, identifier et évaluer les menaces, problèmes et conflits auxquels ils sont confrontés et développer des approches durables pour y faire face. Ils acquièrent des méthodes d’observation scientifique, appliquent ces méthodes sur l’environnement des plages, surveillent et analysent les menaces pesant sur leur plage ; ils partagent leurs informations avec les autres membres de leur communauté, puis tâchent de résoudre les problèmes.
Ils travaillent ensemble pour améliorer l’environnement de leur plage et développer la résilience vis-à-vis du changement climatique. Depuis ses débuts en 2001, le réseau Sandwatch s’est étendu et comprend aujourd’hui plus de 50 pays membres, parmi lesquels des centaines d’écoles et des groupes communautaires qui surveillent activement les modifications environnementales subies par leur plage.
Le projet RECOS, mis en œuvre par la COI aux Comores, à Madagascar, à Maurice et aux Seychelles jusqu’en 2026, a lui pour objectif de renforcer la résilience des populations littorales face aux effets du changement climatique en restaurant les services rendus par les écosystèmes côtiers. Il intervient principalement autour de quatre principales thématiques : gestion des aires marines protégées, conservation et restauration des écosystèmes essentiels (mangroves et herbiers) ; gestion et observation du littoral, et enfin, éducation à l’environnement. Outre Sandwatch, RECOS assure la promotion et la diffusion d’autres dispositifs d’éducation à l’environnement déployés dans la région. Cette initiative est financée à hauteur de 10 millions € par l’AFD et le FFEM.
L’outil Sandwatch vise à sensibiliser et à outiller les participants pour une meilleure gestion des ressources naturelles côtières. À l’issue de cette formation intensive, les participants se sont vus attribuer des « kits Sandwatch », comprenant le matériel nécessaire pour surveiller de manière autonome les plages de l’île.
Anfani Msoili, chargé de mission en charge de la Transition écologique et énergétique, tourisme et migrations, au sein du Secrétariat général de la COI, a souligné l’importance de cette initiative dans le contexte régional. « Depuis un an, la COI s’est engagée, à l’occasion du premier atelier régional dédié à l’éducation à l’environnement en zones côtières à Flic-en-Flac organisé par notre projet RECOS, à redynamiser le programme éducatif de l’UNESCO Sandwatch dédié à l’observation, au suivi et à la protection des littoraux qui a fait ses preuves dans le monde. Depuis, des plans d’actions nationaux ont été développés aux Comores, à Madagascar, aux Seychelles et, bien sûr, à Maurice », a-t-il rappelé. Cette formation représente ainsi un pas de plus vers la concrétisation de ces plans.
En effet, trois initiatives de mise en œuvre du programme Sandwatch avaient été développées à Maurice entre 2016 et 2010, sous l’impulsion de l’ONG Aide au Développement Durable (ADD). Cependant, avec la crise du Covid-19, le processus de cette expérimentation a dû être temporairement arrêté. La récente formation s’inscrit dans une volonté de renforcer l’éducation environnementale à Maurice.
Shalini Mahadowa-Reechaye, Acting Director au ministère de l’Éducation, a souligné l’importance de l’approche Sandwatch dans le développement des compétences des élèves. «
Travail en équipe
« En surveillant les environnements côtiers, en identifiant et en évaluant les menaces existantes et en proposant des solutions, les apprenants ont l’occasion de développer des compétences de travail en équipe, mais aussi de mettre en pratique les théories qu’ils apprennent en cours, contribuant certainement à rendre les sciences plus attrayantes pour les étudiants », a-t-elle expliqué.
Le professeur Ravhee Bholah, référent national en matière d’éducation environnementale pour le projet RECOS et coordonnateur de l’Éducation pour le développement durable au MIE, a mentionné lui aussi également l’importance du programme Sandwatch dans le contexte mauricien, le qualifiant d’ « effort louable visant à promouvoir l’éducation au changement climatique pour le développement durable ». Cette formation s’inscrit ainsi dans une stratégie globale de sensibilisation et de préparation face aux défis environnementaux en s’alignant sur (1) les objectifs de développement durable des Nations Unies et (2) l’Agenda 2063 pour l’Afrique et (3) l’initiative du gouvernement pour lutter contre le changement climatique.
À travers cette initiative salué par les participants, Maurice renforce son engagement en faveur de la protection de son littoral et de la sensibilisation des générations futures à l’importance cruciale de la préservation environnementale.