Il est intéressant de sonder l’avis des maires et des conseillers de l’opposition suite à l’annonce du renvoi des élections municipales dans deux ans, soit en 2025. Quand bien même Nagen Mootoosamy et Hans Margueritte, respectivement maires de Quatre-Bornes et Curepipe, disent comprendre la frustration des citadins, privés de scrutin depuis 2015, ils soutiennent que ce report constitue une aubaine dans leurs tentatives de « compléter les projets ayant accusé des retards. » Forcément, les élus de l’opposition, à l’instar d’Olivier Barbe et Myrella Sevathiane-Dansant, tirent à boulets rouges contre cette décision qu’ils qualifient d’ « attaque directe à la démocratie. »
Une entorse à la démocratie ? Le pouvoir craint-il d’essuyer une cuisante défaite à cette élection ? Deux questions auxquelles Nagen Mootoosamy et Hans Margueritte ont répondus. « Non, pour la simple et bonne raison qu’il y a eu un travail colossal effectué dans les quatre coins de la ville qui aurait valu son pesant d’or dans l’issue de cette joute, mais je peux comprendre que les citadins, tout comme les membres de l’opposition, soient déçus de ce report. Il ne faut en aucun cas parler d’entorse à la démocratie. Les habitants reviendront certainement à de meilleurs sentiments lorsqu’ils verront la complétion des projets amorcés l’année dernière », fait valoir le premier nommé. Même son de cloche du côté de son homologue de Curepipe : « Il y a effectivement, à juste titre, débat en ce qui concerne le renvoi de cette joute, mais la constitution permet de le faire. Pour prendre le bon côté des choses, des projets ont été orchestrés par la majorité qui méritent une issue pour le plus grand bien des citadins, comme le bazar de La vigie qui me tient à cœur. »
Les conseillers du PMSD sont très remontés contre cette décision. Le fait de retenir leurs sièges pour encore deux ans n’atténue en rien la colère de Myrella Sevathiane-Dansant et d’Olivier Barbe, élus bleus de Quatre-Bornes et Beau-Bassin/Rose-Hill, respectivement. « Choquant ! Le terme n’est pas assez fort pour décrire ce que je ressens. C’est une décision illégale et anticonstitutionnelle. Depuis 2022, tous les pays démocratiques du monde ont tenu des élections normalement. D’ailleurs, elles ont bien eu lieu à Rodrigues. Après le meeting du 1er-Mai à Vacoas, le MSM s’est vanté d’avoir mobilisé plusieurs milliers de personnes. S’ils sont vraiment aussi forts qu’ils le disent, qu’ils donnent les élections municipales au plus vite. Sauf que sachant très bien qu’ils recevront une claque magistrale, la meilleure solution est de se dégonfler », soutient Myrella Sevathiane-Dansant. À en croire Olivier Barbe, « c’est une énième tentative du MSM d’étouffer la démocratie. Nepli kapav kont lor ledoi aster ! Je me demande si la démocratie existe toujours ou nous vivons dans une démocrature. Cette démarche représente un aveu de faiblesse et, tôt ou tard, le peuple jugera. » Les débats risquent d’être enflammés lors des prochaines séances des Conseils.