I Colère et incompréhension dans l’entourage de la handisportive après ses cinq records d’Afrique, mais surtout cette deuxième place mondiale au 100m à la fin 2022
I En revanche, les autres handisportifs de haut niveau souffrant d’une déficience physique n’ont pas été sanctionnés au niveau de leurs allocations
A peine deux jours après son retour d’une tournée réussie en Australie, ponctuée, par deux records d’Afrique du 400m, que la handisportive Noemi Alphonse a pris du plomb dans l’aile ! En effet, celle qui ne cesse de crever l’écran sur piste et qui plus est, au marathon cette fois, s’est vu injustement imposée une insultante et choquante réduction financière de sa bourse de haut niveau par le High Level Sports Unit (HLSU) pour les mois de janvier à mars ! Alors même qu’elle est actuellement classée première mondiale au 100m (16”68) de la catégorie T54 fauteuil, après avoir clôturée 2022 en deuxième position (16”17) ! Au marathon (1h35”14), Noemi Alphonse occupe actuellement le sixième rang mondial ! En revanche, les autres handisportifs de haut niveau ont eux, vu leurs bourses être maintenues à la même hauteur.
Comment le HLSU a-t-il osé réduire la bourse de haut niveau de Noemi Alphonse de Rs 3 000 ? C’est la question qui dérange grave, voire qui révolte, en tenant compte du fait que la Mauricienne occupe actuellement la première place au 100m et la sixième au marathon du classement de l’International Paralympics Committee (IPC) ! Pourquoi donc avoir pris cette décision dénuée de sens en tenant compte du fait que certains de ses paires n’ont pas eu le même traitement !
Minima mondiaux pas atteint !
Selon les informations, le HLSU a estimé que, contrairement aux autres handisportifs, Noemi Alphonse n’a pas atteint ses objectifs ! “Assistance is reduced since the athlete has not achieved the World Level minima in her events since july 2022.” En somme, elle n’a pas réalisé les minima mondiaux, notamment aux World Games de novembre au Portugal où l’objectif déclaré de son entraîneur, Jean-Marie Bhugeerathee, était pourtant de décrocher une médaille sans pour autant penser aux performances.
Au final, Noemi Alphonse s’est offerte cinq médailles d’or (100m, 400m, 800m, 1 500m, 5 000m) ! Reste que, là encore, la question de participation et de niveau est évoquée ! Est-ce donc la faute de l’athlète et de son encadrement technique ? Tout simplement déplorable, en considérant que le judoka Rémi Feuillet avait aussi été grossièrement pénalisé pour pratiquement la même raison. Il avait obtenu Rs 50 000 de moins que les autres médaillés d’argent aux Jeux du Commonwealth de 2022 en Angleterre !
Dans ce contexte, la suppression de sa bourse de haut niveau devient questionnable. Elle suscite même colère et incompréhension parmi la classe handisportive. Dans son entourage, à savoir Magic Parasports Club, comme au sein du Mauritius Paralympics Committee (MPC), on a peine à expliquer cette décision qualifiée d’illogique du HLSU. Une ombrelle du ministère des Sports responsable de déterminer, sur une base trimestrielle, la bourse devant être attribuée aux athlètes de haut niveau.
Ce qui est encore révoltant, c’est que l’évaluation du HLSU intervient à la mi-2022, alors que la handisportive était sur une très belle lancée jusqu’au 18 juin ! A la clé, une troisième place pour le deuxième marathon important de sa carrière après celui de 2018 aux Jeux du Commonwealth, à Gold Coast en Australie. A l’époque, elle avait réalisé 2h11’59.
Quatre ans plus tard et avec à peine quatre mois de préparation, la Mauricienne a réalisé l’exploit de descendre sous les deux heures ! C’était le 18 juin au Grandma Marathon de Duluth à Minnesota, aux Etats Unis. Elle avait alors terminé troisième en 1h35”14 derrière les Américaines Jenna Fesemyer (1h33”50) et Susannah Scaroni (1h27”31), championne paralympique du 5000m à Tokyo ! Ce qui est quand même pas rien et qui la place à la sixième place mondiale. Malheureusement, pas pour certains au ministère des Sports !
Posture interpellant du HLSU
Il ne faut pas non plus oublier que Noemi Alphonse a battu trois records d’Afrique en mai dernier en Suisse, notamment au 5 000m, 200m et au 100m. Grâce à un chrono de 16”17 réalisé dans l’épreuve reine, elle avait occupé, jusqu’en décembre, la deuxième place du classement mondial avant qu’elle ne grimpe, cette année, en pôle position (16”68) ! Est-ce à dire que le HLSU n’a pas tenu en compte le classement de fin 2022 avant de la « sanctionner » ?
Récemment, soit le mois dernier, Noemi Alphonse a battu, par deux fois, le record d’Afrique au 400m, lors d’une tournée de trois semaines en Australie ! Après un chrono de 55”67 (ancien record: 55”99), Noemi Alphonse a amélioré, 24 heures plus tard, cette performance en 54”93 !
Dans ces conditions, qu’est que le HLSU reproche à une sportive de haut niveau qui, sur une année, a été régulière, tant au niveau chronométrique qu’au niveau des résultats ? Sans oublier que la Mauricienne est qualifiée dans cinq épreuves pour les Mondiaux de juillet à Paris en France et qu’elle est en quête d’une qualification aux Jeux paralympiques de 2024 à Paris toujours. Comment peut-on, alors la demander de demeurer concentrer sur ses objectifs face à une décision aussi contestée ? A ceux concernés de nous le dire en se remettant d’abord en question…derrière leurs bureaux !