Les dépôts sauvages de déchets sont un fléau qui semble n’avoir de cesse de se répandre dans la nature, sur les terrains en friche, voire au bord des chaussées. Le village de Pereybère n’est pas épargné par ces délits.
Les décharges illégales qui émaillent la station balnéaire concernent principalement un espace verdoyant, propice aux promenades et au jogging, sis à quelques encablures de la plage publique.
Des déchets en tous genres à perte de vue, 40 hectares souillés, face auxquels certains riverains et des amoureux de la nature mènent, en vain, une lutte sans relâche. On ne peut rester de marbre devant ces incivilités, mot pas assez fort pour décrire ces actes qu’on qualifierait plutôt d’odieux !
Réputé pour sa superbe plage, le petit village pittoresque de Pereybère est un havre de paix pour les voyageurs rêvant d’authenticité. Or, une sombre tache ternit ce reluisant tableau depuis quelque temps. Du balcon d’une des nombreuses villas de Perèybère, à la vue imprenable, des montagnes de déchets parsèment un vaste site verdoyant où les joggeurs, en grand nombre, pratiquent leur sport au contact d’une nature naguère préservée.
Le triste et révoltant spectacle qui s’offre à nos yeux dépasse l’entendement et mérite que l’on s’y attarde : disséminées ici et là, des tonnes de gravats de chantiers. L’œuvre d’artisans peu scrupuleux qui choisissent de se débarrasser de ces déchets de construction en toute impunité.
Un habitant dit avoir vu un contracteur vider, là, une benne de déchets de construction de son camion, la semaine dernière, et ajoute qu’il n’a pas eu le temps de prendre une photo de la plaque d’immatriculation du gars. On reste bouche bée devant les images glaçantes d’un tas de détritus constitués de réfrigérateurs, de pneus, de sofas, mais aussi de sacs remplis d’ordures ménagères.
Poussés par le vent, des lambeaux de polystyrène et de plastique se sont accrochés aux branches maigres, sous les regards ébahis d’une dizaine de joggeurs, dont des touristes. Plus loin, sur une centaine de mètres, on découvre, pêle-mêle, des pots de peinture, des restes de meubles, de vieux éviers, des sacs remplis de laine de verre…
Des bénévoles ont beau se retrousser les manches pour nettoyer les immondices déversés par cette horde de sauvages, c’est la même rengaine à chaque fois.
« À chaque 200 mètres, nous remplissons un sac-poubelle de 50 litres. Des ordures jetées dans les fossés et les allées, il y en a toujours plus! On retrouve des bouteilles de bière, des emballages de sandwiches, des vieux meubles et même de la nourriture encore emballée. Ne parlons pas des restes de meubles et des montagnes de gravats! Au terme de la collecte, une dizaine de sacs », peste Serge, un retraité, parcourant chaque semaine le site avec ses pinces et ses sacs. Ses petits-enfants participent, eux aussi, activement à la collecte des déchets.
« …Sous peine de me couvrir de honte »
En contactant le ministère de l’Environnement, tout en postant sur les réseaux sociaux, des photos, les unes plus choquantes que les autres, Caroline Mandron, résidant à quelques enjambées de la plaine verdoyante, pensait pouvoir créer un sursaut d’orgueil du côté des élus du village. Il n’en est rien! Férue de promenades et d’escapades en pleine nature, cette ressortissante française établie à Maurice depuis 30 ans analyse avec sévérité l’état dans lequel se trouve le site qu’elle aimait visiter en compagnie des membres de sa famille et ses amies qui viennent passer leurs vacances dans l’île : « Je ne reconnais plus cet endroit magnifique! Comment a-t-on pu en arriver là ? Un désastre, au point où je n’ose plus trimballer les touristes dans ces lieux, sous peine de me couvrir de honte. L’ampleur et la qualité des déchets font, donc, de ce dépôt une décharge sauvage, dangereuse pour l’environnement. Sauf que nos revendications tombent dans l’oreille de sourds. »
Contactée par nos soins, un officier de la police de l’Environnement confie que cette affaire demeurera la priorité de son unité dans les jours à venir. À noter qu’il est possible de dénoncer tout individu commettant ces actes répréhensibles en communiquant au 5250 5151 avec les officiers de cette police sur leur groupe WhatsApp, photos et vidéos à l’appui.
Ceux surpris en train de se débarrasser de déchets domestiques ou commerciaux, de débris de construction, de meubles de maison, etc. – dans la nature, un lieu public, un cours d’eau ou sur un terrain abandonné – sont passibles d’une amende de Rs 25,000.