Le Guide - Législatives 2024

Echiquier politique : Le Sun Trust mise sur une stratégie en trois volets

. Le ciblage socio-économique de l’électorat, soit le 3e âge, les femmes et les jeunes
. Le Kadna institutionnel dans une tentative de gêner la mobilisation de l’opposition sur le terrain
. Un éventuel remaniement ministériel avec le come-back d’Ivan Collendavelloo au GM comme une assurance tous risques contre une partielle à la Sol Kerzner à la veille des générales
— Le pari de l’alliance PTr-MMM-PMSD : une première tournée régionale, animée par les trois leaders en marge de la prochaine rentrée de l’Assemblée nationale du mardi 17 octobre

- Publicité -

La mobilisation des principales forces politiques sur le terrain devra aller crescendo jusqu’à la rentrée de l’Assemblée nationale du mardi17 octobre. Même si le calendrier des sorties et activités des leaders des principaux blocs devra tenir en ligne de compte des desiderata hors de tout contrôle, comme la série de fêtes religieuses ou encore de l’agenda international du Premier ministre et leader du MSM, Pravind Jugnauth, notamment au cours des trois prochaines semaines. Par contre, du côté de l’Alliance PTr-MMM-PMSD, surfant sur la vague de Mare D’Albert, déjà trois prochains rendez-vous régionaux sont calés, soit vendredi prochain à la municipalité de Vaocas/Phoenix pour les circonscriptions de La Caverne/Phoneix (N°15), Vacoas/Floréal (N°16) et Curepipe/Midlands (N°17) pour ensuite mettre le cap à l’Est, en particulier les Nos 9 et 10, et revenir dans les régions urbaines, notamment Belle-Rose/Quatre-Bornes (N°18), Rose-Hill/Stanley (N°19) et Beau-Bassin/Petite-Rivière (N°20).

Du côté du Sun Trust, face à la stratégie des N°4 au N°14 enclenchée par l’Alliance PTr-MMM-PMSD, les Tops Chefs de Lakwizinn du Prime Minister’s Office, tout en évitant de donner l’impression de prendre le train de la mobilisation sur le terrain en marche, opte pour un ciblage socio-économique de l’électorat. Ainsi, avec les annonces au sujet de la pension de retraite, ceux dans la tranche d’âge des 60+ sont déjà taken care of électoralement. De par le rassemblement des jeunes au QG du Sun Trust d’hier (voir texte plus loin) avec pour locomotive le Premier ministre, le MSM se dit convaincu de pouvoir assurer une visibilité politique à ce niveau. Et la cerise sur le gâteau devra se faire sous la forme d’une offensive envers l’électorat féminin, littéralement un électeur sur deux dans les nouveaux registres de la Commission électorale pour les prochaines législatives devant être rendus publics en ce début de semaine.

Toutefois, dans l’immédiat, les apparatchiks du pouvoir, bien calés das les arcanes du pouvoir à l’Hôtel du Gouvernement, se sont donné comme objectif principal d’endiguer toute vague provoquée par la concrétisation de l’alliance PTr-MMM-PMSD. D’ailleurs, les premiers signes se présentent sous la formule d’une Operation Ouver Lebra. Ainsi, jeudi après-midi, Pravind Jugnauth a reçu en personne les directeurs de presse invariablement. Le but était de les entretenir d’un problème national, soit la prolifération de la drogue dans le pays.

La dernière fois que le Prime Minster’s Office avait eu recours à une invitation aux responsables de presse remonte à mars 2020. C’était face à un autre ennemi invisible, la pandémie du Covid-19, avec l’état d’urgence sanitaire dans le pays. Et à cette occasion, les « camarades de la presse » n’avaient pas été reçus par le Premier ministre, mais par ses Senior Advisers, en particulier Zouberr Joomaye et Ken Arian. Dire que le temps a probablement changé de mars 2020 à août 2023.

Attention, cette opération Ouver Lebra n’est pas applicable across the board. Car pour l’opposition, en l’occurrence l’alliance PTr-MMM-PMSD, c’est du Kadna à toutes les sauces qui est servi. Ainsi, les organisateurs du rassemblement politique de ce vendredi à Vacoas pour les circonscriptions N°15, N°16 et N°17 ont dû affronter de multiples obstacles administratifs au niveau des Police Headquarters du CP Anil Kumar Dip pour être fixés sur le lieu du nouveau rendez-vous de l’opposition.

« Pravind Jugnauth et ses chatwas veulent par tous les moyens casser l’élan de mobilisation sur le terrain de l’alliance PTr-MMM-PMSD. Avec la vague de Mare D’Albert, les conséquences sont que ce mouvement de grogne et de rejet du gouvernement ira crescendo. Lakwizinn croit qu’en bloquant l’opposition sur le terrain, elle pourra renverser la tendance en utilisant à fond l’appareil d’État ou encore la station de télévision nationale, la MBC. De ce fait, elle pourra détourner l’attention de la population des graves problèmes auxquels le pays doit faire face », laisse-t-on entendre dans les rangs de l’oppsotion.

Mobilisation
Avec le choix de vendredi porté sur la salle des fêtes de Vacoas-Phoenix, les yeux sont tournés vers l’Est, qui devra accueillir prochainement la caravane des trois leaders de l’alliance de l’opposition. Mais déjà, les responsables au niveau des circonscriptions à l’Est ont dû faire face à des tracasseries et autres mesquineries par remote control. Le conseil de district de Flacq, qui avait donné son aval pour une réunion de mobilisation préparatoire, s’était ravisé à la toute dernière minute en annulant la décision initiale.

Néanmoins, la réunion régionale pour la région de Flacq, animée par Anil Bachoo, a fait le plein, vendredi soir, comme l’attestent des photos disponibles sur les réseaux sociaux depuis ce même vendredi soir. « Comparativement à la réunion politique organisée dans le Sud en fin de semaine par le ministre Mahen Seeruttun, celle d’Anil Bachoo, en dépit des objections du Distrrict Council de Flacq, donne une indication du rapport des forces sur le terrain. Nous allons redoubler d’efforts envers et contre tout », poursuit-on dans les rangs de l’alliance PTr-MMM-PMSD, sachant très bien que « Lakwzinn du PMO, de concert avec les institutions, dont les collectivités locales sous le contrôle du VPM Anwar Husnoo, multipliera les difficultés. »

Après Flacq, l’alliance PTr-MMM-PMSD réunira ses partisans des trois circonscriptions des régions basses des Plaines-Wilhems, soit les Nos 18, 19 et 20. Ensuite, ce sera très probablement cap au Nord pour Pmplemousses/Triolet (N°5), Grand-Baie/Poudre-d’Or (N°6) et Piton/Rivière-du-Rempart (N°7) ou encore au Sud-Ouest pour le N°14, laissant le Nord pour la clôture de la première tournée des régions après l’escale des circonscriptions de la capitale, soit du N°1 au N°4.

Au sein de l’état-major de l’alliance de l’opposition, l’on se dt conscient que le calendrier d’activités politiques sur le terrain devra tenir en ligne de compte les incontournables fêtes religieuses, dont le pèlerinage au caveau du Bienheureux Père Laval, l’apôtre de l’île Maurice, de la soirée du 8 septembre avec le nouvel évêque, Mgr Jean-Michaël Durhône, concélébrant la messe pour la première fois en tant que tel, les célébrations du Ganesh Chaturthi du 20 septembre, la période pour observer le Doorga Pooja, ou encore et la fête de la lumière du Divali du 12 novembre.

Présence active du PM
Alors, ce sera déjà le retour au Parlement. Toutefois, au Sun Trust, l’on concède que le Premer ministre devra être en mesure d’assurer une présence active en marge des manifestations nationales pour ces fêtes, notamment avec une sortie officielle à Mont-Roches dans la circonscription de Beau-Bassin/Petite-Rivière (N°20). Après la rencontre d’hier avec les jeunes, Pravind Jugnauth devra se préparer pour deux déplacements officiels à l’international.

Le sommet des BRICS, avec Maurice invitée aux délibérations par l’Afrique du Sud, se déroulera à Johannesburg du 22 au 24 courant. Ensuite, au début de septembre, il y a la présence en tant que Chief Guest de Pravind Jugnauth à l’invitation de son homologue indien, Narendra Modi, pour le G20 Summit de New Delhi, soir les 8 et 9 septembre.
D’aucuns affirment que le déplacement du Premier ministre dans la Grande Péninsule au cours de la première quinzaine de septembre représentera une occasion pour aborder des dossiers bilatéraux dans la marge des délibérations du G20. D’abord, toute la gamme de cérémonies d’inauguration d’infrastructures socio-économiques financées sous des lignes de crédit accordées par l’Inde.

Parmi les plus importants, la nouvelle piste d’atterrissage et la jetée dans l’archipel d’Agalega, sans oublier le centre hospitalier universitaire de Flacq ou encore l’hôpital des yeux. La logique voudrait que le Premier ministre indien, Narendra Modi, soit à Maurice à cette occasion. L’invitation officielle a déjà été lancée, mais les exigences politiques en Inde font que les common dates attendent encore à être confirmées de part et d’autre.
Dans des milieux bien informés, l’on n’écarte pas la possibilité du choix de la présidente de l’Inde, Droupadi Murnu, à cet effet. Du côté de Lakwizinn du PMO, cette éventualité ne présente aucune difficulté, dans la mesure où l’un des axes d’action du gouvernement est l’émancipation et l’autonomisation de la Mauricienne. L’exemple de la présidente de l’Inde pourrait être le showcase après la mésaventure d’Ameenah Gurib-Fakim, protégée du Muvman Liberater d’Ivan Collendavelloo, à la State House.

Sans aucune relation de cause à effet au sujet d’une éventuelle visite officielle de la présidente de l’Inde, le MSM envisage de propulser des éléments féminins encore au-devant de la scène politique. Des recoupements d’informations effectués dans des milieux concordants indiquent que la vice-Première ministre et ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, pourrait être pressentie pour succéder à Pritvirajsingh Roopun à la présidence de la République dans l’éventualité d’un troisième mandat de Pravind Jugnauth.

Remaniement ministériel
Un autre volet de ce scénario au féminin devrait voir Fazila Jeewa-Daureeawoo, actuelle ministre de la Sécurité sociale, être propulsée à la vice-présidence de la République en remplacement d’Eddy Boissézon. Une façon d’illustrer cette opération Lebra Ouver envers l’électorat féminin après le troisième âge et la jeunesse.

Mais des observateurs politiques, qui relèguent ce volet au second plan vu que l’état-major du MSM, dont le ministre des Finances Renganaden Padayachy maintient que le pays n’est pas en campagne électorale, avancent que le Premier ministre pourrait faire face à une urgence dès son retour de New Delhi, même si ce n’est pas avant.

Dans cette perspective, ils reviennent à la charge avec le remaniement ministériel, présenté comme étant long overdue. Cette étape devrait ouvrir la porte du Cabinet Room à Ivan Collendavelloo en tant que Deputy Prime Minister et se présentant comme une assurance tous risques contre une partielle à la Sol Kerzner, alors que la cinquième année du mandat se profile à l’horizon. Ensuite, un signal que le gouvernement complétera son manat de cinq ans.

Mais l’exercice de Ministerial Musical Chair ne s’avère pas sans risques. Le come-back de Collendavelloo sur le frontbench en tant que N°2 débouchera automatiquement sur un downgrading au sein de la hiérarchie gouvernementale de Steven Obeegadoo, qui de concert avec le Speaker, Sooroojdev Phokeer, a été au premier plan pour le naming et les interdictions des parlementaires de l’opposition.

Qui dit remaniement, dit également redistribution des portefeuilles ministériels. Et sur ce plan, la partie ne s’annonce guère facile. Le ministre des Affaires étrangères, Alan Ganoo, mise sur une promotion politique pour sa protégée politique Tania Diolle. Néanmoins, le vétéran du N°14 devra compter sur sa colistière de Savanne/Rivière-Noire, Sandra Mayotte, qui lorgne un maroquin ministériel en s’affichant de manière déterminée sur l’échiquier politique.

Dans les rangs du MSM, Naveena Ramyad, l’actuelle Chief Whip, Joanne Tour, Subhasnee Lutchmun-Roy ou encore Kenny Dhunoo n’ont pas encore dit leur dernier mot au cas où le Premier ministre décide de faire prévaloir ses prérogatives de revoir son équipe ministérielle pour la dernière ligne droite du mandat une fois les attendus du verdict du Judicial Committee of the Privy Council sur la pétition électorale Suren Dayal à Quartier-Militaire/Moka (N°8) rendus publics. Très probablement avant la rentrée du mardi 17 octobre…

Constitution — Pouvoirs et prérogatives
Le DPP, plus qu’un casse-tête chinois
— Anil Kumar Dip accuse le DPP, Me Rashid Ahmine, d’avoir « undermined the powers of the police under Section 71 of the Constitution »
— L’affaire sera appelée devant la cheffe juge, Rehana Mungly-Gulbul, le jeudi 7 septembre

Les fonctions de Directeur des Poursuites publiques (DPP), garanties sous la Constitution, fait encore l’objet de contestations. Mais cette fois par nulle autre autorité que le commissaire de police, poste également prévu dans les dispositions constitutionnelles. En effet, Anil Kumar Dip, dont le fils, Chandra Prakashsingh Dip, n’a pas eu à purger une peine de douze mois de prison dans une affaire de détournement de Rs 3 millions, suite à une grâce présidentielle et qui fait actuellement face à un autre procès au pénal pour le même délit, mais pour un montant plus conséquent de Rs 80 millions, conteste l’autorité du DPP en matière de remise en liberté sous caution. Par le truchement de conseils légaux du privé, Me Sharmila Sonah-Ory, avouée, et de Mes Paul Ozin. KC, de Londres, et Ravind Chetty, Senior Counsel, et Désiré Basset, Senior Counsel, le commissaire de police est en quête d’un constitutional redress de la Cour suprême sous la section 71 de la Constitution.

Le prochain round devant la cheffe juge, Rehana Mungly-Glubul, se jouera le jeudi 7 septembre avec une première indication de la riposte du DPP devant les accusations d’usurpation de pouvoir portées contre lui par le commissaire de police. Ce clash constitutionnel entre le commissaire de police et le DPP est suivi avec un intérêt redoublé non seulement dans les milieux du Barreau et autres auxiliaire de la justice, mais aussi sur le plan politique, vu que les pouvoirs et prérogatives du DPP demeurent un casse-tête chinois.

À ce stade, le DPP n’a laissé transpirer aucune indication quant aux arguments qu’il compte soumettre en Cour suprême pour contrer les velléités d’Anil Kumar Dip. Ce dernier maintient que « in a number of Court proceedings lately, his constitutional powers, duties and responsibilities and that of the Police Force which he commands, are being usurped, otherwise fettered, by the DPP, and the state law officers deputed by him ».
Pour étayer ses dires, le commissaire de police s’appuie sur les décisions prises par le DPP, que ce soit dans les cas de remise en liberté sous caution de Bruneau Laurette, de Me Akil Bissessur, de son frère et de sa compagne, du couple Sherry Singh ou encore de Chavan Dabeedin. Dans ces différents cas précédents, le commissaire de police soulève des objections formelles contre les décisions entérinées par le DPP à cette étape des enquêtes.

Le commissaire va encore plus loin en alléguant que « as a result, current investigations into crime are being negatively impacted, and the provisions of the Constitution relating to the command of the Police Force, the determination of use and control of operations of the Police Force, as well as the powers of arrest upon reasonable suspicion by members of the force of detainees under the law are being interfered, infringed and even usurped by the DPP and those officers deputed by him. »

Dans cette perspective, Anil Kumar Dip demande à la Cour suprême « to declare what are the powers of the police and what are the powers of the Director of Public Prosecutions ». De son côté, le DPP s’est engagé dans une série de consultations en vue de rebutt the arguments du commissaire de police et il pourrait même avoir recours aux services de conseils légaux indépendants à cet effet.

En attendant le dénouement dans cette affaire de constitutional redress, d’autres cas pourraient être kept in abeyance. Ainsi, lors de l’appel de l’affaire de Sherry Singh en Cour de Port-Louis cette semaine, il a été confirmé que le DPP n’a pas encore été mis en présence du dossier d’enquête de la police. Et cela, même si le magistrat a imposé un délai.

De son côté, le surintendant Gungadin, responsable de l’enquête instruite contre Sherry Singh et son épouse, a déclaré à la presse, après la séance au tribunal, que cette situation découle du fait que « ce dossier recèle de sensitive information. Comme pour confirmer le degré de méfiance prévalant entre ces deux institutions émanant de la Constitution et engagées dans le maintien du law and order et de la sécurité publique. »

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -