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1er mai : Un peu d’histoire

Guy Rozemont, Emmanuel Anquetil, Anjalay Coopen, Kistnasamy Mooneesamy, Moonsamy Moonien, Marday Panapen... leur lutte continue

Si depuis le début des années 1980 la fête du 1er-Mai, sur le plan politique, a toujours été de faire la comparaison de la foule, une démonstration des forces entre les partis,  plus particulièrement durant les années où doivent se tenir les élections générales, détournant ainsi la journée internationale des Travailleurs de son essence, le 1er mai reste avant une journée de réflexion autour de la lutte ouvrière. Une lutte commémorée à Maurice depuis 85 ans.

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À l’origine, le grand rassemblement qui s’est tenu au Champ de Mars avec le PTr qui venait de célébrer ses deux ans d’existence. Un événement qui fait date dans l’histoire de la classe laborieuse mauricienne avec un rassemblement de quelque 20 000 personnes venues des quatre coins de Maurice. Ces travailleurs s’étaient déplacés par leurs propres moyens (train, charrette, à pied).

Point de briani ou de boissons alcoolisées, et encore moins une demi-journée à la plage comme appât, ou encore le billet de Rs 200 ou de Rs 500, voire Rs 1000 offert aujourd’hui par certains pour faire grossir les foules. La fête du Travail avait un sens pour les travailleurs.

Jour férié à partir de 1950

Dans les années 1940, le combat pour améliorer le sort de la classe ouvrière s’intensifia à Maurice, du fait qu’en dépit de la loi de 1922 entourant la réglementation des travailleurs de l’industrie sucrière, la situation ne semblait pas s’améliorer. Le 13 septembre 1943, une grève est enclenchée  sur la plantation sucrière de Belle Vue Harel. Deux semaines après, le 27 septembre, les travailleurs de la propriété y organisèrent une cérémonie religieuse. Cependant, la situation devint vite tendue, menant au renfort de la police sur les lieux. Quelques centaines d’hommes, de femmes et d’enfants armés de bâtons et de pierres qui s’étaient rassemblés, refusèrent de se disperser.

S’ensuivit une altercation hostile avec les membres de la force policière. Lors de cette altercation, face à la foule hostile, les policiers se mirent à tirer des coups de feu. Trois personnes furent tuées sur le coup : Anjalay Coopen, âgée de 32 ans et enceinte, Kistnasamy Mooneesamy et Moonsamy Moonien. Un quatrième travailleur, Marday Panapen, décéda neuf jours plus tard, décéda de ses blessures à l’hôpital de Port-Louis. Leur décès, plus particulièrement celui d’Anjalay Coopen, fut l’élément déclencheur d’une grande mobilisation au sein du mouvement des travailleurs.

Le 5 mai 1946, lors de la traditionnelle manifestation du Travail, Emmanuel Anquetil scandant  “Travailleurs debout !”, présenta un manifeste en cinq points réclamant la proclamation du 1er mai comme jour férié, le suffrage universel, l’instruction obligatoire, la révision de la Constitution et le combat contre l’alcoolisme.

La motion historique fut présentée le 29 avril 1949 par Guy Rozemont, président du Parti Travailliste, au Parlement. En conformité avec la vision socialiste de son parti, celui qui était devenu  devenu le chantre de la lutte pour améliorer le sort de la classe ouvrière proposa « that 1st of May be declared a public holiday ».

La motion avait pour objectif « to allow the workers of this Colony a day’s rest to celebrate Labour ideals. » Il obtint le soutien des parlementaires pro-travailleurs fraichement élus en 1948, notamment Raymond Rault, Sookdeo Bissoondoyal et le Dr Seewoosagur Ramgoolam. La motion a été adoptée après un amendement proposé par Renganaden Seeneevassen et le 1er mai 1950 jour férié par le gouverneur Sir Hilary Blood.  Le décret apparaît dans l’édition de la gazette officielle du 22 avril 1950.

C’est ainsi que la première fête du Travail ferié, le 1er mai 1950, fut célébrée à Maurice dans un élan de ferveur populaire sans précédent.  Après un hommage rendu à Emmanuel Anquetil, au cimetière de Saint Jean dans la matinée, des milliers de gens (quelque 15 000 selon les archives) se rendirent à un meeting public au Champ de Mars qui accueillit par la suite un match de football.

Au fil des années, la fête du Travail prit une nouvelle dimension avec la naissance de la General Workers Federation (GWF). C’est ainsi que dans les années 1970, le 1er mai devient  le jour des revendications de la classe ouvrière. Après une lutte acharnée, les syndicalistes contribuèrent à redonner aux travailleurs leur dignité.

Quelques années plus tard, en 1975, le Mouvement militant mauricien (MMM) fit son premier meeting après la levée de l’interdiction des rassemblements. Ce rassemblement allait lancer la tradition des meetings politiques du 1er mai.

Sources : L. Rivaltz Quenette, Emmanuel Anquetil – Rajpalsingh Allgoo, Le mouvement syndical à l’île Maurice – Mée P. Rivière, Guy Rozemont, le défenseur des plus démunis.

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