La présidente de l’AMCCA compte répondre positivement à la demande du ministère et sera présente ce lundi avec son avocat. Une décision sera prise en conséquence
Pression grandissante sur le PM et le ministre du Travail pour la réintégration de Yogita Baboo à MK
PIS, syndicat international des personnels des services publics, invite le Premier ministre mauricien à intercéder auprès de MK pour trouver une solution juste dans le dialogue social pour la présidente de l’AMCCA abusivement licenciée
Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a reçu durant la semaine écoulée une lettre de Public Services International (PSI), un puissant syndicat international, qui l’invite à user de ses prérogatives pour favoriser une solution dans le dialogue social quant au litige qui oppose Air Mauritius à son employée, la syndicaliste Yogita Baboo. Cette organisation syndicale, présente à travers 154 pays dans le monde, a expliqué à Pravind Jugnauth que le management d’Air Mauritius est en violation de la convention 98 du Bureau international du Travail (BIT) et affirme que le pays a fait l’objet d’autres plaintes « of a general lack of genuine collective bargaining in the public sector in Mauritius ».
Par ailleurs, Radhakrishna Sadien a lui, au nom de la plateforme syndicale, demandé au ministère du Travail d’annuler le comité disciplinaire mis sur pied par Air Mauritius Ltd à l’encontre de Mme Baboo et sa lettre de renvoi. Les syndicalistes invitent aussi MK à réintégrer le personnel de cabine cloué au sol pour cause de non-vaccination et en congé sans solde, et que les cabin crew soient autorisés à reprendre leurs fonctions, car toutes ces restrictions ont été supprimées pour les passagers ainsi que dans tous les lieux de travail à Maurice.
Enfin, la présidente de l’Air Mauritius Cabin Crew Association (AMCCA) a requis un rapport écrit pour des éclaircissements sur plusieurs points essentiels afin qu’elle puisse décider de la marche qu’elle compte suivre. Elle n’a à ce jour toujours pas reçu de réponse officielle écrite du ministre Soodesh Callychurn à cet effet… Cependant — à la demande de l’Acting Director au ministère du Travail, Mme Jeetoo, qui lui a, par téléphone, indiqué que l’enquête qu’elle a réclamée sur la compagnie d’aviation nationale est en cours —, elle compte répondre positivement à la demande de rencontre lundi, et se rendra au ministère du Travail avec son avocat. Une décision sera prise en conséquence. Une rencontre qu’elle souhaite en présence du ministre Soodesh Callichurn.
La centrale syndicale Public Services International (PSI), syndicat qui se présente comme étant « a global Union Federation of workers in the public sector », dont sont affiliés 30 millions de fonctionnaires de 154 pays, notamment Maurice, et qui a un statut de consultant pour l’International Labour Organisation (ILO) et la United Nation’s Economic and Social Council (ECOSOC), a écrit à Pravind Jugnauth pour l’informer que le licenciement de Mme Baboo, a mis le management d’Air Mauritius en violation de la Convention 98 de l’ILO puisque son renvoi est basé sur le fait que la présidente de l’AMCCA ait participé à une émission radio en tant que syndicaliste.
« On an undesirable list of international disreputable pariahs »
PSI dit avoir pris connaissance que Mme Baboo, présidente de l’AMCCA, qui est la seule représentante reconnue à défendre les intérêts du cabin crew de MK, a été licenciée avec effet immédiat le 10 juillet 2023 en tant que représentante des membres de son syndicat. PSI rappelle que, selon la pratique dans le cadre des standards internationaux, la suppression d’emplois ou l’intimidation de travailleurs est une grave entorse à leurs droits fondamentaux, en particulier la Convention ILO 98 ART 2.2 que Maurice a ratifiée, qui se lit comme suit : « Such protection shall apply more particularly in respect of acts calculated to (b) : cause the dismissal of or otherwise prejudice a worker by reason of Union membership or because of participation in Union activities outside working hours, or, with the consent of the employer within working hours. »
Le syndicat basé à Ferney-Voltaire en France a aussi informé le PM mauricien que le pays a fait l’objet de « complaints of a general lack of genuine collective bargaining in the public sector in Mauritius, which also puts the country in violation of ILO conventions 98 et 87. » Le cas de Mme Baboo et les plaintes générales autour du collective bargaining et la pratique d’un syndicalisme libre risque de mettre Maurice sur la liste des « country on an undesirable list of disreputable international pariahs’ violation of trade union rights ».
Par ailleurs, le ministre du Travail a également été le récipiendaire d’un courrier que lui a adressé cette fois Radhkrishna Sadien, président de la State Others and Employees Federation (SOEF), au nom de la plateforme syndicale, pour lui demander à être informé des retombées de la lettre que Mme Baboo a envoyée au ministère demandant une mise à jour sur l’enquête qu’il est en train de mener sur l’affaire du licenciement de MK.
Annulation de la lettre de licenciement
Le président de la SOEF réclame par ailleurs au ministère de s’assurer que le comité disciplinaire constitué par Air Mauritius Ltd à l’encontre de Mme Baboo soit déclaré nul et non avenu, et que la lettre de renvoi soit également annulée. Il invite aussi le ministère à intervenir pour que le personnel de cabine — qui a été cloué au sol, et qui est en congé sans solde parce qu’il n’a pas été vacciné — soit autorisé à reprendre leurs fonctions du fait que toutes les restrictions sanitaires liées au Covid ont été supprimées pour tous les passagers des avions ainsi que dans tous les lieux de travail à Maurice.
Il sollicite aussi du ministère que tous les paiements, impayés dus aux employés, soient effectués immédiatement par Air Mauritius Ltd, qui est prié de reprendre les négociations avec l’AMCCA pour toute modification des conditions de service dans un esprit de bonnes relations industrielles. Toutes ces mesures appropriées doivent être prises en cas de violation des articles 29 30 et 31 de la loi sur l’ER ainsi que des articles de la convention 98 de l’OIT par le Royaume-Uni.
D’autre part, la présidente de l’Air Mauritius Cabin Crew Association (AMCCA) et employée licenciée d’Air Mauritius n’est pas au bout de ses peines contrairement à ce que la rencontre au ministère du 31 juillet laissait présager. Une certaine confusion sur diverses déclarations attribuées au ministre dans les médias, à moins que ce ne soit de la volte-face habituelle des politiciens, l’a contrainte à requérir du ministère du Travail un rapport écrit pour éclaircir plusieurs points essentiels afin qu’elle puisse décider de la suite qu’elle compte donner aux évènements.
Yogita Baboo n’a, à ce jour, pas reçu de réponse officielle et écrite du ministre du Travail, Soodesh Callychurn. Cependant, le ministère du Travail, à travers l’Acting Director, Mme Jeetoo, a indiqué à la principale concernée que l’enquête qu’elle a réclamée sur MK est en cours. Dans une lettre envoyée vendredi à la présidente de l’AMCCA, une réunion au ministère du Travail a été convoquée pour ce lundi à 13h30 au ministère du Travail. Elle compte répondre positivement à la demande de rencontre de ce lundi, mais se rendra au ministère du Travail avec son avocat. Elle souhaite — afin d’éviter toutes les confusions et contre avis qui circulent — cette rencontre se fasse en présence du ministre Callichurn.
MK a-t-elle bafouée les lois du travail ?
Yogita Baboo veut savoir s’il y a eu ou non-violation des articles 29, 30 et 31 de la loi sur les relations de travail et des conventions 87/98 de l’OIT ratifiées par le gouvernement mauricien dans cette affaire. Elle voudrait aussi être informée si une enquête a été menée, et avoir en écrit les conclusions de cette enquête, pour ce qui concerne la position d’Air Mauritius Ltd, qui a déclaré que les déclarations faites à la radio par la présidente de l’AMCCA n’étaient pas fondées et étaient trompeuses.
Si tel est le cas, Yogita Baboo demande au ministère du Travail de spécifier quelles sont les informations confidentielles présumées qui ont affecté l’image de MK et qui ont été rendues publiques dans ladite interview à TOP FM. Elle souhaite, à la suite d’une réunion tripartite, savoir pour quelles raisons Air Mauritius Ltd a refusé le conseil donné à Air Mauritius par le ministère du Travail le 22 mai 2023, « d’agir raisonnablement » en considérant le rôle de syndicaliste de Yogita Baboo, et pourquoi, au contraire, MK a décidé d’instituer un comité disciplinaire à son encontre.
Elle demande finalement au ministère de se prononcer si Air Mauritius Ltd a bafoué ou non le droit du travail en instituant un comité disciplinaire contre elle dans la présente affaire et si la compagnie aérienne nationale a agi contre les dispositions de la loi sur la quarantaine en l’empêchant, ainsi que d’autres travailleurs, d’accéder à leur lieu de travail.
Enfin, la présidente de l’AMCCA trouve regrettable que le ministère considère qu’il n’est pas habilité à recevoir des plaintes concernant des infractions à la législation du travail, pour lesquelles il dispose pourtant d’importants pouvoirs de supervision et d’application. Elle demande dans ce contexte au ministère du Travail, comme il l’avait proposé lors de la réunion du 31 juillet, de lui octroyer un rapport impartial qui sera un élément clé de son dossier à être transmis à l’ERT en tant que « cas de bonne foi » conformément aux dispositions de la loi en vigueur. Elle souhaiterait que l’enquête soit menée en toute urgence compte tenu de sa situation professionnelle.