Flash Flood : même les morts s’en souviennent

Alors que l’on appréhendait une sécheresse, avec tout ce que cela comprend comme contrôle strict de la consommation d’eau, on a eu droit à des trombes d’eau à la place. Ainsi, selon les services météorologiques, en moins de trois heures, certaines régions, comme Plaisance, ont recueilli une pluviosité bien supérieure à la normale, soit quelque 202, 4 mm à Plaisance, 178,6 à Riche-en-Eau et 103 mm à Quatre-Bornes.

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Les enregistrements vidéos et photos qui ont circulé sur les réseaux sociaux sont époustouflants, avec des rues transformées en courants boueux et des maisons inondées, le mobilier et les équipements électroménagers étant sous eau. À Quatre-Bornes, c’est le mur du cimetière Saint-Jean qui longe l’Old Moka Road, qui débouche près de l’église Saint-Jean, qui s’est effondré sous la pression de l’eau, qui avait inondé la route. Même le cimetière se souviendra de cette subite inondation, qui a fragilisé les tombes, avec tous les risques que cela comporte, forçant les autorités à déclarer le cimetière zone sinistrée, et dont interdit au public.

L’évêché de Port-Louis, dans un communiqué, a expliqué durant la semaine que le cimetière sera ouvert à partir de ce samedi dès 11h, mais uniquement pour les enterrements. Pour autant encore que « la section de la concession soit praticable et si les conditions météorologiques le permettent ». Par conséquent, toutes les demandes d’enterrement seront traitées au cas par cas, et un nombre limité de personnes accompagnant le cortège funèbre sera autorisé dans l’enceinte du cimetière. On peut imaginer les inconvénients que cela risque de poser à ceux devant enterrer leurs morts dans les prochains jours.

À qui la faute ? Au changement climatique ? On garde encore en mémoire l’image d’un autobus complètement immergé et nécessitant l’intervention des pompiers pour en extraire des personnes restées bloquées à l’intérieur. Quelles sont les mesures urgentes prises depuis pour assurer l’évacuation de l’eau ? Lors d’une conférence de presse hier, Arvin Boolell a reproché au Premier ministre, Pravind Jugnauth, « de se cacher derrière le changement climatique », et attribue la faute au fait que la municipalité de Quatre-Bornes, la NDU et la Land Drainage Authority sont à couteaux tirés. Et que, par conséquent, il n’y a aucune coordination entre eux.

Un rapport préliminaire, effectué par Gamma Civic, dort dans les tiroirs, alors que les appels d’offres pour la construction des drains n’ont toujours pas été lancés. On craint que le contrat fasse l’objet d’une emergency proceeding et, donc, soit passé dans l’opacité. Dans le même temps, des craintes sont exprimées au sujet du mur qui sépare le cimetière de résidence Colville, qui figure parmi les régions les plus sensibles en cas d’inondation. On craint maintenant que le mur ne s’effondre et fasse des victimes. Entre-temps, on se demande qui fera les frais de la reconstruction du mur du cimetière et de la réparation des tombes endommagées.

Alors que nous entrons dans la saison des grosses pluies et des cyclones saisonniers, il existe un courant de pensée qui considère que ce n’est ni le changement climatique ni les flash floods qui sont responsables des inondations dévastatrices, mais le bétonnage tous azimuts du pays, qui empêche la canalisation et l’absorption de l’eau par la terre. Cette question préoccupe d’ailleurs l’Union européenne, qui vient tout juste de publier son Pacte vert, lequel tient compte du développement immobilier.

Les standards appliqués en Europe seront bientôt intégrés dans les politiques d’aide européenne. En effet, le Pacte vert pour l’Europe a pour objectif de tenir compte de l’impact environnemental et de la biodiversité lors de la planification et de la construction de nouveaux bâtiments. Cela inclut la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la promotion de l’efficacité énergétique, la gestion durable des déchets et des ressources, ainsi que la protection de la biodiversité et des écosystèmes. De fait, n’attendons pas que notre pays soit sur la liste noire de l’Union européenne en matière de développement immobilier.

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