Mardi dernier au Parlement, le Speaker, Sooroojdev Phokeer, annonce qu’il ne sera plus autorisé d’exhiber des photos privées à l’Assemblée. Celle de la chanteuse et ex-candidate du MMM Jasmine Toulouse posant aux côtés de Franklin, présumé trafiquant de drogue, brandie par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, le 28 mars dernier, avait soulevé la colère populaire. Pour Sandra Mayotte, députée (Savanne/Rivière-Noire) du gouvernement, cette décision est une claque à l’opposition. Dans l’entretien qu’elle accorde à Week-End, la députée du MSM, vivement critiquée pour son silence sur cette affaire de photo, explique pourquoi elle n’a pas soutenu Jasmine Toulouse. Et pour la première fois, elle répond publiquement aux nombreux artistes qu’elle s’est mise à dos. Sandra Mayotte concède que le « feel-good factor » n’est pas le mood du moment dans la société à cause de la drogue, mais défend la bonne volonté de son gouvernement pour endiguer le fléau. Et assure que Franklin n’est pas un protégé du pouvoir.
Pour commencer, avez-vous sollicité l’autorisation du Premier ministre avant de nous accorder cet entretien ?
Non ! Le Premier ministre ne nous a jamais imposé de restrictions ni exigé sa permission à propos d’interviews dans les médias. Nous avons le droit de nous exprimer, du moment que nous disons la vérité.
Mardi dernier, après la colère populaire et les élans de soutien à Jasmine Toulouse, le Speaker a annoncé qu’il est désormais interdit d’exposer des photos privées au Parlement. C’est une claque pour le Premier ministre, non ?
Ce n’est pas une claque au Premier ministre, mais surtout aux membres de l’opposition. Depuis quelque temps, brandir n’importe quoi est devenu une habitude chez ces derniers. Souvenez-vous pour l’affaire sniffing, ils sont arrivés au Parlement avec une pancarte sur laquelle était écrit « Trahison ». On peut tabler des documents, ce qui est acceptable. Mais ce jeu de photos devait cesser à un moment. Fort heureusement que le Speaker a annoncé cette interdiction.
Quelle a été votre réaction lorsque Pravind Jugnauth, pour répondre à l’opposition, a exhibé la photo de la chanteuse Jasmine Toulouse aux côtés de Franklin ?
Au moment où il y a eu cette action du Premier ministre au Parlement, j’étais plongée dans le discours sur le HIV and Aids Amendment Bill que je devais prononcer juste après. Comme on est habitué à ces défilés et compétitions de photos qui commençaient à devenir lassant, je ne prêtais pas attention, jusqu’au moment où j’ai entendu le nom de Jasmine Toulouse. Et en une fraction de seconde, j’ai été vraiment très surprise. Parce qu’en premier lieu, Jasmine Toulouse est une femme, une artiste, et deuxièmement, j’ai eu le sentiment qu’il se produisait quelque chose qui me dépassait. Toutefois, je rappelle que le Premier ministre l’a désignée ce jour-là comme une ancienne candidate du MMM, donc une femme politique. D’autre part, alors que beaucoup disaient qu’il y avait une photo de Franklin en ma compagnie qui circulait, ce qui n’est pas vrai, personne ne parlait de celle qui existait vraiment et qui était sur les réseaux sociaux depuis un mois. Je l’avais moi-même vue. Donc, quand la photo qui a été présentée à l’Assemblée a fait surface, j’ai eu le sentiment qu’une certaine vérité — pas par rapport à la personne — a été rétablie. C’est-à-dire que cette photo de Jasmine et de Franklin existait bel et bien. Soit dit en passant, il y a une photo montage de moi-même et de Franklin en train de faire du shopping qui fait actuellement le tour des réseaux sociaux (rires). On veut absolument qu’il y ait des photos de Sandra Mayotte et de Franklin. Je suis désolée, il n’y en a pas !
Est-ce que vous donnez raison au Premier ministre d’avoir brandi la photo de Jasmine Toulouse ?
Comme je l’ai dit, brandir des photos devenait récurrent et un peu lourd. Après le député Ehsan Jooman, c’était au tour du député Patrick Assirvaden de sortir une photo du Premier ministre, comme s’ils étaient en compétition pour attribuer à celui-ci des connexions pas très fréquentables. Personne n’aurait aimé qu’on brandisse sa photo au Parlement et je pense que le Premier ministre, lui aussi, il n’aime pas cela. On ne peut pas à chaque fois lui montrer sa photo et lui demander : « Qu’est-ce que vous avez à dire de cette photo ? » « Que pensez-vous de cette photo ? » « Là, vous êtes avec untel. » Je trouve qu’à la place on aurait pu utiliser ce temps pour faire autre chose et avancer dans les débats au Parlement. Ce n’est pas que je donne raison à Pravind Jugnauth, d’autant que la photo de Jasmine Toulouse aux côtés de Franklin ne veut rien dire ! Comme cette dernière ou encore Kobita Jugnauth, voire le Premier ministre lui-même, nous sommes des personnalités publiques et les gens aiment bien nous demander de poser à côté d’eux. Faudrait-il dorénavant demander un certificat de moralité à une personne qui nous demande un selfie ? Jasmine Toulouse a dit que sa photo avec Franklin date de plusieurs années, celle de Kobita Jugnauth avec Fransco, le frère de Franklin, lors d’une distribution de jouets par une ONG à La Balise Marina aussi. J’y étais ce jour-là, et évidemment, tout le monde, y compris Fransco, qui était le président du village, voulait prendre une photo en notre compagnie. Quand je vois les commentaires qui ont suivi sur les associations qui ont été faites entre Kobita Jugnauth et ce monsieur, je me dis que les prises de position des celles qui militent pour le respect des femmes sont sélectives. On prend position quand cela arrange. Il y a des prises de position pour des femmes, des artistes qui sont dans l’opposition, mais qu’en est-il des femmes qui sont dans le gouvernement ? Est-ce que nous sommes des punching-balls ? Qui prend position pour les femmes victimes de bullying en ligne ? Laissez-moi vous dire que les plus grandes victimes de bullying sur les réseaux sociaux sont les femmes au gouvernement ! La violence en ligne est tout aussi brutale que la violence physique. Et malheureusement, les principaux auteurs de cette violence en ligne sont des femmes. Je comprends ce que Jasmine Toulouse a pu ressentir. Je le subis tous les jours depuis deux ans et demi. Mais je ne me plains pas, parce que je dois me focaliser sur autre chose.
Puisque, selon vous, la fameuse photo ne veut rien dire, et que vous avez été, comme vous dites, très surprise, pourquoi n’avoir pas exprimé votre solidarité envers Jasmine Toulouse ?
On m’a reproché de n’avoir pas pris position, en tant qu’artiste. Je ne vois pas pourquoi j’aurais dû venir de l’avant pour défendre Jasmine Toulouse. Je ne peux pas être responsable d’un acte que je n’ai pas commis. Quand je suis traitée de tous les noms, lapidée sur les réseaux sociaux, est-ce qu’il y a quelqu’un qui prend position pour moi ? Je ne viens pas dire que bate rande pa fer dimal. Mais si je suis une artiste dans l’âme, au Parlement je suis une parlementaire au service du pays. J’ai été élue par l’électorat de la circonscription N°14 (Ndlr : Savanne/Rivière Noire) pour le représenter. Je me dois d’être la porte-parole de mon électorat. Je n’ai pas été élue par un électorat d’artistes. J’ai beaucoup de respect pour eux, mais je ne suis redevable envers qui que ce soit. Je suis reconnaissante envers ceux qui m’ont permis d’être ce que je suis dans le domaine artistique. Dans la mesure de mes possibilités, j’ai soutenu des artistes. Ils se reconnaîtront. Et je suis heureuse de pouvoir aider certains de diverses façons, entre autres administratives… Je dois aussi ajouter qu’on a trouvé le temps de faire un montage à partir d’une vidéo où la presse m’interrogeait après la démission de Yogida Sawmynaden en 2021. Ce montage photo me fait dire : Ki sann’la Jasmine Toulouse ? Et voilà que l’autre jour j’entends Aurore Perraud commenter cette photo avec hystérie. Elle aurait dû avoir effectué des recherches pour savoir que c’était un montage.
Vous vous êtes mise à dos la communauté des artistes. Vous en êtes consciente ?
Effectivement, je me suis mise à dos la communauté des artistes. Pourquoi ? Parce qu’une partie de cette communauté est aujourd’hui très politisée. Et ces artistes affichent leurs couleurs politiques ouvertement. Même si les idées divergent, je respecte leur choix et ils devraient en faire de même pour le mien. Je suis dans un gouvernement, j’ai un Premier ministre que je respecte. Il n’est peut-être pas leur Premier ministre, mais je pense que son statut mérite le respect. Quand le Premier ministre m’a offert un ticket pour les élections générales en 2019, je peux vous dire qui sont les artistes qui m’ont alors soutenue et je leur en suis reconnaissante. Je trouve dommage que ces mêmes artistes qui me critiquent aujourd’hui venaient autrefois me demander de les soutenir, de faire leur promo à la radio, de diffuser leurs clips… Je le faisais avec joie, et ce, même si cela relevait de mes fonctions. J’ai été parmi ceux qui ont le plus agi pour la promotion de la musique locale à Maurice. Je n’oublie pas les émissions comme Teens+ One dans laquelle les OSB ont fait leur première apparition à la télévision, j’avais reçu Kaya, Cassiya et tant d’autres… Je ne leur demande pas de me remercier, parce que c’était mon travail. Mais je n’ai jamais frappé à la porte de qui que ce soit pour demander de l’aide afin de me pousser au sommet. Mo’nn arive par mo-mem, avek sakrifis, sakrifis mo paran. Ce n’est pas parce que j’ai dit que je suis redevable envers mon électorat que j’ai gommé la communauté des artistes. Je resterai à jamais une artiste. Mais je suis triste de voir comment certains me considèrent, parce que je suis attachée à un parti auquel ils n’adhèrent pas. Si j’étais dans un parti qu’ils cautionnaient, lerla tou ti pou bon. I was a smart person, I’m still smart and I will always be a smart person.
C’est la première fois que vous faites ouvertement ce genre de déclaration à l’égard des artistes. Pourquoi ?
Après ce qui s’est passé la semaine dernière, on dirait que j’ai bon dos et que je dois porter le malheur de certains artistes tout au long de ma vie. Kan Sandra gagn kout ros, ki sann’la telefonn li pou exprim li so sinpati ? Kan Bruneau Laurette pe maltret mwa lor rezo sosio gramatin-tanto, ki sann’la defann mwa ? J’ai l’impression que, dès fois, le matin, ce monsieur-là ne se lève pas pour Dieu avant tout, mais pour moi ! Un jour il avait dit : « La nou pe donn twa enn warming up, biento nou pou fer twa dans sega. » Je n’ai jamais répondu à cette personne pour tout le mal qu’il a pu dire de moi.
Dans une déclaration à Week-End dimanche dernier, Jasmine Toulouse dit regretter votre silence alors qu’elle vous avait soutenue par un message après les critiques que vous avez essuyées sur le terrain, après les élections en 2019…
Ah bon ?! Les seuls échanges que nous avons eus après les résultats des élections étaient au moment où elle m’a demandé pourquoi je me mettais à l’écart. Je l’avais assurée que ce n’était pas le cas, mais que j’étais dans ma bulle, me concentrant sur les résultats. On s’est dit au revoir et chacune est partie de son côté. Mais je n’ai jamais reçu de texte de soutien d’elle. Vous savez, si j’étais journaliste, j’aurais été cherché le promoteur qui aurait résilié le contrat de Jasmine Toulouse. Je lui aurais demandé pourquoi il l’a fait, quand et où devrait avoir lieu ce concert… Si cette personne avait fait la promotion de ce concert sur les réseaux sociaux, elle aurait vu la photo concernée qui y était depuis au moins un mois.
Est-ce que vous mettez en doute la tenue de ce concert et le contrat annulé ?
Non, puisqu’elle le dit elle-même. Mais si j’étais à sa place, j’aurais pris des actions légales à l’égard de ce promoteur, car je trouve cela injuste ce qu’il a fait. Il s’est basé sur une photo qui date de plusieurs années pour résilier un contrat.
Malgré elle, Jasmine Toulouse a réussi à introduire un règlement…
Jasmine Toulouse a réussi à faire parler d’elle à nouveau.
Vous dites que les femmes du gouvernement sont victimes de cyberbullying, que vous, vous vous faites insulter. En tout cas, ce ne sont pas les hommes du gouvernement qui s’empressent de défendre leurs collègues féminines. Votre avis ?
C’est à eux de répondre à cette question. Mais la question est très pertinente. C’est une action que devraient prendre nos collègues masculins. C’est une réflexion à faire. Pour ce qui est de mon cas, ils ne réagissent pas parce que je ne m’en suis jamais plainte.
Le Premier ministre dit souvent qu’il est en faveur d’une femme à la tête du gouvernement. Pensez-vous qu’il serait prêt à présenter une femme à ce poste aux prochaines élections ?
C’est réellement son souhait de voir une femme à la tête du pays. Il le dit régulièrement, tout comme il dit qu’il veut aussi qu’il y ait plus de femmes au Parlement. Cette femme sera certainement une politique qui connaît l’ADN de ce pays par cœur, qui sera sensible aux attentes de la population… Mais d’abord, est-ce que le pays est prêt à accueillir une femme comme Première ministre ? Est-ce que les hommes au gouvernement ou dans l’opposition sont disposés à accepter une femme Première ministre ? Ce sont là des questions qu’il faut se poser si on veut se préparer à un changement en ce sens. Quoi qu’il en soit, il faudrait qu’un jour une femme devienne Première ministre du pays.
Quasiment tout le monde dans votre circonscription connaît Franklin et ses activités depuis des années. Pas vous ?
Je le réitère, je n’ai jamais dit que je ne connaissais pas ce monsieur. Je ne sais pas si c’est parce que celui-ci était tellement discret que je ne le voyais pas ! Je ne l’ai rencontré que deux fois et j’ai déjà dit qu’elles étaient les circonstances de ces rencontres, notamment pendant la campagne électorale de 2019 où il m’avait abordé dans ma circonscription après une de mes déclarations dans les médias, et bien plus tard, quand l’influenceur Mimi est sorti de la voiture dans laquelle il s’y trouvait pour venir à la rencontre des enfants avec qui j’étais. Je ne pouvais pas savoir qu’un jour cet homme serait projeté dans l’actualité à ce point. Il est aussi possible que je l’ai croisé, mais je n’ai pas porté attention à lui. Je ne connaissais même pas la maison qui a fait la une des journaux. Quand je suis sur le terrain et que je vais dans les CAB (Ndlr : Citizen Advice Bureaux), mo pa gagn letan pou al rod lakaz Franklin.
Avec l’ampleur qu’a prise la drogue partout dans le pays, on est bien loin d’un feel-good factor. Qu’en dites-vous ?
J’en suis consciente. Je suis consciente de l’existence de ce malaise, cette crise qu’il y a dans le pays à cause de la drogue. Récemment, et le Premier ministre en est au courant, les habitants de La Gaulette nous ont confié leurs craintes et nous disait que les cas de vol sont en hausse. Il en est de même dans tout le pays. D’autre part, on constate que les marchands de drogue sont de plus en plus jeunes, ils ne sont âgés que de 12-13 ans. J’espère qu’on arrivera à bout de tout cela. Je ne sais pas si ce sera possible, mais ce combat, le gouvernement ne pourra le mener seul. Mais avec tous les acteurs de la société, y compris la police. Il y va de l’avenir de nos enfants.
Mais il y a un enchaînement de scandales liés à la corruption, au pouvoir, à la police, et avec la drogue comme fil conducteur. Comment réagissez-vous ?
Ce que vous appelez scandales, alors il est vrai qu’il y en a. Mais en parallèle, il y a aussi ceux qui créent des scandales ! Aujourd’hui, le scandale survient dans toutes les circonstances, quelques exemples : Scandale autour du consent form pour la campagne de vaccination alors que les membres de l’opposition ont été les premiers à se faire vacciner. Scandale du MV Wakashio ! Qu’est-ce qu’on n’a pas entendu sur le naufrage du MV Wakashio ? Par la suite qu’est ce qui s’est passé ? Le gouvernement japonais a reconnu que le naufrage était une erreur de navigation ! Le tout récent scandale sur la carte biométrique ou un ministre aurait pris une commission de Rs 34M ? Harel Mallac est venu confirmer après une enquête indépendante qu’il n’y a jamais eu de commission ! Oui, il y a des scandales, parce qu’il y a des fournisseurs de scandales qui veulent en faire sur tout et rien dans le but de déstabiliser le gouvernement, de secouer le moral de la population ! Et pour le reste, en tant que gouvernement responsable, il est de notre devoir de gérer tout cela et de ramener la confiance dans l’opinion publique. D’ailleurs, dans un pays démocratique, il y a les instances de justice pour ceux qui sentent que leurs droits sont lésés. Ce n’est pas bon de créer une perception généralisée. Aucun gouvernement n’a eu à relever autant de défis dans un seul mandat pour préserver le tissu socio-économique à travers une politique de “quoi qu’il en coûte”. Le scandale c’est aussi ceux qui veulent créer l’anarchie et mener le pays à la révolte. Pour ce qui est de la drogue, la lutte est rude, mais nous devons arriver à appliquer toutes les recommandations de la commission d’enquête sur le trafic de drogues mise en place par le gouvernement. Nous ne sommes pas assez fiers de notre pays. Ce sont les étrangers qui nous envient. L’industrie touristique a redémarré, les investisseurs sont charmés par le potentiel qu’offre notre île en termes d’investissement. Nous avons enregistré plus de 25 milliards d’investissements étrangers. Maurice a été qualifiée de pays le plus heureux d’Afrique. Alors, soyons un peu plus patriotiques !
Comment avez-vous donc réagi quand le Cardinal Maurice Piat a fait état de ses larmes, de sa tristesse et de son inquiétude face à l’étendue de la corruption, des ingérences dans les institutions… ?
J’ai été touchée par la détresse du Cardinal Maurice Piat. Il a dit ce qu’il ressentait, ce qu’il avait sur le cœur. Il a exprimé ses appréhensions. Le Cardinal Maurice Piat a parlé au nom d’une société qui attendait, sans doute, ce message de lui. Et c’était sa façon à lui de tirer la sonnette d’alarme sur des sujets qui le préoccupent. J’ai aussi vu les réactions et les commentaires négatifs que ses paroles ont suscités. Néanmoins, je suis heureuse que très vite, il y a eu un dialogue qui s’est installé entre lui et le Premier ministre. Quand il est question du trafic de drogue et de la mafia qui le régit, le Premier ministre a la volonté de changer les choses.
Mais comment redonner la confiance à la population quand durant toute l’affaire Franklin, celui-ci semble avoir été un protégé du gouvernement ?
Protégé ? C’est une impression. Je ne suis pas d’accord de dire que le gouvernement est en train de protéger Franklin. Mardi dernier, on a entendu la déclaration du Premier ministre à propos de l’extradition de Franklin vers l’île de La Réunion. Il a été clair sur la période où le gouvernement mauricien a reçu cette demande et à la suite de cela l’exercice d’extradition a été enclenché, et nous attendons maintenant le verdict de la Cour. Étant donné les déclarations et les accusations de certains, cela peut donner l’impression que Franklin est protégé. On a tendance à spéculer. J’aurais préféré qu’on attende les développements, qu’on suive le cours des procédures et voie comment l’enquête de l’ICAC va évoluer dans cette affaire.
Serge Lebrasse nous a quittés cette semaine. Quels sont les mots que vous avez pour lui rendre hommage ?
Serge Lebrasse a marqué la mémoire du séga mauricien. Après Ti Frer, on peut aussi le qualifier comme roi du séga mauricien. Il a été un digne ambassadeur de notre musique partout à travers le monde, et je pense que c’est lui qui a donné ses lettres de noblesse au séga mauricien. Il a été le premier à porter le costume traditionnel très coloré du ségatier. Beaucoup de chanteurs lui ont emboîté le pas. On ne pourra pas oublier son fameux déhanché dont il nous gratifiait, même jusqu’à l’âge de 90 ans, avec une telle énergie et un beau sourire. J’ai eu la chance de le côtoyer sur scène, de chanter avec lui en duo ou comme choriste pendant les concerts Nostalgie. C’étaient des moments qui resteront à jamais gravés dans mon cœur. J’ai une pensée spéciale pour son épouse et ses enfants.