La question de la souveraineté mauricienne sur les Chagos est revenue avec force cette semaine à la faveur de la Private Notice Question du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, et d’une interpellation de la députée de la majorité Subhasnee Luchmun Roy, consacrée au dernier jugement du Tribunal international sur le droit de la mer (ITLOS). Après des années de lutte menée par les gouvernements successifs depuis 1982, le retour de l’archipel des Chagos, qui pendant des années était apparu comme un mirage pour beaucoup de Mauriciens, prend désormais la forme de l’espoir d’un retour véritable. Les regards sont maintenant tournés vers les négociations en cours entre la Grande-Bretagne et Maurice, et qui feront l’objet d’un cinquième round bientôt.
Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, n’a pas caché son optimisme mardi en affirmant que « We are making headway in the négociations with the UK with a view to successfully fulfilling the sacred mission we have engage into ». Il reconnaît cependant que les questions à l’agenda ne sont pas simples.
Malgré l’avis consultatif de la Cour internationale de justice, qui affirme clairement que l’archipel des Chagos appartient à Maurice, malgré la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies, malgré que la carte officielle du monde publiée par les États-Unis spécifie que les Chagos font partie du territoire mauricien, malgré le dernier jugement de l’ITLOS concernant la démarcation du territoire entre les Maldives et les Chagos, reconnus comme faisant partie du territoire mauricien, les Britanniques n’ont toujours pas reconnu officiellement la souveraineté de Maurice sur les Chagos.
« La souveraineté est une question fondamentale puisque nous sommes en présence de résolutions et de jugements », fait comprendre le Premier ministre. Ce qui explique le ton très dur qu’il adopte désormais vis-à-vis de la Grande-Bretagne et des États-Unis concernant les Chagos. « I urge the champions of the rule of law to stop being in denial of the legal reality by recognizing the sovereignty of Mauritius », a-t-il lancé au Parlement. À l’intention des États-Unis, il dénonce une politique de deux poids, deux mesures, qui consiste à condamner ceux qui violent les droits de l’homme tout en soutenant la Grande-Bretagne, accusée d’avoir commis un crime contre l’humanité aux Chagos à travers la déportation brutale de la population locale. On ne sait d’ailleurs si les vacances du Premier ministre à Rodrigues, alors que les États-Unis célébraient leur indépendance à Maurice, n’est qu’une simple coïncidence. Il est vrai qu’il a adressé un message à Washington pour souligner l’amitié qui existe entre nos deux peuples.
La position de l’opposition à Maurice est plus radicale. On ne comprend pas la nécessité de négociations puisqu’il est reconnu internationalement que Maurice a la souveraineté sur les Chagos. Malgré tous ces obstacles, l’espoir est plus que jamais de mise quant à une reconnaissance de la souveraineté mauricienne. Le contraire entraînerait un refroidissement certain entre Maurice et la Grande-Bretagne, à un moment où nos relations économiques et commerciales connaissent un développement considérable.
C’est pourquoi la question de la réinstallation des Chagossiens et de la compensation est à l’ordre du jour. Le leader de l’opposition estime à Rs 50 milliards un ensemble d’éléments, dont le loyer annuel de Diego Garcia pour 2023, la compensation pour les 50 dernières années, le coût de relogement des Chagossiens, et une compensation pour les familles chagossiennes. Il est intéressant de noter que tous ceux détenant un passeport mauricien sont éligibles pour se rendre aux Chagos.
Alors que les derniers déportés chagossiens à bord du Nordvaer avaient quitté les Chagos à la nuit tombée pour ne pas voir une dernière fois les côtes de leur lieu de naissance, l’espoir que ceux qui le souhaitent puissent revoir leurs îles, en plein jour cette fois, est en train de renaître.
Chagos : l’espoir à l’horizon
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