Le sous-effectif et le problème de recrutement dans pratiquement tous les secteurs économiques du pays se présentent comme un vrai casse-tête chinois dans le pays. Il est vrai que le manque de main-d’œuvre dans divers secteurs économiques à Maurice pose un défi majeur. Les secteurs manufacturier, agricole, financier, de la construction et hôtelier sont tous touchés par ce problème. Dans le secteur financier, qui recrute également nombre de diplômés étrangers, on est obligé d’avoir recours à la sous-traitance dans certains pays, comme l’Inde pour le secteur de construction, où certains prennent le risque d’employer des travailleurs étrangers au noir.
Le secteur hôtelier n’est pas épargné. Sebastian La Hausse de Lalouvière, Chief People Officer & Group Legal Counsel, tire la sonnette d’alarme dans un entretien accordé au Mauricien. « L’industrie hôtelière est en sous-effectif et peine à recruter. Beachcomber ne fait pas exception. Nos équipes opérationnelles souffrent de cette pénurie et sont confrontées à une grosse pression. Cette situation nous inquiète et nous appréhendons l’avenir. Le manque de main-d’œuvre dans notre secteur d’activité n’est pas un phénomène nouveau. Cela fait quelques années qu’on l’observe. Mais la crise sanitaire a accentué les difficultés. La pandémie a mis en lumière le caractère mondial de ce problème, qui va au-delà des salaires et touche la nature même du travail. Nous ne nous voilerons pas la face sur la nature contraignante de certains métiers de l’hôtellerie. Aujourd’hui, toute une catégorie de postes n’attire plus les jeunes. Même les écoles hôtelières rencontrent des difficultés à recruter des étudiants mauriciens », dit-il. On ne peut être plus direct. Tenant en compte que cette main-d’œuvre est requise à très court terme et qu’il faut avoir recours à de la main-d’œuvre étrangère pour l’immédiat.
Mais où est donc passée la main-d’œuvre mauricienne ? C’est la question fondamentale qui nous tourmente depuis quelques années. Alors que les entreprises s’arrachent les cheveux pour trouver les ressources humaines nécessaires pour la bonne marche de leurs activités, les agences de plusieurs pays recrutent à tour de bras les travailleurs mauriciens, que ce soit pour opérer sur les navires de croisière ou dans des pays d’accueil en Europe ou au Canada.
TheGlobalEconomy.com, qui publie les données sur le « human flight and brain drain index », souligne que l’impact du déplacement humain sur le développement du pays est évalué à 4,2 sur une échelle de 0-10. On sait qu’un grand nombre d’étudiants mauriciens qui font leurs études supérieures à l’étranger ne revient pas au pays. Ce qui représente un manque à gagner pour Maurice, tenant en compte les dépenses encourues pour leur formation primaire et secondaire.
Beaucoup de raisons sont attribuées à ces départs. Bien sûr les opportunités offertes dans plusieurs pays étrangers, dont le Canada, sont plus attrayantes. De nombreux Mauriciens ont, en raison de leurs compétences et de leurs qualifications, gravi les échelons beaucoup plus rapidement dans des pays étrangers. Alors qu’à Maurice, ils doivent galérer contre le népotisme, entre autres. On connaît de jeunes médecins qui ont composé à plusieurs reprises leurs examens pour entrer dans le service public sans jamais connaître leurs résultats, alors que d’autres ayant de bonnes connexions sont embauchés en quatrième vitesse.
Le secteur privé n’est pas exempté de ce genre de pratique. Il y a surtout le fait que beaucoup de Mauriciens ne croient pas dans l’avenir du pays, aussi bien pour eux que pour leurs enfants. Beaucoup de parents encouragent ainsi leurs enfants à faire carrière à l’étranger parce qu’ils ne veulent pas que ces derniers connaissent le même problème qu’ils ont connu. La situation politique et démocratique du pays ne les encourage pas à penser le contraire. Il suffit de suivre les débats parlementaires et voir comment la démocratie est assassinée chaque semaine pour s’en rendre compte. Ce qui fait que, malgré les généreuses compensations salariales et autres générosités politiques, on a peur pour l’avenir du pays.
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