Sa démarche prouve qu’il n’est pas prêt à faire avancer les choses sur ce dossier, au même titre que sur celui du renouvellement d’affiliation de plusieurs clubs en souffrance depuis quatre ans
C’est une réponse typique à la Stephan Toussaint. Celle où il refuse catégoriquement de se mouiller, au lieu d’assumer pleinement ses responsabilités à l’égard de la communauté sportive. C’était mardi à l’Assemblée nationale, suite à une intervention du député de l’opposition du MMM, Franco Quirin.
Ce dernier voulait connaître la posture du ministre des Sports, suite à l’exclusion de certains judokas de la sélection en marge des 11es Jeux des Iles de l’océan Indien (du 25 août au 3 septembre à Madagascar). Pour faire simple et comme à son habitude, Stephan Toussaint a botté la balle en direction de l’Ombudsperson for Sports ou encore au Tribunal arbitral du Sports (TAS). Cela, en sachant le temps que cela prendra, tout en étant aussi pleinement conscient que c’est une voie sans issue pour les judokas lésés, alors qu’il reste que deux mois avant les JIOI !
Les judokas ayant le potentiel de briller aux Jeux des Iles peuvent désormais faire une croix sur cette compétition, au même titre que Bradley Vincent, le plus prolifique des nageurs que Maurice ait connu jusqu’ici. Lui qui a été, rappelons-le, suspendu par le Comité olympique mauricien (COM) pour trois ans et ce, depuis l’année dernière, après des faits qui lui sont reprochés aux Jeux du Commonwealth à Birmingham, en Angleterre. Il clame d’ailleurs toujours son innocence, mais galère tout de même après avoir pourtant sollicité l’Ombudsperson for Sports, il y a plusieurs mois ! Idem en judo sur le dossier du non-renouvellement d’affiliation de plusieurs clubs par la FMJ. Faute d’avoir obtenu satisfaction, l’affaire est désormais devant le TAS depuis plusieurs mois !
Des judokas performants exclus des JIOI !
Et c’est pourtant vers cette même instance que le ministre des Sports a osé référer, mardi, les pauvres judokas et, une fois encore, Bradley Vincent ! Comprenne qui pourra…Alors que le nageur a été médaillé d’or par cinq fois aux derniers JIOI de 2019 à Maurice, contribuant ainsi au record de 92 médailles d’or de la République de Maurice !
D’autre part, la judokate Annabelle Laprovidence a été médaillée d’or, l’année dernière, au tournoi de haut niveau des Mascareignes à La Réunion. Cette année, ce sont Pascal Laurent et Anne-Laure Larcher qui ont brillé au tournoi international de St-Denis en remportant l’or, alors qu’Emmanuel Mounawah a lui, décroché le bronze, comme l’année dernière au tournoi des Mascareignes.
C’est dire que ces judokas ont pu tous se situer, par rapport à leurs éventuels adversaires des JIOI. Contrairement aux locaux formant la sélection et qui n’ont pas participé à des compétitions à l’étranger depuis plusieurs mois ! Ces mêmes judokas faisant partie de cette liste dressée avec les bons soins de l’entraîneur national, Priscilla Chery, et de son adjoint Laval Collet, et ce, avec la bénédiction de la FMJ ! Si ce n’est pas un cas flagrant de discrimination à l’égard des quatre judokas précités, alors cela y ressemble étrangement. Au même titre que leurs clubs qui attendent, malheureusement depuis quatre ans, que cette même FMJ, accepte enfin leur demande de renouvellement d’assurance. Sans pour autant, là encore, que Stephan Toussaint n’intervienne !
La question qu’il faut se poser dans le cas de ces judokas cruellement discriminés, c’est de savoir, si l’intervention du ministre auprès de la FMJ aurait constitué une ingérence. Certainement pas et on voit mal aussi la Fédération internationale de judo, venir dire le contraire. D’autant que les clubs et leurs judokas n’ont, à aucun moment, commis une quelconque faute. Et ça visiblement, Stephan Toussaint ne semble pas l’avoir compris. À moins qu’il ait une explication que même la logique n’arrivera pas à suivre !
En revanche, le ministre des Sports a profité pour s’éclipser par la porte de sortie qu’est l’Ombudsperson for Sports ou encore le Tribunal arbitral du Sports. Cela, comme il sait mieux le faire. « M. le président, il est difficile pour moi de répondre à cela. De toute les façons, la fédération a la responsabilité de la présélection ou sélection des athlètes, et je l’ai archi dit ici dans cette Assemblée et à l’extérieur depuis 2017, pour tout athlète qui se sent lésé, il y a différentes instances où ils peuvent faire appel. Il y a évidemment l’Ombudsperson for Sports et plus loin, il y a aussi le Sports Arbitration Tribunal. Les athlètes cités par l’honorable membre pourraient éventuellement faire appel à ces instances. »
Aucun dialogue sportif
Peut-être que pour beaucoup, cette dernière phrase ne vous dit rien, mais pas nous. Bradley Vincent en sait du reste quelque chose, car plusieurs mois après, il tourne toujours en rond. Désormais, il sait qu’il ne participera très probablement pas aux JIOI malgaches. Cela, compte tenu aussi du fait de la déclaration du président du COM, Philippe Hao Thyn Voon : « Cette affaire suit son cours désormais et je ne peux revoir la peine du nageur tant que l’affaire n’est pas entendue » Alors qu’il disait pourtant précédemment que cette sanction pourrait être revue !
Voilà la considération qui est accordée à certains de nos sportifs de haut niveau, dont Bradley Vincent qui pèse à lui seul, 15 médailles d’or, pour la République de Maurice ! Et pourtant, le ministre des Sports n’a pas jugé utile d’essayer de comprendre la situation et d’appeler surtout à un dialogue sportif, que ce soit avec la FMJ ou avec le COM, afin que les droits de ces sportifs soient rétablis.