Le promoteur, PR Capital, dit vouloir minimiser l’impact du projet sur l’environnement
Une étude sociale cette fois réalisée pour mieux prendre en compte les attentes des villages avoisinants intégrés
Une session de présentation prévue ce lundi 24 avril, où PR Capital partagera pour la première fois un aperçu de l’ensemble du projet avec le public
PR Capital (Mauritius) Limited, filiale de The City Group, déposera, vers la mi-mai 2023, une demande d’EIA pour ce qu’il présente comme étant le “nouveau” projet de Smart City à Roches Noires (SCRN). Mis en mode “pause” après la vague de contestation et un EIA “set aside” en 2022, le projet de SCRN de PR Capital refait surface.
Et ce, dans un contexte où les promoteurs entendent se lancer dans une campagne d’explication tous azimuts pour convaincre que le projet est nouveau, qu’il est auréolé cette fois d’une étude sociale sur le terrain et qu’il est une aubaine à la région et aux habitants pour le travail et les activités qu’il va générer. Tout cela en promettant un maximisation des précautions pour ne pas nuire à l’environnement.
Les Smart Cities ne requièrent normalement pas d’EIA Report and Licence pour tous les projets de développement, selon le promoteur, exception faite d’une list of undertakings selon l’Environment Protection Act, notamment pour l’hôtel, le golf et le développement immobilier de plus de 50 unités dans une zone d’un kilomètre après le high water mark. Mais PR Capital en présente un second, vu la nature sensible du projet.
Il est, entre autres, expliqué par les promoteurs que le premier EIA soumis par PR Capital (Mauritius) Ltd, en mars 2022, concernait uniquement la phase 1 du développement, à savoir la construction d’un hôtel de 90 villas, qui allait être construit en dehors de la buffer zone autour des mangroves et des barachois.
Projet en 3 phases
Cette fois, c’est l’ensemble du projet qui sera présenté et le promoteur, qui n’a jamais eu l’occasion de s’exprimer sur l’essence même de ce développement, présentera le social impact assessment du projet car, pour lui, les contestataires se sont arrêtés uniquement sur les caractéristiques sensibles de ce site. D’où la décision du ministère de l’Environnement, en date du 23 mai 2022, de “set aside” la demande EIA de l’hôtel, mettant ainsi la Smart City de Roches Noires sous l’obligation de soumettre un nouvel EIA pour toutes les composantes de ce développement. Ce qui sera fait à la mi-mai de cette année.
Le développement de la Smart City de Roches Noires est proposé en trois phases sur un terrain en toute propriété de 359 hectares, dont seulement 10,5% seront consacrés à la construction. Son objectif principal est « de préserver les caractéristiques naturelles de la région, telles que le barachois existant, les mangroves luxuriantes, les zones humides et les affleurements rocheux végétalisés qui seront aménagés pour faire partie des espaces verts ».
Le projet, estimé à Rs 41 milliards, vise à avoir un impact social positif dans la région tout en favorisant un développement économique dans cette partie de l’île.
Tout cela sera expliqué lors d’une session de présentation prévue ce lundi 24 avril, afin d’informer le public et d’impliquer les parties prenantes de Roches Noires dans ce nouveau développement.
Le promoteur assure que tous les efforts seront déployés pour que ce projet soit réalisé dans le respect de l’environnement, de la communauté locale et du bien-être des habitants de Roches Noires. Les suggestions seront accueillies avec bienveillance et les questions seront répondues pour garantir la réussite de ce projet dans l’intérêt de tous.
Conséquemment, un dossier complet sera soumis aux autorités concernées, mettant en avant plusieurs axes clés du projet, tels que le développement économique local, la création d’emplois, la protection de l’environnement et l’impact social positif. Une fois les critères requis satisfaits, ce projet, qui comprend trois phases, prendra environ 10 ans pour être complété. La première phase consiste en la construction d’un boulevard public de la route B15 (Bras D’Eau Road) qui traversera l’ensemble de la Smart City, offrant ainsi un nouvel accès à la route côtière et aux différents développements, tels que les espaces commerciaux, les appartements, la maison de retraite, le golf, l’hôtel et le spa.
Les principaux points abordés dans le dossier qui sera soumis pour l’EIA
Intégration avec le village voisin
La porte d’entrée commerciale sera située à l’ouest de la Smart City, près du village de Roches Noires, favorisant ainsi l’intégration entre le développement de la Smart City et le village local. Ce projet n’est pas une gated community. Grâce à la construction d’un boulevard long de 3 km, le public aura un accès direct à chaque espace de développement, tel qu’une école, un centre sportif, une maison de retraite ainsi qu’un centre de bien-être, dont un spa.
Commodités commerciales locales
Les commodités commerciales prévues incluront des magasins de détail, un marché couvert pour les producteurs locaux, des restaurants, des bars, des cafés, des salons de beauté, des pharmacies, des installations médicales et des écoles. Sont également prévus des espaces de co-working, un centre de recherche pour les entrepreneurs, et des espaces pour les autorités locales afin de répondre aux besoins de la communauté en matière de services publics en vue d’y construire un nouveau bureau de poste ou une station de police. Selon les promoteurs, 2 000 emplois seront générés directement et indirectement durant la phase de développement.
Hôtel respectueux de l’environnement
Un hôtel cinq étoiles sera conçu en utilisant des matériaux durables tels que la paille et le bois. Il lui appartiendra aussi de remettre en état et de gérer de manière appropriée avec la collaboration des autorités locales le barachois, actuellement délaissé.
Amélioration de la fourniture d’eau dans la région
Des discussions sont en cours avec les autorités en vue d’améliorer le système d’eau potable existant afin d’injecter le surplus sur le réseau de Roches Noires, notamment en exploitant les nappes phréatiques. Pour les besoins de l’hôtel, les autorités ont émis une demande pour disposer d’un système de dessalement, laquelle sera de facto examinée par le promoteur.
Élimination des espèces menaçantes
Des pratiques écologiques seront adoptées, notamment la gestion des espèces envahissantes sur le site pour préserver la végétation existante. Ce processus de restauration sera mené sur une période de plus de 10 ans.
Réaménagement et mise en valeur des bassins naturels et du four à chaux
Les lieux emblématiques de Roches Noires, Trou Diable et Bassin Laver, actuellement dans un état d’abandon, seront restaurés et nettoyés afin de les remettre en valeur. Le promoteur souhaite permettre au plus grand nombre d’y accéder à travers des sentiers réaménagés pour passer des moments de détente. Le four à chaux sera, lui aussi, restauré dans le souci de préserver ce patrimoine et lui redonner son lustre d’antan.
Une gestion efficace des déchets
La gestion efficace des déchets sera assurée en retirant les déchets solides abandonnés sur le site, en sécurisant la zone du projet avant et pendant le développement, et en réparant les murs rocheux endommagés. La mise en place un système de collecte et de recyclage des déchets encombrants.
Aménagements pour faire face aux défis climatiques
La préservation des wetlands et la création de bassins de rétention joueront un rôle clé dans la gestion des eaux pluviales lors de fortes pluies régulières, afin de réduire leur impact sur le site.
Minimiser l’impact sur l’environnement
PR Capital a entrepris une série d’études, en collaboration avec l’écologiste réunionnais Pierre Yves Fabulet de l’agence CYATHEA, afin de minimiser au maximum l’impact du projet sur l’environnement.
« D’emblée, il est important de souligner que ce projet ne touche ni au barachois, ni aux caves naturelles et ni aux wetlands. Nous nous sommes entourés d’experts pour nous épauler dans l’élaboration de notre masterplan, notre priorité étant de maintenir l’équilibre écologique et de ne pas chambouler la faune dans la région. D’ailleurs, grâce aux études réalisées sur le site, nous avons pu identifier d’autres wetlands qui n’étaient jusqu’ici non répertoriés à Maurice », explique Nicolas de Chalain, représentant de PR Capital (Mauritius) Limited, qui soutient que le projet ira au-delà de ce que préconise le Smart City Scheme.
Il soutient que « ce site abrite des espèces endémiques malheureusement en danger en raison de la présence d’espèces envahissantes et du comportement incivique de certaines personnes qui déposent leurs déchets ménagers et de constructions dans cette zone affectant ainsi les wetlands et le barachois naturel présents sur le site que notre projet respecte à travers une zone tampon de plus de 30 mètres » ajoute-t-il.
Une étude sociale a de plus été réalisée pour prendre en compte les attentes des villages avoisinants, tels que Plaine des Roches, Rivière du Rempart, Poste La Fayette et Bras d’Eau. Ses résultats sont considérés dans la mise en œuvre des opérations pour préserver le cachet local, favoriser une collaboration harmonieuse avec les villages voisins, promouvoir les commodités commerciales locales et adopter des pratiques écologiques et durables, entre autres. Les unités résidentielles et commerciales seront soumises à un cahier des charges rigoureux, incluant des constructions de faible à moyenne densité.
Propres ressources d’énergies
En effet, deux parcours de golf de 18 et de 9 trous seront conçus en tenant compte des recommandations éclairées d’architectes paysagistes, certifiés par GEO Foundation for Sustainable Golf, afin de protéger la végétation locale et de minimiser l’impact sur l’environnement. Une sélection judicieuse sera opérée quant au type de gazon nécessitant le moins d’eau et moins d’engrais pour l’entretien.
Au-delà de la préservation du cachet naturel, le projet générera ses propres ressources en matière d’énergie et d’eau, et offrira une connectivité de pointe. Compte tenu de la présence des wetlands et d’un barachois dans cette partie de l’île, le promoteur veillera que chaque unité résidentielle et commerciale soit équipée d’une mini-station de traitement d’eaux usées ; son utilisation servira principalement pour l’irrigation.
Le projet prévoit, qui plus est, la mise en place d’un système de gestion durable des eaux pluviales qui s’harmonise avec le paysage existant et l’écologie des zones humides pour atténuer, équilibrer et purifier les écoulements d’eau vers la mer.