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Mauriciens, d’ailleurs ! Le Dodo : Un petit bout de Maurice à Marseille

Nous avions commencé, dans le cadre des 55 ans de l’indépendance du pays, une rubrique itinérante dédiée à la diaspora mauricienne. Cette semaine, nous allons dans le sud de la France, plus précisément à Marseille, pour rencontrer Saroja Saminaden, qui a ouvert avec l’aide de sa petite équipe mauricienne Le Dodo, un restaurant dans le centre-ville.

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À eux seuls, ils ont su ramener le soleil mauricien au coeur de la Provence française… En plus de la convivialité, des petits plats authentiques mauriciens, c’est aussi toute une communauté diasporique que l’on y trouve. Avis donc aux Mauriciens dans les parages, retenez l’adresse. Reportage.

Il est 11h40 et le printemps est bel et bien là à Marseille, qui grouille de monde. Nous avons décidé, le temps d’un voyage en Provence, d’aller à la rencontre de Mauriciens qui ont décidé de tout abandonner ici, pour tout reconstruire ailleurs. Nous sommes tombés sur le restaurant Le Dodo et sur sa propriétaire, la Mauricienne Saroja Saminaden.

Originaire de Stanley, Rose-Hill, la gérante du restaurant mauricien-marseillais a vécu plus de 30 ans en France, et n’a rien perdu de l’hospitalité mauricienne. “Venez nous voir ! N’hésitez surtout pas”, nous a lancé Saroja Saminaden lors de notre premier appel téléphonique. À l’autre bout du fil, une voix ensoleillée, avec un petit accent mauricien très francisé. Le rendez-vous est donc pris pour mardi. Direction Marseille en TER (Transport Expert Régional).

Saroja Saminaden posant
fièrement dans sa cuisine

Accessible par la terre, la mer et l’air, Marseille est la ville portuaire la plus connue de France. Cosmopolite et ouverte au monde, la deuxième ville de France la plus peuplée après Paris s’est fait une sacrée réputation au fil des ans. De la gare routière de Saint Charles au restaurant Le Dodo, l’on compte un trajet de 15 minutes en tram, et une trentaine de minutes à pied. Évidemment, nous avons choisi la marche à pied, histoire de tâter le pouls de la ville, de fleurer les parfums d’épices du quartier de Noailles et d’écouter les Marseillais se parler entre eux, avec ce joli petit accent du Sud…

Nous arrivons finalement à destination, à Cours Gouffé. À l’extérieur du restaurant, Gilbert, un des bras droits de Saroja Saminaden, s’affaire à installer les chaises en terrasse. “On met un point d’honneur spécial sur l’hygiène”, nous dit-il.

“Morisien oblize netwaye, brose bien prop sak komansman lasemenn.” Gilbert, qui a d’ailleurs été un excellent guide dans Marseille, mais nous en reviendrons plus tard, travaille en France depuis quelque temps déjà. “Marseille extra zoli”, nous dit-il le sourire aux lèvres.

“Lavi difisil partou, me isi, mo bien.” Pendant ce temps-là, Saroja Saminaden, elle, s’affaire en cuisine et prépare un bol renversé pour une cliente habituée du restaurant et à la cuisine mauricienne. Il faut vous dire qu’il n’y a rien de plus beau que de sentir et d’entendre des épices mauriciennes « fricassées » dans une cuisine quand on se retrouve à l’étranger !

Décoration mauricienne

Dès l’entrée du Dodo restaurant, c’est une grande bouffée d’air frais tropical ! Décoration chaude dans les tons jaune avec de petits détails personnalisés, comme ce tableau qu’elle a hérité de sa soeur aînée, décédée l’an dernier… “Elle veille sur nous tous maintenant”, nous lance Saroja Saminaden, émue. En effet, la Mauricienne a décidé de quitter Maurice il y a 30 ans. “J’ai tout abandonné à 20 ans pour partir en France”, nous confie-t-elle.

Émue, elle nous raconte avoir grandi dans une famille de 14 enfants. C’est pour s’occuper de son frère aîné souffrant et pour essayer de continuer ses études qu’elle a décidé de s’envoler pour la France. “J’ai galéré au début, ce n’était pas facile. J’enchaînais les petits boulots et après je me suis mariée et j’ai eu deux beaux enfants qui ont fait leur vie ici en France. Je suis d’ailleurs déjà grand-mère”, raconte-t-elle.

Les mines frites et le Mauricien, une grande histoire d’amour

Après un premier passage à Paris, Saroja Saminaden décide de s’installer à Marseille pour quelque temps, puis les circonstances de la vie feront qu’elle s’installera à Strasbourg pendant près de 20 ans. “J’ai suivi une formation d’aide-soignante et j’ai travaillé pendant de longues années ainsi, mais j’ai commencé à fatiguer et c’est pour cela que j’ai accepté de revenir à Marseille pour m’occuper du restaurant. C’est la mer et le soleil d’ici qui me rappellent un peu mon île”, dit-elle.

En effet, en septembre 2022, Le Dodo, appartenant au père des enfants de Saroja Saminaden, rouvre avec une nouvelle carte et un nouveau look. “Il y a une communauté importante de Mauriciens ici à Marseille. Et on s’entraide tous. On fait des anniversaires ou des soirées privatives, avec des petits gajaks mauriciens et de la musique locale, bien sûr !”

Lieu de rencontres de la diaspora

En effet, au même moment, pendant l’entretien, Monique L’Etang-Drioux, autre Mauricienne installée en France depuis plusieurs dizaines d’années elle aussi, entre dans le restaurant. Elle est venue aider Saroja pour faire des brochettes.

“C’est moi qui m’occupe un peu de la communication du restaurant sur les réseaux sociaux », nous dit-elle avec douceur. Celle qui a fait carrière dans la petite enfance en France est aussi la pâtissière du restaurant. “On avait fait les napolitaines pour la fête de l’indépendance et nos clients ont adoré !” Le Dodo restaurant n’est par ailleurs pas le seul restaurant mauricien à Marseille, mais essaie d’être le lieu de rencontres de la diaspora. “Nous suivons ce qui se passe à Maurice et nous discutons beaucoup entre nous. Les Mauriciens sont partout dans le monde, ils ont su tracer leur route, à la sueur de leur front”, nous dit Saroja Saminaden.

La petite équipe du restaurant Le Dodo

Ainsi, Saroja Saminaden, qui a perdu ses deux soeurs Yanom et Sharon l’an dernier, passe ses journées à perfectionner ses recettes de curry de poisson héritées de sa mère. “Quand ma mère cuisinait, je la regardais attentivement et je reproduisais cela chez moi”, dit-elle.

Avec l’aide de sa petite équipe, composée de Mauriciens et de Gabonais, elle nous confie être “la plus heureuse des femmes. J’ai beaucoup galéré et aujourd’hui je m’occupe d’un restaurant à Marseille, sous le soleil, où je fais découvrir notre cuisine locale aux personnes du monde entier ! C’est incroyable.”

Si vous êtes dans les parages, rendez-vous sur les pages Facebook et Instagram Le restaurant Le Dodo à Marseille pour plus d’infos. En ce qui nous concerne, en tout cas, comme Michel Sardou, même si nous ne venons pas du sud, « par tous les chemins, j’y reviens. »

La diaspora mauricienne à Marseille n’a rien perdu de son « savoir-amuser » mauricien
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