Les trois autres blessés, toujours hospitalisés, souffrent de blessures à la tête, de commotion cérébrale et de douleurs au dos
Certains passagers affirment avoir vécu « la peur de leur vie »
L’incident en vol pour cause de turbulences qui a eu lieu jeudi dernier à 0h42 (GMT) — 4h42 heure de Maurice — alors que l’Airbus A330 vol Condor qui reliait Frankfurt à Maurice volait à 39 000 pieds d’altitude et à la vitesse 879 km/h au-dessus de l’océan Indien au nord de Madagascar, aura finalement lourdement touché une hôtesse de l’air victime d’une fracture à la colonne vertébrale. Cette dernière a été transférée vers une clinique privée, mais il y a de vives inquiétudes qu’elle en gardera des séquelles à l’avenir vu la gravité du choc subi à l’intérieur de l’avion. Trois autres passagers encore hospitalisés à l’hôpital Nehru de Rose-Belle devraient sortir sous peu, alors que les 16 autres blessés sont déjà repartis chez eux ou dans les hôtels qu’ils avaient réservés.
Pour rappel, le vol Condor DE2314, qui transportait 285 personnes, dont 13 membres d’équipage, a subi de violentes secousses deux heures avant l’arrivée à Maurice, alors qu’il survolait les Comores. L’avion a atterri en toute sécurité à 6h29, heure locale jeudi, à l’aéroport SSR de Plaisance, alors qu’il avait décollé de Francfort la veille, mercredi à 16h10. Prévenues de l’incident, les autorités aéroportuaires mauriciennes ont dégagé la route pour ce vol Condor DE2314 afin qu’il puisse atterrir au plus vite, ce qui a été fait impeccablement.
Les neuf premières heures de vol se sont passées dans la normalité jusqu’à ce que l’avion se mette soudainement à bouger dans tous les sens, prenant par surprise l’équipage et les passagers. Pourtant, dès que les pilotes ont identifié les turbulences, ils ont immédiatement activé les signaux de bouclage de la ceinture de sécurité. Malheureusement, ceux qui probablement étaient assoupis à cette heure tardive de la nuit et d’autres qui se déplaçaient pour des raisons d’hygiène individuelle n’ont pas eu le temps de « buckle-up their seat belts » à temps.
Ils ont été pris par surprise, ballottés dans l’avion et certains d’entre eux en ont grandement souffert physiquement, surtout les hôtesses qui étaient encore en train de faire le service.
En règle générale, il est recommandé de garder sa ceinture de sécurité attachée pendant tout le vol en avion, car des turbulences peuvent survenir à tout moment, mais cette consigne n’est pas respectée parce qu’elle n’est pas obligatoire et qu’elle est considérée comme une contrainte.
Ces turbulences n’ont duré que quelques minutes et ont été vécues comme un long traumatisme par des passagers qui à leur arrivée à l’aéroport ont fait part de ce qu’ils ont qualifié « la peur de leur vie ». Après des premiers tremblements, pas plus impressionnants que ça, les choses ont empiré. Les passagers qui n’avaient pas bouclé leur ceinture ont été projetés en l’air. Des objets volaient dans la cabine. « On aurait dit que l’avion était en chute libre » ont raconté certains passagers après leur descente de l’avion.
L’Airbus A330-900 de Condor immatriculé D-ANRA, acquis en décembre 2022, s’est posé sans autre incident, mais parmi les 285 passagers, 20 personnes ont été blessées et certaines ont dû être hospitalisées. Elles ont rapidement été soumises à des examens médicaux et la plupart souffriraient de légères contusions ou des coups sans gravité, à l’exception d’une hôtesse de l’air atteinte à la colonne vertébrale et qui risque d’en garder de lourdes séquelles.
La compagnie Condor a confirmé l’incident et évoqué des dommages en cabine « qui doivent être évalués ». Des dommages ont été constatés dans la cabine de l’appareil, c’est pourquoi l’avion a dû faire l’objet d’un contrôle technique complet sur place et à ce sujet, Condor a étroitement collaboré avec les autorités compétentes. Pour le vol de retour de Maurice vers Francfort, un avion de remplacement a même dû être envoyé de Francfort.
Concernant l’avion incriminé dans l’incident, une enquête a été ouverte selon les normes internationales par le Département de l’Aviation Civile afin que cette dernière en informe l’Organisation de l’aviation civile internationale. Après une série d’examens jeudi et vendredi par les experts mauriciens et ceux dépêchés de l’étranger, l’avion a été déclaré flight safe, car s’il y a quelques dégâts internes, la structure a été jugée intacte. L’avion est donc reparti vers sa base à Francfort, où des travaux de cabine seront complétés avant qu’il ne reprenne ses activités normales.
Impliqué dans un incident le 12 décembre 2022 avant sa livraison à Condor
Ce même avion de Condor, le D-NRA 1966, avait percuté un bâtiment à Toulouse
Le A330neo du transporteur allemand Condor, dit flambant neuf, avait été endommagé dans les installations d’Airbus à Toulouse après être entré en collision avec un immeuble le 12 décembre 2020. Alors qu’il était remorqué dans les installations d’Airbus à Toulouse, le tout nouvel avion a percuté un bâtiment.
Selon un photographe local, du carburant a commencé à fuir après la collision, provoquant l’intervention immédiate des pompiers. Ce nouvel Airbus A330neo de Condor immatriculé D-ANRA MSN 1966 devait entrer en service le 18 décembre et le premier vol de l’avion devait être de Francfort en Allemagne vers Maurice mais a été reporté.
À la suite de cet incident, une porte-parole de Condor devait faire la déclaration suivante : « L’A330neo D-ANRA-MSN 1966 est toujours chez Airbus à Toulouse et n’a pas encore été remis à la compagnie puisqu’il a été endommagé au niveau de l’ailette lors d’une opération de routine de remorquage au sol à Toulouse. Les experts d’Airbus enquêtent actuellement sur les dommages afin de fournir une évaluation dès que possible »
À noter que cet avion n’a pas été construit en 2022, mais début 2020, commandé à l’origine par AirAsiaX et pas entièrement terminé (aucune phase de ligne de vol effectuée). Puis, il a été stocké deux ans au LFBO avant d’être reconditionné aux exigences de Condor en 2022.
Aucun crash à cause des turbulences
Si spectaculaires soient-elles, ces turbulences ont-elles fait courir un risque à l’avion ? Dans l’histoire de l’aviation, aucun crash n’a eu lieu à cause d’une turbulence, assurent plusieurs pilotes de ligne sur des sites spécialisés.
— Qu’est-ce qui cause les turbulences ?
Les turbulences sont causées par différentes situations météorologiques. Les causes les plus courantes sont les formations nuageuses (plus précisément : les nuages à développement vertical), les orages et les courants d’air dans les chaînes de montagnes ou les courants-jets. Le cisaillement du vent est un autre phénomène météorologique qui peut affecter le vol. Les turbulences en ciel clair sont aussi possibles car elles se créent lorsque l’avion traverse différentes masses d’air de différentes températures. Lorsque l’avion traverse une masse d’air chaude, qui est légère, l’avion a tendance à monter vers le haut. Quand il traverse une masse d’air froide, il redescend.
— Sont-ils dangereux ?
Il faut savoir que les turbulences ne constituent pas un gros problème en termes de sécurité aérienne. Cependant, comme c’est toujours le cas face à l’inconnu, il est normal que les passagers aient peur et souffrent même de vertiges. Nous ne devons pas craindre les turbulences, car les avions sont conçus pour résister aux turbulences les plus agressives. Les pilotes, en plus d’être parfaitement préparés à faire face à ces adversités, ont des astuces pour gérer les turbulences. La réduction de la vitesse et le changement d’altitude en font partie.
— Les pilotes peuvent-ils se faire surprendre ?
Précisons qu’il y a très peu de turbulences soudaines et inattendues. 95% des turbulences sont anticipées. Cela arrive un peu plus souvent sur des long-courriers, mais les services météo les prévoient généralement très bien…
Et les 5% restants ? Parfois, les masses d’air se déplacent plus ou moins rapidement. Sur les vols long-courriers, on aura avant le vol des prévisions assez précises sur les masses d’air, puis leur évolution sur 24 heures. Mais dans certaines zones, la masse d’air s’est déplacée plus vite que ce qui était estimé, parfois plus lentement, et c’est pourquoi certaines turbulences peuvent surprendre.
De façon générale, les pilotes sont en mesure de prévoir certaines zones de turbulences grâce aux outils mis à leur disposition (cartes, radars, etc.) et de les éviter. Toutefois, ils n’arrivent pas toujours à les contourner