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Road Decongestion Programme : Résoudre le casse-tête du report des bouchons

Barlen Munisamy : « Les sommes colossales investies portent leurs fruits »

L’heure du bilan a sonné, sept ans après le lancement du Road Decongestion Programme (RDP) au coût de Rs 15 milliards, sans compter les budgets additionnels déboursés.

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Ce projet, avec en toile de fond certaines infrastructures déjà opérationnelles, comme le flyover Decaën à Port-Louis, les échangeurs de Phoenix/Pont-Fer/Dowlut et l’autoroute A1-A3 reliant Coromandel à Gros-Cailloux, atteint-il son but de fluidifier la circulation ?

D’autres projets d’envergure, à l’instar du flyover de Quay D, se sont entre-temps greffés à ce programme et l’expert en sécurité routière Barlen Munisamy soutient que les sommes colossales investies dans ces vastes chantier portent leurs fruits dans le décongestionnement de certains axes, quand bien même il faudra attendre encore quelques années pour faire un bilan plus global.

Si une telle déduction est en apparence d’une logique imparable, la réalité de la circulation est plus compliquée compte tenu du report des bouchons d’un point critique à l’autre, comme à Wooton, où un flyover est en cours d’aménagement.

Le coût total de la congestion urbaine est souvent calculé en agrégeant les coûts des différentes externalités négatives qu’elle produit. En ajoutant les dégradations, le temps perdu, les nuisances et les effets néfastes sur la santé, certains experts ont estimé le coût total de la congestion routière à Maurice à environ Rs 6 milliards par an au gouvernement. Chapeauté en 2015 par le ministre des Infrastructures nationales Nando Bodha, le RDP avait comme objectif de remédier à ces inconvénients.

Le remplacement des ronds-points par des flyovers et des by-pass afin d’améliorer la circulation routière constitue le point d’orgue de ce programme auquel il est encore prématuré de faire un bilan global, des projets phares comme l’autopont A1-M1 étant encore en cours d’aménagement.

Un constat s’impose cependant en prenant le seul exemple des autoponts de Jumbo/Pont-Fer/Dowlut, dont le coût est estimé à Rs 1,5 milliard. L’aménagement de ces échangeurs ont permis une circulation plus fluide autour de ces zones, surtout aux heures de pointe. Mais qui crée, en revanche, l’effet inverse, moins d’un kilomètre plus loin, à la hauteur du rond-point de Wooton, l’une des zones les plus embouteillées de l’île.

Des aménagements ciblés

Cette zone absorbe ce flot de véhicules roulant au pas, mettant les nerfs des automobilistes à rude épreuve, bien qu’ils soient nombreux à avoir parfaitement compris les raisons derrière ce phénomène lié au transfert du goulot d’étranglement d’un point à l’autre.

Selon les chiffres officiels, plus de 55 000 véhicules circulent quotidiennement dans la région de Pont-Fer-Phoenix-Dowlut.

Du coup, ceux sortant du Sud pour se rendre à Port-Louis, en passant par Wooton, doivent également s’armer de patience dans les embouteillages monstres qui se forment.

Pesant d’or

Pour réduire le nombre d’heures d’embouteillages et garantir la fluidité du trafic sur ces goulots d’étranglement, il est impératif de miser sur des aménagements ciblés, en ligne avec le RDP de 2015. Des projets comme le flyover de Wooton ou la mise en opération du Verdun Bypass et du flyover de Quay D vaudront leur pesant d’or, à en croire l’expert en sécurité routière Barlen Munisamy, qui fait l’historique des projets des flyovers à Maurice. « L’aménagement du flyover de St-Jean avait permis de désengorger la circulation à St-Jean et Quatre-Bornes. Sauf qu’au fil du temps, le problème d’embouteillage a été transféré à Réduit, où un flyover a été construit. Forcément, avec l’accélération croissante des transports, le goulot d’étranglement s’était reporté à Bell-Village. La construction de l’autopont de Decaën, pour désengorger la capitale, au même titre que l’aménagement des flyovers de Phoenix pour soulager les automobilistes se dirigeant vers Curepipe et le Sud pèsent dans ce processus de repousser les bouchons jusqu’aux points critiques, soit jusqu’aux zones où la demande de déplacements dépasse la capacité de l’infrastructure. »

À la lumière de ce constat, Barlen Munisamy ne passe pas par quatre chemins pour étayer le bien-fondé d’investir dans certains projets routiers en cours d’aménagement, à l’instar du flyover de Wooton. « Il est notoire que le rond-point de Wooton, que je qualifie de point critique, et ses routes adjacentes sont ce qu’on appelle des bottlenecks qui absorbent un flot de véhicules qui provoquent une trop forte concentration du trafic, quand bien même les voies de circulation menant vers le Sud, depuis la capitale, se sont progressivement étalées vers Réduit, Saint-Pierre ou Quatre-Bornes. Sauf qu’il faut prendre en considération que le rond-point de Wooton accueille simultanément ce flot ininterrompu de véhicules en provenance de Curepipe qui se dirigent vers Quartier-Militaire, Montagne-Blanche, Poste-de-Flacq et vers d’autres régions de l’Est. Les choses se sont corsées avec le report des véhicules en provenance des flyovers de Phœnix. Du coup, la construction du flyover de Wooton est plus que nécessaire. »

Donnons du crédit à l’analyse faite par Barlen Munisamy, sauf qu’environ 2 km plus loin se situe le rond-point de La Vigie, et d’aucuns seraient tentés de conclure à un énième report des bouchons vers cette zone, où la circulation se résume bien souvent à un parcours du combattant pour les usagers aux heures de pointe. « Le report est anecdotique et n’est pas comparable dans ce cas précis compte tenu de la longue distance séparant Wooton et le rond-point de La Vigie », soutient Barlen Munisamy.

Le flyover de Wooton comme catalyseur ?

Le rond-point de Wooton sera remplacé par un pont aérien, ce qui contribuera à réduire de 60% les embouteillages sur la route M1 au niveau de Wooton. Les travaux, qui vont bon train actuellement, comprennent la conception et la construction d’un carrefour à niveaux séparés au lieu du rond-point, comme c’est le cas actuellement à Wooton. Ils prévoient également la construction de bretelles destinées à permettre aux usagers de la route quittant Curepipe pour se diriger vers Port-Louis et ceux empruntant sur la route M1 de circuler librement à des niveaux séparés. Le projet de réaménagement du carrefour à Wooton fait partie de l’examen du concept et du plan de gestion visant à améliorer la circulation sur l’artère nord-sud ainsi qu’à réduire la congestion routière et le temps de trajet le long de l’autoroute M1 et de la route Quartier-Militaire (B6) grâce à une circulation ininterrompue. Quelque 4 000 véhicules convergent actuellement vers le rond-point de Wooton pendant les heures de pointe, avec pour effet de provoquer des embouteillages.

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