Une pensée spéciale pour les femmes victimes de violences

En cette Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, ayons une pensée spéciale pour toutes les victimes, surtout pour celles qui ont succombé sous les coups de leur partenaire, dont la tâche principale est de les aider et les soutenir. Il est affligeant de constater qu’en dépit de toutes les campagnes menées à travers le pays et déclarations, l’étendue de ce fléau reste alarmante. Pas plus tard que jeudi dernier, la ministre Kalpana Devi Koonjoo-Shah indiquait que 50 000 plaintes avaient été enregistrées durant ces derniers mois.

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Les statistiques officielles indiquent que le nombre de cas de violences domestiques signalés au ministère de l’Égalité des genres était en hausse en 2022 pour atteindre 5 381, contre 1 654 en 2021. Heureusement, la population prend conscience de plus en plus de la gravité de la violence conjugale, qui a d’ailleurs fait plusieurs décès ces derniers mois. Ce fléau dépasse désormais les faits divers pour devenir un problème relevant des droits humains. Il est devenu un élément récurrent dans les discours officiels ou politiques.
À l’ouverture de la 54e session du Forum parlementaire de la SADC, le Premier ministre a affirmé que son gouvernement adopte une politique de zéro tolérance concernant la violence domestique. Dans ses discours politiques, il s’élève systématiquement contre ceux qui l’accusent de ne pas faire suffisamment pour protéger les femmes. À l’issue de la réunion du comité national sur l’élimination de la violence à l’égard de femmes, jeudi, il a reconnu que malgré les progrès accomplis, beaucoup reste à faire. « Il faut changer la mentalité de certaines personnes, qui pensent que les femmes sont une deuxième catégorie de citoyens », lance-t-il.

Le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, insiste sur la gravité de la situation. « La violence à l’égard des femmes est un crime extrêmement grave », affirme-t-il, estimant qu’aucune raison ni prétexte ne peuvent la justifier, car il est inacceptable qu’une femme ne puisse se sentir en sécurité dans sa propre maison. C’est pourquoi il déplore l’impression de légèreté que dégagent les actions gouvernementales. « Sur 8 600 cas rapportés depuis le début de l’année, seuls 284 Protection Orders ont été émis. Cela veut dire que 8 316 femmes vivent dans l’insécurité », observe-t-il.

Il réclame ainsi des mesures drastiques, comme l’amendement de la loi afin que si une personne fait une déclaration documentée à la police, des poursuites puissent être engagées contre l’agresseur. Il propose, entre autres, l’introduction de bracelets électroniques pour empêcher les agresseurs potentiels de s’approcher de leur femme ou conjointe, ou encore la détention des agresseurs.

D’aucuns pensent que la ministre de l’Égalité des genres est trop timorée et manque de fermeté dans son approche. Elle aurait dû être la première à parler de tolérance zéro et à taper du poing sur la table pour une bonne raison. Espérons qu’elle tire des leçons des débats autour de ce problème. La violence conjugale est une question transversale qui intéresse aussi bien le gouvernement que l’opposition.

C’est l’assassinat le 25 novembre 1960 des trois sœurs Mirabal, militantes politiques dominicaines, qui avait conduit la République dominicaine à proposer cette journée de lutte contre la violence faite aux femmes. En 1993, l’Assemblée générale des Nations unies avait adopté la Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Ainsi, toute action engagée contre le sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée, est considérée comme une violence. C’est le 17 décembre 1999 que l’Assemblée générale de l’Onu avait proclamé le 25 novembre Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. L’heure n’est plus aux paroles, mais aux actes.

Jean Marc Poché

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