Une semaine après avoir célébré la fête du Maha Shivaratree, c’est au tour de la communauté chrétienne d’entrer en carême, qui durera 40 jours jusqu’à la fête de Pâques, le 9 avril prochain. Cette fête sera alors célébrée alors que les Mauriciens de foi musulmane, eux, seront en période de ramadan, lequel devrait débuter le 22 mars. Tout cela pour dire la place importance qu’occupe la vie spirituelle dans la vie des Mauriciens en général.
Par conséquent, ce n’est pas un hasard si le cardinal Maurice Piat propose cette année pour thème de sa lettre pastorale “Marcher ensemble, c’est ouvrir un chemin d’espérance”.
Nous pouvons déduire de cette proposition de réflexion que l’espérance ne vient pas de l’enfermement dans sa propre communauté, sa propre religion ou dans une démarche identitaire pour faire une démonstration de force. Le cardinal nous invite à prendre conscience que par-delà notre communauté ou notre religion, ou notre opinion politique, et en tant qu’humain et patriote, nous avons une communauté de destin. C’est donc ensemble que nous pouvons avancer dans le chemin de l’espérance vers un avenir meilleur. De ce point de vue, le message du cardinal Piat ne s’adresse pas uniquement aux Chrétiens, mais à la population tout entière, car l’espérance est une valeur qui transcende toute la population.
L’espérance ne doit pas toutefois nous empêcher de voir la réalité en face. « Nous savons que le monde va mal », lance le cardinal. Il évoque la guerre en Ukraine, les séquelles de l’épidémie de Covid-19, les tensions entre la Chine et les États-Unis, sans parler de la crise écologique, la nature s’étant révoltée avec des inondations, des feux de forêts et des cyclones de plus en plus violents.
L’Église catholique aussi n’est pas exempte de crise et connaît également ses scandales et ses abus, sans compter qu’il y a un manque aigu de prêtres. À Maurice, certaines paroisses ne disposent d’ailleurs pas de curé à titre permanent. « Il y a de moins en moins de prêtres et les instituts qui envoyaient des missionnaires n’ont plus trop les moyens de le faire. Avec le Covid-19, il y a eu un ralentissement dans les activités pastorales, dont moins de fidèles dans les églises », constate le cardinal.
Il note que le pays n’échappe pas à ce climat morose. « Dans le pays aussi, les choses vont mal. » Il constate ainsi que s’il est vrai que l’industrie touristique a été relancée, d’autres sujets de préoccupation ont toutefois surgi. « Le coût de la vie augmente substantiellement avec une inflation galopante. Cette hausse pèse lourd sur la population. La menace d’un ralentissement économique pèse sur l’avenir. »
Plus grave encore : « La drogue circule facilement dans le pays. Elle affaiblit la jeunesse et la détruit, de même que les familles. Et pire, elle corrompt nos institutions et les affaiblit. L’attrait de l’argent facile fait un mal immense. Et c’est un problème national.
Il faut trouver un chemin pour passer. » Voilà qui invite tout un chacun à prendre ses responsabilités, chacun à son niveau, « en espérant qu’une action de réflexion soit lancée ensemble ». Chacun aura l’occasion de méditer sur ces réflexions dans les semaines à venir.
Toujours au chapitre des réflexions, un groupe de Mauriciens a lancé cette semaine un débat public autour d’une nouvelle Constitution. Il renoue ainsi avec une vieille tradition consistant à organiser des débats publics sur de grands thèmes concernant la société mauricienne. Ce débat est soutenu par le lancement d’un ouvrage, intitulé For a People’s Constitution, qui place l’actuel Constitution du pays dans son contexte historique et souligne le rôle joué par l’actuelle Constitution dans la stabilité de Maurice.
Les auteurs de l’ouvrage souhaitent provoquer une réflexion en profondeur dans la population dans l’espoir qu’elle débouche sur la constitution d’une Assemblée constitutionnelle et, éventuellement, l’élaboration d’une nouvelle Constitution républicaine pour le pays. Ce débat mérite d’être suivi avec attention, car il concerne en fin de compte la vie et l’avenir de chaque Mauricien.