La Confédération des Travailleurs du Secteur Privé (CTSP) a tenu une manifestation dans les rues de Rose-Hill, samedi après-midi, pour protester contre la surveillance des employés par des caméras de surveillance, « une atteinte à vie privée et à la santé des travailleurs », selon Reaz Chuttoo, porte-parole de la CTSP.
Dans l’esprit et dans la bouche des manifestants, il y avait ce combat pour défendre leur droit à l’intimité, mais l’on note que la mobilisation a eu pour toile de fond d’autres revendications. En atteste la présence de nombreux travailleurs étrangers au sein du cortège qui ont donné de la voix contre le fléau de l’exploitation humaine auquel ils disent être confrontés dans divers secteurs, notamment au niveau salarial.
Nous sommes en janvier 2020. La CTSP et ses deux fers de lance, Reaz Chuttoo et Jane Ragoo, jettent un pavé dans la marre en annonçant recevoir régulièrement des plaintes de travailleurs dénonçant l’utilisation abusive de caméras de surveillance, par leurs employeurs, sur les sites de travail.
La CTSP déclare de ce fait la guerre à ces méthodes très peu conventuelles en bénéficiant du soutien de CGT France, de CGT-Réunion et de l’Unité, l’un des plus gros syndicats en Grande-Bretagne. Sauf qu’à la lumière des confidences de Pascal (nom fictif), un travailleur issu du secteur textile, présent à la manif de samedi, certains patrons continuent de faire fi de leurs revendications : « Des superviseurs nous observent toute la journée avec les caméras et rapportent nos faits et gestes à la direction. Nous ne pouvons même pas nous reposer cinq minutes dans la journée. C’est frustrant. »
À en croire Reaz Chuttoo, « certaines caméras ne se contentent pas de filmer les gens, elles enregistrent aussi les voix. Certains employés ont fait l’objet de comités disciplinaires parce que leur patron n’avait pas apprécié certaines remarques qu’ils avaient faites entre eux. »
Les manifestants ont exprimé de vive voix leur exaspération, en suivant à la lettre les instructions de la police pendant tout l’itinéraire, dont le point de départ était le QG de la CTSP, sis derrière le marché central, avec une arrivée au Plaza. Au cœur de la marche, on a notamment entendu des gens crier « Aret bwar disan travayer » ou encore « Komite disipliner bizin indepandan », en faisant référence à certaines manœuvres adoptées par les patrons pour dissuader les comportements réfractaires.
Sur les banderoles déployées par les manifestants, on pouvait aussi lire des messages tels que « Stop all abuses, we are all migrants », en soutien aux travailleurs étrangers victimes de harcèlements et d’autres abus. « Maurice est taxée par les observateurs internationaux comme un human traficking country. Nou pe komans perdi patians ar sa bann kalite dimounn ki pe pran travayer etranze pou esklav. Il faudra une bonne fois pour toutes aboutir à la mise en place de mécanismes pour que les droits de ces travailleurs soient unanimement respectés », a martelé Reeaz Chuttoo.