Le chiffre de 15% des Mauriciens associés à la communauté LGBTQIA+ avait au préalable fait tiquer l’équipe de MEL, qui a fait comprendre que ce n’est pas son rôle de se porter garant d’une étude dont il ne connaît pas les contours et qu’il n’a pu vérifier et décortiquer au préalable
Il n’y a jamais vraiment eu de polémique autour de la campagne de sensibilisation orchestrée par le Collectif Arc-en-Ciel (CAEC), de concert avec l’agence Alliance Media qui gère les espaces publicitaires payants de Metro Express Ltd (MEL).
C’est du moins ce qu’affirment les parties concernées qui se sont rencontrées vendredi pour aplanir les malentendus entourant la décision de MEL de ne pas diffuser sur ses trams la campagne publicitaire de sensibilisation du CAEC à l’occasion du « Mois des fiertés LGBTQ+ », célébration internationale (juin) pour rappeler les droits de cette communauté. Le directeur du CAEC, Jean-Daniel Wong, dit avoir été totalement convaincu par les explications fournies par le CEO de MEL, Dass Mootanah, sur l’épisode des « actes de vandalisme » commis l’année dernière à un tram habillé des couleurs de l’arc-en-ciel, qui a fait pencher la balance dans sa décision de ne pas reconduire cette campagne sous sa forme actuelle. La sensibilisation se fera sur les panneaux publicitaires disséminés autour des quais de MEL.
Tout est bien qui finit bien. Pour comprendre la genèse de ce quiproquo, il faut remonter à juin 2022, lorsque le CAEC, qui milite pour les droits des personnes LGBTQ+ depuis 2005, approche Alliance Media dans le but d’orchestrer une campagne de publicité s’articulant autour de la célébration internationale rappelant les droits de cette communauté dans le monde.
MEL n’objecte pas à cette demande et la campagne démarre sous les meilleurs auspices… avant que ne n’arrive un malheureux incident, à en croire Dass Mootanah : « Tout se déroulait bien jusqu’à ce que des personnes sans scrupule n’en décident autrement en endommageant les bandes publicitaires recouvrant les wagons. Il y a également eu un lancer de projectile qui aurait pu avoir de graves conséquences. » Du coup, lorsque le CAEC a approché, cette année, Alliance Media pour réitérer sa campagne à l’occasion du « Mois des fiertés LGBTQ+ », la question liée à la sécurité des passagers était sur toutes les lèvres du côté de la compagnie ferroviaire.
Le contenu des visuels publicitaires envoyés par l’ONG à Alliance Media en vue de la campagne de juin 2023 vaudra son pesant d’or dans la décision de MEL de proposer une alternative publicitaire au CAEC, fait ressortir Dass Mootanah : « On aurait eu à afficher en grand un chiffre découlant d’un sondage selon lequel 15% de la population mauricienne font partie de la communauté LGBTQIA+. Sans remettre en cause le travail de cette firme, ce n’est pas le rôle de MEL de se porter garant d’une étude dont on ne connaît pas les contours et qu’on n’a pu vérifier et décortiquer au préalable. »
Le CEO de MEL ne croit pas si bien faire en refusant d’accorder une confiance aveugle à cette mesure d’opinion réalisée par Kantar, institut faisant l’objet de contestations par un bon nombre d’observateurs pour son incapacité à capter les humeurs de l’opinion, sans compter les rumeurs sur sa proximité avec certains gros consommateurs de sondages.
MEL, en consultation avec son agence de publicité, décide alors de proposer des espaces de publicité sur des panneaux digitaux sur les stations ferroviaires, mais comme le souligne le directeur du CAEC, Jean-Daniel Wong, « il y a eu quelques malentendus suite à des problèmes de communication et nous en prenons la responsabilité. La réunion de vendredi a été très fructueuse, et Dass Mootanah et moi abondons dans le même sens en ce qu’il s’agit de certaines réalités à Maurice qu’il faut, bon gré mal gré, prendre en compte, et nous ne voulons en aucun cas mettre en péril la sécurité des gens compte tenu des couacs survenus en 2022. Nous avons donc accordé nos violons et le CAEC accepte volontiers de mener sa campagne de sensibilisation autrement. »
Jean-Daniel Wong ajoute que « quelle que soit la manière dont sont réalisées ces campagnes nationales de communication, le but ultime demeure de sensibiliser le grand public aux discriminations liées à l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Nos objectifs sont multiples. Grâce au financement de la MCB Forward Foundation, nous organisons un service de counceilling pour les parents LGBTQ+ en vue de leur apporter les conseils nécessaires face à des coming outs qui peuvent parfois être mal vécus. »