Institutions : Quo vadis ?

Où vont les institutions du pays ? Telle est la question qui revient dans pratiquement toutes les conversations sérieuses, alors que pays s’apprête à célébrer la semaine prochaine le 55e anniversaire de son indépendance et le 31e de son accession au statut de République.
Il est un fait que si le pays a traversé tant bien que mal plus d’un demi-siècle d’indépendance, c’est en raison de la qualité de ses institutions et de sa Constitution. Elles ont fait leurs preuves en tant qu’épine dorsale du développement économique, démocratique, politique et social du pays. Il est vrai aussi qu’après 55 ans, la Constitution mérite d’être revue afin de consolider tous les éléments qui ont fait leurs preuves, et en y ajoutant des provisions qui correspondent aux besoins de notre temps, dont la protection de l’environnement. Ce qui demande une réflexion en profondeur, qui impliquerait toute la population et tiendrait en compte les avis des meilleurs experts locaux et internationaux.
Toutefois, il faut reconnaître que des signes troublants sont apparus sur le radar de tous ceux qui observent l’évolution des principales institutions à Maurice. Pas plus tard que la semaine dernière, le cardinal Maurice Piat tirait la sonnette d’alarme, en soulignant les dangers qui menacent nos institutions. Une de ces menaces vient de la drogue, « qui circule facilement dans le pays », avait-il dit. Ajoutant à l’intention de tous les biens pensants qui veulent l’écouter : « Elle affaiblit la jeunesse et la détruit, de même que les familles. Et pire, elle corrompt nos institutions et les affaiblit. L’attrait de l’argent facile fait un mal immense. Et c’est un problème national. Il faut trouver un chemin pour passer ! »
Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a, pour des raisons qui lui sont propres, lancé dimanche dernier un véritable pavé dans la mare en exprimant son inquiétude concernant l’influence de la mafia sur certaines personnes dans certaines institutions. « Je suis très inquiet lorsque je vois comment la mafia a de l’influence sur certaines personnes dans certaines autorités et dans certaines institutions. Nous verrons qui sont ceux qui ont la conviction politique pour mener le combat contre la mafia de la drogue et qui se mettent dans le camp de ces présumés criminels. » Cette remarque avait provoqué de vives réactions dans la population, et en particulier dans l’opposition.
Le Premier ministre est, de par ses responsabilités à la tête de l’État, la personne la plus renseignée sur ce qui se passe dans le pays. Qu’a-t-il fait pour empêcher l’infiltration de la mafia dans les institutions auxquelles il se réfère ? Quelles sont les personnes et les institutions qu’il a en tête ? La population ne lui demande pas de piéger ses adversaires politiques et d’attendre qu’ils tombent afin de leur faire accuser des complices trafiquants de drogue à la veille des prochaines élections, mais s’attend à des actions concrètes. Xavier-Luc Duval rappelait vendredi que sur les dizaines des trafiquants présumés arrêtés et les cargaisons de drogue saisies, estimées à des dizaines de milliards de roupies, seuls trois cas avaient abouti à des poursuites en cour. Ce n’est pas normal.
La crise institutionnelle a atteint son comble cette fois avec les attaques directes perpétrées par le commissaire de police contre le DPP, et dénoncées par l’ensemble de l’opposition parlementaire et extraparlementaire. Navin Ramgoolam, Paul Bérenger et Xavier-Luc Duval parlent d’une seule voix de l’Evil Precedent du commissaire de police, qui remet en cause un pilier majeur de l’État mauricien : la séparation des pouvoirs.
Huit dirigeants de LPM et du RM, qui participaient à leur première manifestation pacifique commune, ont été interpellés pour avoir manifesté contre le commissaire de police. Ce qu’ils contestent, estimant que leur manifestation était parfaitement légale. Quo Vadis ? Où vont nos institutions démocratiques et constitutionnelles ? Ce sera l’enjeu de la prochaine campagne en vue des prochaines élections générales, qui pointent à l’horizon.

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