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Radhakrishna Sadien : « L’affaire Yogita Baboo est le symbole de la remise en question des mouvements syndicaux » 

Notre invité de ce dimanche est Radakrishna Sadien, représentant de la State Employees and Other Federations (SOEF) et négociateur syndical. Au front dans le combat que mène la présidente de l’AMCCA, suivant son limogeage par Air Mauritius, il nous livre ses sentiments face à ce que les syndicalistes réprobent : la liberté syndicale.

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Radhakrishna Sadien, vous avez été au-devant de l’actualité, ces derniers temps, au cœur du conflit Yogita Baboo/Air Mauritius. Quel est votre état d’esprit ?
— Cela fait plus de 40 ans que je suis dans le mouvement syndical. Ce qui se passe aujourd’hui est très grave. Il faut savoir que les pionniers du mouvement syndical ont tout fait pour nous donner ce que nous avons comme acquis aujourd’hui, en termes de lois et de plateformes, qui protègent les travailleurs et les syndicats. Nous disposons, donc, d’un cadre pour faire des représentations auprès des employeurs, que ce soit le gouvernement ou le secteur privé. Si une institution comme Air Mauritius, avec comme actionnaire majoritaire le gouvernement, agit de cette façon contre Yogita Baboo parce qu’elle a fait des déclarations, en tant que syndicaliste, à la radio, c’est très grave ! Surtout lorsqu’elle décide de demander à la personne, en tant qu’employée, des explications et en même temps de la convoquer devant un comité disciplinaire, il y a une étape inacceptable qui a été franchie. Qui va, après cela, accepter de prendre la responsabilité d’être à la tête d’un syndicat ? Pour moi aujourd’hui, c’est une remise en question des mouvements syndicaux et c’est la raison pour laquelle nous nous sommes regroupés autour d’une plateforme parce que la violation des droits des travailleurs équivaut aussi à une violation des droits humains.
Il ne fait pas bon être un employé/syndicaliste, ces jours-ci, surtout au sein de compagnies d’État …
— En tout cas, le signal donné ces derniers jours est dangereux. Nous, nous encourageons les femmes et les jeunes à se joindre à des mouvements syndicaux et à prendre des positions de leadership. Le pays a signé des protocoles, notamment avec la SADC, pour encourager les femmes à prendre des positions dans des instances de décision et que Maurice est venu de l’avant avec les amendements de la loi pour les élections villageoises, municipales et nationales… Mais dès qu’elles lèvent la tête, on tente de la couper. D’un côté, on passe des lois et, de l’autre, on les ignore. Yogita Baboo est l’exemple vivant d’une dame qui a osé prendre ses responsabilités et parler au nom de ses membres et qui se retrouve aujourd’hui au chômage. Il y a aussi eu d’autres actions de répressions – comme contre Sharvin Sunassee d’AML, le syndicaliste Badal à la poste… – où l’employeur ne vient pas directement pour demander des explications à un syndicat, mais cherche des prétextes, tente de trouver une faille dans le travail de l’employé concerné pour le faire passer devant un comité disciplinaire, alors qu’il est un syndicaliste. C’est malheureux. Ce qui est beaucoup plus grave c’est qu’Air Mauritius a refusé de discuter avec le syndicat qui a la sole recognition. Mme Baboo a parlé à la radio et dans la presse à plusieurs reprises avant cet épisode, sans être inquiétée. Mais trois quatre jours avant qu’elle ne soit convoquée devant le ERT, comme témoin principal, la compagnie a trouvé nécessaire de la renvoyer. Si ce n’est pas de l’intimidation, c’est quoi alors ?
Est-ce qu’un employé/syndicaliste peut tout dire contre son entreprise ?
— Elle doit tout dire… Si l’employé/syndicaliste travaille dans une situation où il a eu des représentations de ses membres, c’est tout à fait normal pour lui de voir quels moyens il utilisera pour faire ses représentations. Surtout si le syndicat n’a pas eu de réunion avec l’administration ou avec le patronat pendant des mois, des années. Les membres ont besoin de savoir ce qui se passe. Autrement, ils peuvent croire qu’il y a une complaisance quelque part de leur représentant syndical. Un syndicaliste doit venir dire : voilà les problèmes auxquels nous faisons face, et sensibiliser d’autres personnes qui sont concernées indirectement aussi par rapport à la situation pour qu’elles prennent position et puissent raisonner ceux qui refusent le dialogue avec le syndicat. Il y a pas mal d’actions qu’un syndicaliste peut prendre dont les lettres, les grèves, les actions de rue… Moi-même, en tant que syndicaliste, j’ai fait des critiques contre le rapport de l’audit, par exemple, où j’ai parlé de mauvaise gouvernance, de gaspillage de fonds publics… Est-ce que demain, parce que j’ai fait une déclaration, on me convoquera devant un comité disciplinaire ? Il ne faut pas oublier qu’aujourd’hui, les syndicats ne sont plus comme les syndicats d’antan. Aujourd’hui, on prend position sur les problèmes nationaux, sur l’emploi, les problèmes d’environnement… beaucoup d’autres thèmes. Même le Bureau International du Travail (BIT) encourage le dialogue permanent entre les trois partenaires syndicats, gouvernement et patronat, sur les sujets socio-économiques.
Parlons de l’affaire Yogita Baboo. La direction d’Air Mauritius semble avoir, dans cette affaire, d’emblée décidé de la virer. Quelles en sont les vraies raisons ?
— C’est l’impression qui se dégage en tout cas. Mme Baboo a fait des déclarations avant cette date du 25 avril, où elle est partie à la radio. Pourquoi MK n’a pas agi avant ? Ce n’est que quelques jours avant qu’elle ne soit convoquée devant le Tribunal de l’emploi que la compagnie est sortie avec cette lettre. C’est ce que je n’arrive pas à comprendre. Aussi, parmi les nombreuses raisons évoquées par MK par rapport à cette émission radio, il est dit que Mme Baboo a dit que si aujourd’hui MK est en train de remonter la pente, c’est grâce aux travailleurs. Qu’est-ce qu’il y a de mal dedans ? Si, toutefois, il y a des choses où la compagnie pense qu’elle est allée en dehors du cadre, il y avait d’autres instances pour en discuter. Pas un comité disciplinaire. Là, il est clair qu’on est en train de museler la syndicaliste. On est en train de violer la section 29 et 30 de l’ERAct. Or, la section 31 de cette loi qui a été votée par nos parlementaires stipule qu’il y a aussi des sanctions pour ceux qui osent aller à l’encontre de ces deux provisions de la loi. Il y a aussi la Convention 98 du BIT.
La résistance de l’AMCCA aux baisses des salaires pendant la pandémie et lorsque MK était sous administration volontaire semble être restée en travers de la gorge du management d’Air Mauritius…
— Vous avez raison de dire que c’est resté en travers de la gorge, car ils cherchaient un moyen d’agir. Les dirigeants de MK ont tout fait pour essayer de créer des divisions à l’interne, mais n’ont pas réussi. C’est pourquoi nous pensons que par la suite, l’administration de MK s’est dit que c’est une occasion de couper la tête et de mettre ce syndicat sous son contrôle, sous son diktat. Heureusement que les membres ne sont pas tombés dans le piège tendu. Il faut saluer le courage de ces personnes qui ont résisté, saluer le courage de ce syndicat qui a tout de même tenu tête.
Être de plus traînée devant l’Employees Relations Tribunal (ERT) où Air Mauritius peut être condamné à payer des sommes importantes aux employés est aussi une source de la colère contre la syndicaliste de l’AMCAA …
— Bien sûr. En limogeant la personne en tant qu’employée, la compagnie pensait que Mme Baboo ne serait plus présidente, qu’elle serait remplacée et que l’administration pourrait faire comme bon lui semble. C’est le dessein, mais ce sont des hypothèses. Mais ce qui est sûr c’est que le cas devant l’ERT est un cas de réclamation légale. Ces employés ont travaillé et c’est leur dû. Il y a des sommes énormes engagées. Il y a des personnes à la tête qui ont travaillé pendant la période d’administration volontaire qui ont touché des millions. Il y a des personnes qui sont à la tête de l’entité aujourd’hui – car il ne faut pas oublier qu’on a aussi créé le Airport Holdings – qui ont des salaires mirobolants. Je ne dis pas que ces personnes ne doivent pas être payées. Mais qu’en est-il de ces travailleurs, ces frontliners, qui œuvrent pour l’avancement de la compagnie depuis des
années ? Le sourire dans l’avion, c’est
qui ? Ce sont les hôtesses, les stewards. Les personnes qui sont à l’accueil, ce sont les employés d’Air Mauritius, ce ne sont pas ces personnes qui prennent des décisions dans leur tour. Je ne dis pas qu’il ne faut pas les payer, mais il ne faut pas refuser de payer les gens qui ont travaillé pour la compagnie.
Pourquoi la mise à pied de Yogida Baboo est un très dangereux précédent pour tous les syndicalistes de ce pays ?
— C’est ce que tout le monde doit comprendre. Les employés dans les entreprises, les corps paraétatiques ont le droit de se syndiquer, c’est clair dans la loi et chaque année ou chaque deux ans, il y a une assemblée pour pouvoir élire les dirigeants de l’union. Si une compagnie comme MK est allée aussi loin que mettre un syndicaliste à la porte parce qu’il ne faisait que son travail, quel signal est-on en train d’envoyer ? Pas seulement aux syndicats à l’intérieur de MK qui craindront de parler et deviendront des béni oui-oui, mais aussi dans le privé. Est-ce que les gens aujourd’hui seront intéressés à se joindre à des mouvements syndicaux ? Est-ce que les gens seront motivés à prendre des responsabilités pour défendre les travailleurs ? Qu’arrivera-t-il aux droits des travailleurs ? Nous le disons haut et fort : ce qui se passe à Air Mauritius est très grave. D’ailleurs, les instances avec lesquelles nous avons pris contact nous disent que nous ne pouvons pas laisser passer ce qui s’est passé. C’est mauvais pour la réputation de Maurice.
Air Mauritius a émis un communiqué en fin de semaine dernière et dit avoir agi dans la légalité en licenciant Mme Baboo qui n’a pas assisté au comité disciplinaire…
— Je vous remercie de me donner l’occasion de donner une précision dessus. Beaucoup de personnes ont l’impression que Mme Baboo n’est pas allée au comité disciplinaire. Mme Baboo a été convoquée en tant qu’employée devant un comité disciplinaire. Elle aurait pu ne pas partir. Mais on s’y est rendu. Il y avait Mme Baboo, l’avoué, l’avocat Me Urmila Boolell et moi-même. Mme Boolell a fait une déclaration au nom de Mme Baboo pour dire que nous sommes venus par courtoisie et que ce que MK fait est illégal car la compagnie a convoqué une personne en tant qu’employée, alors qu’elle a agi en tant que syndicaliste lorsqu’elle a été à la radio. Ils ont écouté, ils ont pris note, ils n’ont rien dit, et nous sommes partis. D’ailleurs, je tiens aussi à faire ressortir que le comité n’était même pas préparé à cette réunion. C’est devant nous qu’ils se demandaient entre eux quelles étaient les charges… Pour nous, ce comité n’avait pas de locus standi, car si une personne fait une déclaration en tant que syndicaliste et qu’on la convoque devant un comité disciplinaire en tant qu’employée, ce n’est pas légal. Est-ce MK a réalisé que nous avons voté une loi, ERAct et qu’il y a une provision pour la protection des travailleurs et des
syndicats ? Je ne sais pas où ils ont eu leur conseil, mais je crois qu’ils sont en train de faire fausse route.
Le ministère du Travail a joué au Ponce Pilate dans cette affaire. Il a fait semblant de faire une réunion de conciliation avec MK, mais ne lui impose pas de respecter les lois locales et internationales. En plus, le PM n’a pas eu le temps de recevoir le collectif des syndicats. Le gouvernement semble donner tout son soutien à l’employeur MK…
— Quand je vois un ministre qui vient à la rescousse de MK et qui se range du côté de l’institution qui a commis une erreur en agissant en violation des droits des travailleurs et des conventions du BIT, je crois que cela le rend complice de tout ce qu’Air Mauritius est en train de faire. Ceux qui ont pris des décisions à MK, ont évidemment donné leur interprétation au gouvernement, mais malheureusement Yogita Baboo n’a pas eu cette oreille. C’est trop facile de venir dire que MK est en train d’agir de façon légale. Est-ce à dire que nous, nous sommes en train de faire quelque chose d’illégal ? D’ailleurs, le BIT a écrit au gouvernement pour lui demander des explications. Si le BIT n’était pas convaincu qu’il y avait un problème, il n’allait pas écrire. Après les démarches de notre part, la Fédération Internationale du Transport (FIT) a aussi condamné l’acte de MK et le ministère nous a aussi écrit pour nous demander de venir à une réunion. Nous avons refusé, car la balle était à ce moment-là dans le camp de MK et le ministère qui est une instance, qui est là pour veiller au respect de la loi, n’a pas pris ses responsabilités de s’assurer que le enforcement de la loi a été fait correctement. Au début de la crise, lorsque nous avons eu une réunion avec un conseiller du ministère et le représentant de MK, le ministère du Travail a dit à MK qu’il faut que la compagnie soit raisonnable. Et MK n’a pas réagi. Au lieu d’écouter le conseil du ministère, MK a persisté dans sa démarche et a institué un comité disciplinaire. Nous avons une nouvelle fois écrit au ministère pour lui dire que ce comité disciplinaire est anormal. Mais le ministère nous a dit qu’il n’a pas le pouvoir, selon la loi, pour empêcher un comité disciplinaire et nous a indiqué que nous pouvons aller en Cour suprême. La loi qui protège les travailleurs est là, mais elle n’a pas été respectée. Le ministère nous dit qu’il ne peut pas agir. Or, le ministère est là pour protéger les travailleurs. Quand MK a refusé le conseil du ministère, le ministère aurait dû le rappeler à l’ordre.
Les relations pouvoir /syndicats ne sont plus au beau fixe…
— À notre niveau, nous effectuons notre travail comme syndicalistes, nous faisons des appels, des demandes de réunions, etc. Mais il y a des choses que nous ne pouvons pas faire. Cela dit, il nous faut dire qu’avant-hier, vendredi, nous avons reçu une communication du ministère du Travail qui nous convoque dans une réunion, lundi matin, par rapport au cas Yogita. C’est le ministre qui souhaite nous rencontrer et nous avons agréé à la demande. D’une part, parce que nous ne voulons pas donner l’impression que nous refusons le dialogue, surtout aux yeux du BIT, et d’autre part. parce que c’est le ministre lui-même qui semble vouloir prendre cette affaire en mains. La dernière fois, c’est un fonctionnaire qui nous avait convoqué, mais un fonctionnaire ne peut pas prendre de décision. Cette fois, c’est le ministre lui-même qui nous recevra pour donner suite à une lettre que nous lui avons adressée et dans laquelle, outre le cas Yogita Baboo, on a aussi rappelé au ministre les avancées pour les travailleurs, dont le salaire minimum et d’autres amendements à la loi… sous sa volonté et son mandat. Nous lui avons fait comprendre que ce qui se passe aujourd’hui sera un point noir dans l’histoire !
Le ministère de la Santé aussi s’est dédouané en campant sur sa position concernant la vaccination anti-Covid pour les membres de l’équipage de MK. Nous avons entendu la réponse arrogante du ministre de la Santé au Parlement…
— Je trouve cela inacceptable ! Et je pense qu’il y a un gros problème de communication et de coordination au sein des ministères et autres institutions. Aujourd’hui, les touristes qui viennent à Maurice, est-ce qu’on leur demande un certificat vaccinal comme on l’exigeait durant la période pandémique ? Non. Pourquoi continuer ? À Maurice, tout le protocole mis en place a été aboli avec l’évolution de la situation dans le pays et dans le monde. Pourquoi Air Mauritius continue d’exiger le certificat vaccinal de ses employés ? C’est un droit pour chaque individu de ne pas se faire vacciner et aujourd’hui, avec l’évolution de la situation, on ne peut pas continuer à ground ces personnes. Or, la condition de MK est toujours là et MK ne trouve pas la nécessité d’aller voir les autorités, le ministère de la Santé, le ministère du Travail… ou ceux concernés pour prendre des dispositions et enlever ces
regulations ! Voyez-vous, il n’y a pas que le cas de Yogita Baboo, mais beaucoup d’autres personnes chez MK qui passent par des moments difficiles car elles ne peuvent travailler aussi…
Le ministre Teeluck parle, lui, de cas isolé de Yogita Baboo et de politisation… Votre commentaire ?
— D’un revers de main, je rejette cela catégoriquement. C’est une accusation grave et non fondée. Nous sommes totalement indépendants. Je n’ai jamais collé une affiche politique. Je n’ai jamais été dans une réunion politique. Aussi, tous syndicats que nous sommes, nous avons critiqué les anciens gouvernements. Il faut se dire que souvent, ceux qui sont dans l’opposition parlent un langage et quand ils sont au pouvoir, ils oublient. Aujourd’hui, c’est une affaire qui concerne les syndicats et organisations qui militent pour les droits humains. C’est trop facile de venir faire ces allégations. Je ne vois pas où ils ont vu que c’est politisé. C’est pourquoi je fais un appel aux travailleurs, dont nous ne connaissons pas les opinions politiques, de venir soutenir Yogita et la lutte syndicale pour la marche du 2 août.  On ne peut, bien entendu, pas empêcher des gens de venir à cause de leur couleur politique. En revanche, on ne va pas, non plus, permettre aux gens de nous utiliser comme marchepied pour tirer un capital politique.
Vous avez fait appel aux organisations internationales comme le BIT, la FIT et d’autres pour faire pression sur le GM, le ministère du Travail et Air Mauritius. Cela ne semble pas avoir fait plier ces autorités pour empêcher le comité disciplinaire, la décision de la licencier, ni de la réintégrer. On a même l’impression que le GM et MK se croient au-dessus de tout…
— Nous avons un gouvernement au-dessus du peuple, mais il y a la loi. S’il y a une institution qui ne respecte pas la loi, c’est aux autorités d’agir. D’ailleurs, c’est aussi une affaire criminelle et Yogita Baboo est allée au CCID consigner une déposition Désormais, nous attendons que le ministère du Travail s’assure qu’il y ait de bonnes relations industrielles. Les organisations internationales nous observent. La FIT ne peut pas prendre d’actions, mais le BIT oui. Le gouvernement a une obligation de respecter les conventions signées. Autrement, un gouvernement qui ne respecte pas et agit contraire aux conventions court le risque d’aller devant un comité du BIT. Sachez que le BIT compte tous les pays et s’il y a faute trouvée dans l’affaire de MK, ce cas sera connu de tous les autres pays, de tous les autres gouvernements. Imaginez ce qui se passera pour Maurice, qui jouit normalement d’une bonne réputation, si une telle chose se répercute à l’internationale ! C’est une situation qu’on n’aurait pas souhaité voir arriver car nous sommes Mauriciens et nous aimons notre pays. Nous ne voulons pas être pointés du doigt. Mais les autorités doivent agir avant qu’il ne soit trop tard.
Cette affaire a permis de ramener tous les syndicats importants à une même table. Votre commentaire?
— Il faut saluer ces collègues, ces syndicats qui nous ont rejoints. Je les remercie car tous ont pris conscience du danger qui nous guette devant. Cette union est exemplaire, car nous ne voulons pas nous retrouver dans une situation où nous dirons “après moi, le déluge”. Nos tribuns ont œuvré pour nous donner des lois et il ne faut pas qu’on nous pointe du doigt pour avoir laissé passer un cas de répression. Autrement, nous allons vers le commencement de la fin des syndicalistes. Maurice a une réputation d’être un pays démocratique, il ne faut pas museler les syndicats. Ce sera très mauvais pour la réputation du pays. Air Mauritius est un pourvoyeur de touristes. Si les touristes commencent à réaliser que la compagnie ne respecte pas les droits de ses employés et viole le droit des syndicats, qu’arrivera-t-il ?
Vous avez décidé d’une mobilisation commune pour le mercredi 2 août. Quel en est le but réel ? Que dites-vous au public pour qu’ils viennent soutenir votre manifestation ?
— Mercredi est un jour de travail. Certains pensent que nous aurions dû le faire samedi pour attirer plus de gens. Mais nous, nous avons un objectif :  commencer un travail d’éveil, sensibiliser les gens qui sont à Port-Louis, les dirigeants. Pour nous, cette manifestation aura un effet boule de neige. Peu importe le nombre de personnes qu’il y aura, l’important c’est cette conscientisation. Aujourd’hui, nous avons aussi la chance d’avoir la société civile à nos côtés. C’est important. Alors, nous demandons aux gens, même s’ils ne sont pas présents mercredi, de prendre conscience que nos droits sont menacés. Nous sommes des travailleurs et nous avons une responsabilité vis-à-vis de nos droits. Si ce n’est pas respecté, si on nous musèle, qu’arrivera-t-il de notre futur ?
Le mot de la fin…
— Je voudrais remercier tous ceux qui nous soutiennent et qui se battent pour le respect des droits des travailleurs et des droits humains. Je dis un merci spécial à la presse qui nous aide à faire passer le message à la population. Le combat n’est pas seulement celui des syndicats, c’est celui de tous les Mauriciens !

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