Le baptême de feu de l’alliance de l’opposition

Au moment où nous écrivons, vendredi, les trois principaux leaders de l’opposition, Navin Ramgoolam, Paul Bérenger et Xavier-Luc Duval, étaient à Mare-d’Albert pour le baptême de feu de la nouvelle alliance Ptr-MMM-PMSD, concrétisée le 15 juillet dernier. Ce congrès avait à plus d’un titre une valeur symbolique et historique. Si cette alliance, comme l’a souligné le leader du Ptr, est déjà entrée dans l’histoire politique, vu que c’est la première fois que ces trois partis concluent une alliance électorale, le congrès de vendredi prend également une dimension historique. C’est en effet aussi la première fois que les leaders de ces trois partis se retrouvent sur la même plateforme pour un congrès. Le dernier rendez-vous, annoncé pour le 1er mai, n’avait en effet pu se concrétiser. Ce qui avait le champ libre à l’alliance gouvernementale, qui continue de pavoiser sur le succès de cette manifestation publique, tenue à Vacoas.
Ce congrès de Mare-d’Albert réussira-t-il à créer le déclic souhaité par les principaux concernés ? L’objectif des dirigeants de la nouvelle alliance de l’opposition à travers ce premier rassemblement, qui doit être suivi par d’autres, prévus dans différentes régions de l’île, est de rechercher le plébiscite de la population, tout en créant un impact psychologique suffisant, de manière à s’imposer comme l’alternative au pouvoir en place. « Il faut que les Mauriciens regagnent leur liberté et se permettent de respirer », lançait Navin Ramgoolam dès l’annonce de la création de la nouvelle alliance politique.
Toutefois, il y a encore un long chemin à parcourir. Il reste à bâtir une équipe solide autour des trois leaders. Pas plus tard que la semaine dernière, Arvin Boolell parlait de la nécessité de créer une équipe composée de candidats pouvant se faire élire. Il leur faudra présenter également un programme électoral crédible, avec des propositions fortes et convaincantes pour l’avenir du pays et de la jeunesse.
Plus encore, les mêmes qui manifestent leur impatience concernant la conclusion d’une alliance ou mettaient en doute la possibilité de constituer une alliance s’interrogent déjà sur la durée de cette même alliance. Il revient maintenant aux trois leaders de démontrer qu’ils ont l’endurance nécessaire non seulement pour aller ensemble aux prochaines élections, mais aussi pour démontrer qu’ils ont la sagesse nécessaire afin de constituer un gouvernement durable et cohérent dans le temps.
Les vacances parlementaires devraient donc être riches en activités pour les partis de l’opposition, malgré le fait que le Premier ministre, Pravind Jugnauth, continue de miser sur le temps concernant les élections générales. Il a lui-même encore plusieurs cartes à jouer, entre autres avec son projet de réforme électorale et la réforme des administrations régionales. Par ailleurs, sa participation à la réunion du G20 en Inde, début septembre prochain, sera pour lui l’occasion de montrer son rayonnement sur le plan international. D’autre part, on ne sait pas encore sur quoi déboucheront les négociations bilatérales avec la Grande-Bretagne concernant les Chagos. Une conclusion positive pèsera dans la balance des réalisations de l’actuel gouvernement.
Sur le plan intérieur, le gouvernement continuera de miser sur les gros projets d’infrastructures spectaculaires, avec la construction de logements sociaux, entre autres, qui devrait avancer rapidement. De nouvelles mesures sociales sont aussi déjà annoncées pour l’année prochaine. Il existe cependant quelques incertitudes d’un côté comme de l’autre.
Le jugement du Conseil privé du Roi sur l’appel interjeté par Suren Dayal est attendu avec impatience, et la partie n’est pas gagnée d’avance, du côté de ce dernier comme de l’autre. C’est pourquoi les uns et les autres se gardent de faire des commentaires hâtifs. On ne sait non plus sur quoi débouchera la réouverture du procès intenté à Navin Ramgoolam.
Finalement, le ministre des Finances a poussé un ouf de soulagement cette semaine après que Moody’s a maintenu la note de Maurice à Baa3 et conservé son investment grade. Reste que Moody’s continue de garder un œil vigilant concernant le niveau de la dette extérieure de Maurice.

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